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Critique : Crazy Joe
Le Statham du semestre arrive. Le bougre sort tellement de longs métrages se ressemblant qu’on finit par tous les mélanger.
Crazy Joe a ceci de différent qu’il est réalisé par Steven Knight, scénariste des Promesses de l’Ombre de David Cronenberg, et que, à l’instar de Nicolas Cage, Statham se met aussi à changer de coupe de cheveux.
Dans celui-ci, il n’est pas question de porter un chapeau à Miami ni même de conduire un camion (c’était dans le film précédent, si vous suivez). L’histoire se passe à Londres et concerne un ancien soldat se refaisant une nouvelle vie. Jusqu’à ce que…
Tous les ans on a deux films de Jason Statham. Une grosse production plus ou moins bien, et une série B plus ou moins pourrie. L’année dernière on a eu le droit à Expendables 2 pour le blockbuster et Safe pour la daube. Cette année, si on préférerait voir un troisième Hyper Tension, le film important de Jason Statham était le plus mauvais des deux : Parker. Face à ça, on se retrouve avec Crazy Joe qui n’est pas si catastrophique. Explications.
Mettons les choses au clair (et ce sera probablement un argument suffisant pour aller voir le film) : le film s’ouvre et Jason Statham a des cheveux. Il joue un ancien Marine ayant déserté et vivant dans la rue. Avec des cheveux. La pègre du coin vient régulièrement racketter les clochards mais le monsieur (bien plus costaud que les deux gars), décide de ne pas se laisser faire et commence à les tabasser. S’ensuit alors une course poursuite sur les toits londoniens et Joe se retrouve dans un appartement, vide, d’un homme parti en vacances pendant 3 mois. Cet homme est visiblement très riche et fait la même taille que Statham. Notre protagoniste décide alors de retirer pleins d’argent, de mettre des beaux costards, de donner des sous aux pauvres et de tuer les méchants.

N’y allons pas par quatre chemins, le film est très con. Les situations rocambolesques font surtout rire (il arrive dans l’appart, trouve des fringues, le mec laisse sur son répondeur qu’il sera pas là pendant 3 mois -qui fait ça ? -, trouve une carte bleue avec un code…) et le traitement des personnages est vu une centaine, que dis-je, un millier de fois. On voit la fin venir à des milliards de kilomètres et le long métrage n’évite pas les pièges, pire, il saute dedans à deux pieds. Les personnages ne sont pas toujours très bien écrit (seul celui de Joe est un tant soi peu intéressant), notamment la bonne soeur. Le déroulement n’aide pas à l’intelligence de la chose. En effet, Joe devient visiblement le garde du corps du chef des Yakuzas et doit aller tuer pleins de gens. On ne vous en dira pas plus pour éviter tout spoiler évidemment mais sachez que vous rirez plus d’une fois. La réalisation est assez inexistante et aucun acteur ne tire son épingle du jeu.
Mais étrangement et contre toutes attentes, on ne s’ennuie pas. On a face à nous une série B plus ou moins assumée avec un Jason Statham qui castagne et finalement on n’en attendait pas plus. Alors oui, c’est vraiment très stupide (décidément) mais après tout pas beaucoup plus qu’un Transporteur. Statham fait le boulot, il tape, il fait des blagues, il balance des catchphrases à tout va, on ne lui en demandait pas moins. En revanche, un élément majeur vient plomber le long métrage alors qu’il aurait pu être encore mieux : la sous-intrigue/romance avec la bonne-soeur (vous lisez bien) n’a non seulement aucun intérêt, mais surtout n’implique pas une seule fois le spectateur. Pour faire simple : on s’en balance et ce n’est pas crédible une seule seconde.

Bref, pour résumer : Crazy Joe est le film parfait pour un dimanche après-midi, après une bonne gueule de bois : c’est rigolo, c’est con, y’a de la bagarre et on peut s’assoupir quelques minutes sans que ce soit bien grave.
Crazy Joe – Sortie le 10 juillet 2013
Réalisé par Steven Knight
Avec Jason Statham, Vicky McClure, David Bradley (II)
Ex-soldat des forces spéciales britanniques, Joey Jones se retrouve à la rue dans Londres après s’être enfui pour échapper à un procès en cour martiale. En s’introduisant par effraction dans un appartement inoccupé, il découvre de quoi recommencer une nouvelle vie.
Bientôt, il décroche un petit boulot dans un restaurant chinois. Plongeur, puis videur, il va peu à peu gravir les échelons pour devenir chauffeur et homme de main d’un ponte de la mafia chinoise. Sa volonté sans limite et sa force physique lui font rapidement gagner la confiance de ses employeurs qui l’ont surnommé « Crazy Joe ».
En voulant retrouver son ancienne petite amie, Joey découvre qu’elle a été assassinée. Il se jure de tout faire pour la venger. Commence alors pour lui une plongée infernale dans les pires bas-fonds de Londres…
5 commentaire
par thierry
Du moment qu’il a des cheveux…..
par stephane dimitri
Vous m’avez vachement donné envie de le voir.
(Au fait, j’ai adoré Parker. J-Lo était géniale dedans…)
par Okoff
Attention, les Yakuzas sont japonais, or il s’agit ici d’une mafia chinoise.
Mais rarement vu une daube pareille sinon…
Bien à vous,
Cdlt, Boris
par Ome3rta
Je ne suis peut-être pas très objectif, mais j’ai adoré Parker et Safe.
Si on les prends pour ce qu’ils sont, ce n’est pas du grand cinéma mais ça ne prétends jamais l’être. Et c’est très agréable sans qu’on s’ennuie une seconde, et c’est ce que je demande à un divertissement…
Ici, le rythme est un poil plus lent et montre les choses relativement différemment même s’il fait les mêmes choses, mais j’ai vraiment beaucoup aimé.
Si on veut parler de bouse de Jason, c’est Blitz qu’il faut citer, là c’est de l’intersidérale.
par Jux
Bonjour,
Merci de ce résumé assumé, mais juste quelques petites corrections car certaines erreurs ne respectent pas le film, bien que leur incohérence soit réelle et donc inutile à exagérer :
– Daemon (le propriétaire de l’appartement que récupère « Joey » est absent 10 mois pas 3. Cela rend plus credible la remise a niveau de Joe sur le plan physique (car il n’est pas vraiment plus costaud que le duo de malabars au début du film, il encaissé bien c’est tout et se fait péter 2 côtés quand même). Par contre, il est tout à fait vrai que de trouver une carte de crédit et le Pin associé dans le courrier en retard d’un mannequin parti déjà depuis un moment, qui ne surveille pas ses comptes et qui clame haut et fort son absence sur son répondeur est un peu fort. Mais bon, pour un gars qui affiche des postérieurs bien musclés sur tous les murs de son appart, il est possible que celui-ci soit un peu déconnecté de la réalité. On peut l’imaginer, difficilement, mais le cinéma est fait pour ça.
– Le personnage de la nonne n’est pas si mal traité que cela. Il est ici omis ses origines et son obligation de passer par la case couvent au vu de son passé. Ces éléments apportent bien plus de profondeur à son personnage qu’il n’y paraît. La mise en avant de la tentation autour d’elle est régulièrement amené (l’argent offert par Joe, Joe lui-même, l’exposition de penis, l’alcool…). Cela peut paraître lourd, mais à l’inverse c’est plutôt subtil et permet de mieux comprendre ce personnage, son attraction pour Joe et son implication. C’est subtil et il est vrai que lorsque l’on va regarder un « Statham » beaucoup eteigne la fonction subtilité de leur cerveau. Néanmoins, même si cela n’est pas du grand art, il convient de ne pas réduire à néant le travail de Knight qui est aléatoire, maladroit parfois certes, mais pas inexistant sur ces points.
– Joe ne tue quasiment pas dans le film, l’affirmation avancée n’est donc pas vraie.
– Statham nuance un peu plus son jeu que dans Expendables par exemple. C’est grossier mais on note l’effort (troubles post-traumatiques). Tout comme pour Blitz une volonté transparaît également dans l’insinuation fréquente à la tentation homosexuelle pour le personnage de Statham (les tableaux de l’apart, le rôle de petit ami mannequin de Daemon qu’il prend,…). Comme pour le personnage de la nonne, le jeu de la tentation est amené en corrélation avec le thème du film. Alors oui, on est pas face à Dicaprio non plus dans le jeu d’accord, les fils de la tentation sont gros, mais tout cela aurait pu être mis de côté. Ce n’est pas le cas.
-…
Au final, Crazy Joe mérite d’être regardé en soirée parce que cela reste un bon divertissement. Malgré l’évocation de nombreuses prénotions généralisées (ex: les pays de l’Est et le rapport entraîneur-entraîné en gymnastique) il permet de générer un peu de réflexion et de l’émotion. Statham est expressif par moment et il convient de le respecter, en tout cas plus que pour le personnage de la Nonne où là rien ou peu ne transparait (prénotions sur les pays de l’est encore ?). Dommage que l’évocation de Big Brother n’est pas été plus travaillé, c’était un point très intéressant malheureusement vite cassé par la facilité de Joe d’user de l’appartement et des moyens de Deamon. Mais quand on va au Cinéma n’est-ce pas pour rêver un peu. Notre société n’est-elle pas assez emprunte de prénotions, de préjugés, d’orientations démagogiques sociales qui font qu’on ne sait plus comment se parler de peur que la moindre blagues, le moindre compliment finissent sur les réseaux et devant les tribunaux. Oui, Crazy Joe c’est du Statham, ce n’est pas très subtil sans être tout de même dépourvu de toute subtilité… Mais ça permet de sortir le temps d’1h30 de ce monde où la pseudo-subtilité demago-experte dont on se sent toutes et tous investie à fini de rendre Crazy.
Bon film