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Critique : Ernest et Celestine
Présenté à Cannes puis ce vendredi 8 juin au Festival d’Annecy, Ernest et Célestine a été le fruit d’un long développement puisque Patar et Aubier m’en parlaient déjà en 2010 lors de la promo de Panique au Village.
Le film, adapté des livres pour enfants de Gabrielle Vincent, arrivera sur vos écrans le 12 décembre 2012 et sera face à un mastodonte : Le Hobbit de Peter Jackson, planifié pour la même date.
Mais que l’un ne vous empêche pas d’aller voir l’autre…
Ernest et Célestine – Sortie le 12 décembre 2012
Réalisé par Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubier
Avec Lambert Wilson, Dominique Maurin, Pauline Brunner
Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi
Ernest et Célestine est à l’origine une série de petits livres pour enfants écrits et illustrés par la Belge Gabrielle Vincent.
On y suit sur un ton destiné aux tout petits Ernest (un ours) et Célestine (une souris) dans des aventures très légères et marquées par le quotidien : à Noel, au musée, pendant l’été, etc…
C’était un peu trop juste pour être adapté en l’état au cinéma puisque rien n’a vraiment été imaginé par l’auteur d’origine. Didier Brunner, le producteur désireux de mettre en place l’adaptation avec l’accord des ayant-droits a donc fait appel pour écrire le scénario à l’excellent Daniel Pennac, qui livre ici une très jolie et très touchante histoire.
L’auteur de la saga Malaussène et de quelques livres pour enfants a donc créé un univers entier pour nous faire découvrir la rencontre entre Ernest et Célestine. Le film est en effet une « origin story » que le réalisateur Benjamin Renner vend comme étant un moyen d’accéder à l’univers de Gabrielle Vincent. Mais Pennac a écrit une histoire à plusieurs niveaux, à tel point qu’on peut aussi y voir une histoire destinée à ceux qui ont grandi avec les livres et sont maintenant de jeunes adultes.
Nous sommes en effet dans un univers de castes où les souris ont leurs villes bâties dans les égouts, sous celles peuplées d’ours. Et les deux univers ne s’apprécient guère comme le montre les contes racontés aux jeunes souris mettant en scène le fameux Grand Méchant Ours. Mais les deux mondes sont forcément connectés puisque les souris ont besoin de prendre les dents des ours sous leurs oreilles pour s’en servir. Ce sont en effet des rongeurs et leurs dents sont leur principal instrument de travail.
C’est ainsi que Célestine, petite souris orpheline et rêveuse d’un monde où les souris et les ours seraient amis, va faire la connaissance d’Ernest, ours un peu seul et cherchant désespérément des sucreries. Ils vont s’apprivoiser l’un l’autre et démarrer une belle histoire d’amitié dans un monde qui aura bien du mal à les accepter ensemble.
Vous l’aurez compris, à travers cette histoire toute mignonne, Pennac aborde tout un tas de thèmes contemporains et mettant en avant les différences. Ca ne parlera pas forcément aux plus jeunes spectateurs mais ça touchera au moins leurs parents.
Mais une bonne histoire ne suffit pas à faire un bon film. Il fallait également de bons réalisateurs. Le projet a été confié à Benjamin Renner (sans lien de parenté avec Jeremie), tout jeune dessinateur sorti de l’école qui a lui-même demandé à se faire épauler par des gens du métier. C’est pourquoi les producteurs ont fait appel à Patar et Aubier, réalisateurs de Panique au Village et de la série Pic Pic et André (qui a droit à un clin d’œil dans le film) non seulement pour leurs connaissances en matière d’animation mais aussi pour apporter leur touche d’humour belge parfois si décalé. Gabrielle Vincent, l’auteur des livres, étant Bruxelloise, la boucle est forcément bouclée. Renner, lui, apporte sa fraicheur, sa jeunesse et sa connaissance de l’animation japonaise puisque le film va lorgner à la fois vers Nos Voisins les Yamada et les premiers Miyazaki comme Le Chateau de Cagliostro.
Ensemble, ils livrent un très beau film, très soigneusement animé. Chaque décor semble avoir été fait à l’aquarelle et les dessins entièrement à la main, avec des traits très souvent inachevés. Si l’ordinateur a bel et bien été utilisé, on a vraiment l’impression de voir de l’animation la plus traditionnelle qui soit. Et on retiendra en particulier une très belle séquence marquant le passage de l’hivers au printemps.
Ernest et Célestine n’est plus seulement qu’une série de livres pour enfants. C’est aussi désormais un très beau film d’animation franco-belge, très soigné, destiné sans doute aux connaisseurs de l’œuvre de Gabrielle Vincent et à ceux qui ont envie de s’y plonger. Il est toujours agréable de voir que l’animation au cinéma n’est pas qu’américaine ou asiatique et ce film-là le prouve aisément.