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Critique : Crazy Amy

La distribution des comédies américaines en France, et celles de Judd Apatow en particulier, a toujours été un problème pour les studios hésitant à se mouiller.

Trainwreck est donc sorti en juillet dernier aux USA et a remporté plus de 100 millions de dollars au box office (pour un budget de 35). Retitré Crazy Amy (pour rappeler vaguement le personnage de Gone Girl ou pour surfer sur Crazy Night, on ne le saura vraiment jamais ?), le film débarque finalement en France le 18 novembre prochain après avoir été présenté ce samedi à Deauville.

 

LA CRITIQUE

En quatre réalisations, Judd Apatow a atteint le statut du roi de la comédie US, rien que ça, ouvrant les portes à toute une nouvelle génération de comiques, de Lena Dunham à Paul Feig ou Nicholas Stoller, mettant sur le devant de la scène des acteurs et actrices comme Kristen Wiig, Leslie Mann ou Jason Segel. Il est également producteur de beaucoup de choses (à commencer par la série Freaks & Geeks) et presque autant de scénarios signés. Avec un parcours sans faute, Apatow livre régulièrement des comédies intelligentes, loin de celles qu’on peut avoir mensuellement dans nos salles. Des comédies pas tout le temps comiques, mais aussi touchantes, parfois tristes et toujours vraies.

De l’autre côté on a Amy Schumer. Son nom ne vous dira sûrement rien et c’est normal, elle est totalement inconnue en France et forcément. Humoriste à succès dans le stand-up américain, elle a créé une série inédite chez nous. Crazy Amy est son premier premier rôle (elle a fait une petite apparition dans Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare). Poussée par Apatow, elle a écrit elle-même le scénario et c’est donc la première fois que ce dernier met en scène une histoire qui n’est pas de lui.

La monogamie n’est pas réaliste.
C’est sur ces mots que Trainwreck (et son titre débile en France : Crazy Amy) commence. On y suit Amy, une trentenaire qui n’arrive pas à se poser, qui enchaîne les coups d’un soir, où la stabilité d’un couple lui fait peur. Elle travaille dans un magazine et décide d’écrire un article sur Aaron Conners (Bill Hader), un médecin sportif de renom. Comme on s’en doute, ils vont finir ensemble et on va suivre cette histoire d’amour, entrecoupée par la famille (Brie Larson joue la soeur de Amy et est, comme à son habitude, éblouissante) et le travail. 
2015 nous a déjà offert son lot d’excellents personnages féminins, que ce soit Jupiter, Riley, Furiosa ou d’autres. Amy peut donc être ajoutée à la longue liste de femmes fortes et réussies de cette année, ce qui est assez rare pour être souligné, encore plus dans une comédie romantique. Et si chez Apatow, les personnages féminins ont toujours été intéressants, Amy Schumer semble être ce qui lui manquait pour tirer ses films et ses protagonistes encore plus vers le haut. Car si Trainwreck est une franche réussite, c’est grâce à son scénario et à son personnage principal.

Intelligent, c’est le premier mot qui nous vient à la sortie du film. Comme à son habitude, Schumer (sa série Inside Amy Schumer est un petit bijou d’humour) ne tourne pas autour du pot et attaque des sujets contemporains comme très peu ont pu le faire dans une comédie grand public. Sur la totalité du long métrage plane le mot que l’on entend à tord et à travers en ce moment, féminisme. Si le film ne l’est pas forcément, féminin en revanche, il l’est. C’est la première fois qu’Apatow livre une comédie aussi féminine et il est rare de voir une telle compréhension des femmes et des problèmes féminins (et humains) dans un film de cet acabit. De fait, il en ressort un film avec une fraîcheur comme on en demande régulièrement, surtout quand on voit ce qui se fait en face (si Adam Sandler nous lit) grâce à un scénario aussi drôle qu’ingénieux. Crazy Amy a également l’intelligence de se réapproprier tous les codes de la comédie romantique et d’en jouer avec brio. On comprend pourquoi Apatow a poussé Schumer à écrire et pourquoi il en a fait la mise en scène dont l’influence se ressent ici. Il a d’ailleurs opté pour une réalisation assez minimaliste, laissant vraiment place au récit. 
L’autre force du film et pas des moindres, est de mettre en scène monsieur et madame tout le monde. Amy Schumer n’est pas un canon de beauté comme on peut l’entendre actuellement et le voir dans les autres romcom, et Bill Hader a toujours eu un physique très particulier. Ca permet ainsi une meilleure identification aux personnages. Les seconds rôles ne sont pas en reste, Brie Larson est formidable et le monde entier va enfin découvrir l’immense talent de la géniale Vanessa Bayer (présente depuis cinq ans au SNL). Mais surtout, la vraie révélation est LeBron James, hilarant pour son premier rôle et semble aussi bien jouer la comédie que du basket.

Crazy Amy est un pur produit Apatow, bien au dessus des comédies romantiques actuelles, avec un humour fin et intelligent, des personnages attachants et le tout criant de vérité. Amy Schumer semble tirer le cinéaste vers le haut et s’est entouré d’un casting impeccable. En espérant que le public français suive, cette fois-ci, malgré une sortie française en parallèle à la sortie DVD aux US.

 

Crazy Amy – Sortie le 18 novembre 2015
Réalisé par Judd Apatow
Avec Amy Schumer, Bill Hader, Brie Larson
Depuis sa plus tendre enfance, le père d’Amy n’a eu de cesse de lui répéter qu’il n’est pas réaliste d’être monogame. Devenue journaliste, Amy vit selon ce crédo – appréciant sa vie de jeune femme libre et désinhibée loin des relations amoureuses, qu’elle considère étouffantes et ennuyeuses ; mais en réalité, elle s’est un peu enlisée dans la routine. Quand elle se retrouve à craquer pour le sujet de son nouvel article, un brillant et charmant médecin du sport nommé Aaron Conners, Amy commence à se demander si les autres adultes, y compris ce type qui semble vraiment l’apprécier, n’auraient pas quelque chose à lui apprendre.

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