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Critique : Dark Waters
Deux ans après Le Musée des Merveilles, le réalisateur Todd Haynes revient derrière la caméra avec Dark Waters et Mark Ruffalo dans le rôle principal.
Prévu en salles pour le 26 février, le film est présenté ce mardi 4 février à Paris en présence du réalisateur et du comédien.
LA CRITIQUE
Tous les héros ne portent pas de cape. Mark Ruffalo, même s’il est bien connu pour son rôle au sein des Avengers, n’en porte pas. Militant, activiste, fondateur de Water Defense (aujourd’hui fermé) et participant à The Solutions Project, il s’est toujours impliqué pour l’environnement et en particulier dans l’accès à l’eau propre. Il faut savoir que Ruffalo a témoigné devant le Congrès à ce sujet, lui qui a habité au bord d’une rivière à l’eau considérée comme toxique. Rien de plus normal que de le voir à la production et dans le rôle principal de Dark Waters.
L’histoire de son personnage, l’avocat Robert Bilott, et du film de Todd Haynes est vraie. Elle commence il y a plus de dix ans quand un fermier de West Virginia, proche de sa grand mère, vient lui demander de l’aide. Ses vaches meurent et il pense que l’eau est toxique. A l’époque, Bilott faisait partie d’une firme d’avocats défendant de grandes « World Companies » dans l’esprit de la société DuPont, au coeur de l’histoire et produisant du Teflon. Bilott va vite retourner sa veste et, pendant des années, chercher à faire tout ce qu’il peut pour attaquer le pollueur et apporter son aide aux victimes.
Même si les sujets sont différents, Dark Waters s’inscrit dans la lignée de titres comme le récent La Voie de la Justice ou Spotlight. Il s’agit, ici aussi, de braquer les projecteurs sur une terrible histoire vraie. De fait, à l’instar des titres cités, vous y trouverez des acteurs très impliqués (Ruffalo est à fond) mais pas ou peu de mise en scène. Ici, tout repose sur la photo terne voire verdâtre d’ Edward Lachman, dont les couleurs se font plus vives au fur et à mesure que le temps passe. Todd Haynes reste plan-plan dans sa mise scène et se repose sur son monteur et sur Marcelo Zarvos à la musique pour donner du souffle à une histoire qui en manque cruellement. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par l’histoire, s’étalant sur de très nombreuses années. Les procédures sont longues, pas forcément simples à comprendre et la majeure partie des scènes se contentent de montrer des hommes en bras de chemise discutant dans des salles de réunion.
Alors Haynes tente le thriller avec quelques scènes plus relevées, où Mark Ruffalo devient parano face à une société de pollueurs sans vergogne. Il montre aussi une réalité où rien n’est simple, puisque malgré les polluants et les maladies une partie de la population va continuer à soutenir DuPont, premier fournisseur d’emploi de la région.
De là, à vous de voir si vous aimez ces films très procéduriers où tout repose sur l’intrigue, une intrigue qui a beaucoup à raconter à cause de sa temporalité et qui, de fait, ne prend pas assez le temps de tout développer.
A l’instar de Just Mercy, Dark Waters est un film important parce qu’il nous permet de nous plonger avec moultes détails dans une histoire aussi vraie que terrifiante. On pense forcément aux échos de d’autres histoires du même genre, notamment aux pesticides qui envahissent les cultures. Dark Waters n’a pour autant pas le rythme de Pentagon Papers ni un sujet aussi brulant que celui du film de Destin Daniel Cretton. Mais Haynes et Ruffalo ont suffisamment de talent pour qu’on n’en perde pas pour autant une goutte.
Dark Waters, de Todd Haynes – Sortie le 26 février 2020