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Sorti il y a trois ans, Dune de Denis Villeneuve était célébré comme l’un des grands films post-COVID. Un long métrage non sans défauts mais qui affichait clairement la vision d’un réalisateur. Et à l’heure des trop nombreux blockbusters tous sortis du même moule, on se réjouissait à l’époque de voir quelque chose de différent, de propre à son auteur. Et forcément on était curieux de la suite.
Nous sommes de retour sur Arrakis. Paul Atreide et sa mère ont rejoint le peuple des sables, les Fremen, après que les leurs se soient fait massacré par les terribles Harkonnen. Là-bas, ils jouent les rebelles et s’en prennent à ceux qui contrôlent désormais la planète et la production d’épice. Là-bas, aussi, Paul est vu par certains comme une messie, lui-même ayant du mal à accepter ce rôle, tout en voulant bien ses désormais proches à reconquérir la planète.
Cette fois, il n’y plus guère d’effet de surprise tant cette seconde partie s’inscrit dans la continuité directe du premier volet. Pendant 2h40, Denis Villeneuve va jongler avec l’envie de faire un anti-blockbuster et la nécessité, pourtant, de raconter son histoire. Il va donc développer certains aspects, comme le quotidien des Fremen ou la relation entre Paul et Chani, et continuer de balancer des concepts issus des pages de Frank Herbert en les simplifiant ou en ne les expliquant pas. Le résultat est un peu bizarre, certains choix narratifs auraient mérité d’être mieux équilibrés.
Villeneuve réutilise une technique qui ne lui a pas réussi par le passé : l’ellipse. Certes, on est loin de l’horrible ellipse injustifiée d’Arrival mais le réalisateur voulant aller à contre-courant des productions surexplicatives, il efface du récit certains moments qu’on aurait aimé voir à l’écran. Ca ne fonctionne que rarement, malheureusement. Dans le même esprit, certaines scènes auraient mérité plus de panache en terme de mise en scène.
Des défauts, certes, mais aussi des qualités. Tout le casting est impeccable et les nouveaux ajouts (dont un cameo vaguement secret) sont efficaces. Et le film est d’une beauté visuelle à couper le souffle. Le directeur de la photographie Greig Fraser (Rogue One) fait une nouvelle fois des miracles, s’amusant à expérimenter de très belles idées – dont la planète des Harkonnen pratiquement en noir et blanc et où les scènes ont été tournées à l’infrarouge. Encore pour cette fois, c’est un parti-pris mais un choix grandement apprécié.
Difficile de ne pas se prendre au jeu devant la beauté de ce qui nous est offert et malgré les défauts d’écriture. On se laisse prendre dans la tempête de sable comme devant du grand et du beau spectacle. Car même si Villeneuve cherche à aller à contre courant des modes actuelles, il finit par être rattrapé par des besoins narratifs, comme celle de conclure un récit avec un duel final absolument inévitable. Il cède même aux sirènes actuelles en plantant les graines d’une troisième partie (oui, les choix bizarres de Paul dans le dernier acte ne sont mus que par un troisième hypothétique film).
Par ici, on pense qu’il manque quelque chose à Dune 2 pour être un grand film. Quelques explications par-ci par-là, quelques séquences qui auraient être pu plus marquantes. Mais ne boudons pas pour autant notre plaisir, d’autant que le succès potentiel du film au box office pourrait conduire Denis Villeneuve vers un troisième volet, une partie de l’histoire d’Arrakis encore inconnue au cinéma.
Dune Deuxième Partie, de Denis Villeneuve – Sortie en salles le 28 février 2024