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Critique : Danish Girl

Récompensé du Queer Lion à la Mostra de Venise en 2015, Danish Girl arrive sur nos écrans en pleine période de récompenses.

Nommé pour trois Golden Globes (à coté desquels il est finalement passé) et pour quatre Oscar (Meilleur Acteur, Meilleure Actrice dans un Second Rôle, Décors et Costumes), le nouveau film de Tom Hooper s’offre un casting à la mode : de l’inévitable Eddie Redmayne à la délicieuse Alicia Vikander en passant par Ben Whishaw, c’est toute une nouvelle génération de comédiens qui est venue tourner avec le réalisateur du Discours d’un Roi…

LA CRITIQUE

Que serait une saison des récompenses sans UN film de Tom Hooper ? Après avoir trusté les saisons 2011 et 2013 avec respectivement Le Discours d’un Roi et Les Misérables, le voilà de retour en compétition avec Danish Girl, l’histoire vraie de Lily Elbe, l’une des premières artistes transgenres de l’histoire, en faisant à nouveau équipe avec Eddie Redmayne et en accueillant la désormais incontournable Alicia Vikander. Le film sort en France en février, mais a déjà raflé un certain nombre de nominations, aux Golden Globes et aux Oscars. Reste à savoir si c’est mérité.

Dès son générique, on sent que la patte de Tom Hooper (plus ou moins appréciée selon votre sensibilité), certes présente, a été influencée par l’univers artistique dans lequel son film est plongé. En effet, dans les années 20, Einar Wegener est un peintre à la réputation de plus en plus flatteuse à Copenhague où il vit avec son épouse Gerda, peintre également. En voulant l’aider à terminer un tableau, Einar va réaliser qu’une partie de lui se sent plus femme que homme. Progressivement, de Copenhague en passant par Paris, il va entamer une transformation qui le fera passer d’Einar à Lili. Avec l’aide précieuse de sa femme, Lili va s’accomplir en tant que femme dans une société encore réticente et méfiante vis-à-vis des transgenres.

Avec une telle histoire, il était délicat de ne pas tomber dans les clichés propres à la représentation d’une personne transgenre au cinéma. Danish Girl a heureusement l’élégance de ne pas être maladroit sur ce sujet, même si on regrettera le fait d’avoir engagé un acteur cisgenre plutôt qu’un acteur transgenre alors que la représentation des acteurs/actrices de cette communauté est encore trop rare sur nos écrans. L’autre problème du film, étant que malgré tous ses efforts, la prestation d’Eddie Redmayne est plus crispante qu’autre chose. Juste dans son jeu une scène sur deux, il finit par agacer plus que susciter l’empathie pour son personnage pourtant magnifique. Il faut alors compter sur le talent d’Alicia Vikander, vraiment au-dessus de Redmayne, pour réellement apporter un peu de nuance et d’émotion à un biopic aussi classique que dénué de toute audace.

On a l’impression face à ce film de pouvoir cocher le « bingo des films présents aux cérémonies » : l’histoire vraie et poignante est bien là, la transformation physique de son acteur principal aussi, la musique d’Alexandre Desplat est superbe, son casting est globalement solide (en seconds rôles, Ben Whishaw et Matthias Schoenaerts s’en tirent correctement), ses décors et ses costumes d’époque sont irréprochables. Cela suffit-il en faire un film intéressant ? On aurait aimé pouvoir dire oui, mais à l’exception de quelques scènes qui sortent du lot, notamment cette rencontre muette entre Einar et une prostituée, Danish Girl reste prisonnier de toute émotion et se révèle désespérément terne. A force d’être pudique et de garder ses distances avec son personnage principal, notamment en privilégiant le point de vue de sa femme au détriment de celui de Lili, on finit par ne plus éprouver grand-chose pour ce couple néanmoins exemplaire et digne jusqu’au bout.

On sent pourtant que la dignité de Lili tient à cœur à Tom Hooper. Mais jamais il n’arrive à la filmer comme il le faudrait. Outre ses cadrages habituels et ses gros plans toujours aussi présents, sa mise en scène reste désespérément statique, n’osant rien du tout, enfermant encore plus Lili dans une fadeur que son personnage ne mérite pas.
Après une première heure pourtant convaincante, l’intérêt pour le film s’étiole progressivement et malgré une conclusion réussie, c’est surtout avec soulagement que l’on voit le générique de fin arriver. Un énorme gâchis pour une histoire humaine pourtant passionnante et qui est un bel appel à s’accepter comme on est, et non comme la société voudrait nous voir.

Danish Girl de Tom Hooper, en salles le 20 janvier 2016

 

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