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Quand en 1897 Edmond Rostand écrivit Cyrano de Bergerac, se doutait-il que sa pièce finirait adaptée en comédie musicale, avec un héros non plus marqué par son nez mais par sa petite taille ? C’est pourtant toute la proposition de Joe Wright avec Erica Schmidt au scénario. L’histoire, devenue légendaire, est tellement connue qu’il fallait bousculer un peu le classicisme pour la renouveler. Ce Cyrano cuvée 2022 y arrive plus ou moins.
L’histoire, vous la connaissez au moins dans les grandes lignes. A l’origine une pièce de théâtre romantique, Cyrano raconte comment une jeune femme, Roxanne, tombe amoureuse d’un soldat, Christian. Cyrano, proche de Roxane et fou amoureux d’elle, va prêter sa plume à Christian. Elle va donc aimer encore plus son soldat, grâce aux lettres qu’elle reçoit, sans se douter qu’elle en aime en réalité l’auteur.
Dans un habile mélange des genres, Joe Wright fait de sa version une fantaisie. Tournée en Italie alors que se déroulant en France, souvent anachronique, le film respecte autant que possible le texte original qu’il cite souvent pour mieux s’en éloigner quand il s’agit d’évoquer son héros. Cyrano étant un nain, porté par un Peter Dinklage impeccable, exit la tirade du nez remplacée par une chanson. De jolies compositions musicales vont parcourir le film, dans une ambiance « dansante mais pas trop », souvent sage et parfois surprenante, comme avec ce caméo du chanteur irlandais Glen Hansard (Once) qui vient prêter sa voix à celle d’un vieux soldat en route pour la guerre.
Joe Wright nous a habitué à des mises en scènes fouillées et originales. Ici, le metteur en scène est assez sage, trop parfois. Cherchant à rappeler le théâtre dans sa manière de filmer, il se laisse parfois aller en plan-séquence mais on regrettera un académisme qui aurait mérité d’être secoué. La fameuse scène du balcon, entre autre, aurait mérité mieux. Il n’est pas aidé par des acteurs peu inspirés (Kelvin Harrison en Christian, c’est vraiment compliqué). Cyrano est normalement une oeuvre qui nous emporte. On doit frémir des mots du héros, tomber amoureux de Roxanne et détester le Duc de Guise. Ici, on a l’impression que tout cela est plutôt survolé.
Pour autant, Wright est un bon conteur d’histoire. Aidé par la chouette musique des frères Dessner (The National), il livre un Cyrano honorable et éminemment regardable mais qui n’a ni l’originalité du film avec Steve Martin et encore moins le panache du film de Jean-Paul Rappeneau, définitivement toujours plusieurs crans au dessus des autres.
Cyrano, de Joe Wright – Sortie en salles le 30 mars 2022
3 commentaire
par Broack dincht
Du coup la tirade des nez est remplacée par la tirade des nains. Je me demande quelle va être la réaction à ce film en France…
par Marc
tu vas aller le voir ?
par broack dincht
je suis un peu curieux, mais probablement pas. Pas dans mes priorités actuelles