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Critique : Cigognes et Compagnie
Parler de Cigognes et Compagnie avec le producteur du film Brad Lewis, c’est bien.
Mais vous parler de la première réalisation animée de Nick Stoller (Nos Pires Voisins) aidé d’un ancien de chez Pixar ayant fait ses armes sur Toy Story, Doug Sweetland, c’est encore mieux. D’autant que le film sort ce mercredi et aura à affronter les Trolls de Dreamworks dès la semaine prochaine.
LA CRITIQUE
Cette année, Warner était venu présenté à Annecy sa récente branche animation, WAG (Warner Animation Group). Fort d’un succès largement mérité avec l’incroyable Grande Aventure Lego, chef d’œuvre d’animation, d’invention, de rythme, de mise en scène et d’inventivité, ils remettent le couvert avec une histoire originale, en attendant de savoir l’année prochaine si Batman trouvera sa place dans l’univers des petites briques colorées.
Cette fois-ci, ils embauchent un réalisateur pour le moins atypique pour écrire et réaliser Cigognes et Compagnie : Nick Stoller. Ce britannique est un réalisateur ultra-trash dans des comédies hilarantes : Sans Sarah rien ne va, American Trip, 5 ans de réflexion et récemment Nos pires voisins 1 et 2. Difficile de voir comment un metteur en scène adepte des blagues scatos et au niveau de la ceinture (aussi hilarantes soient-elles) va se débrouiller sur un film pour jeune public, d’autant plus au vu du pitch de base.
Les cigognes ne livrent plus de bébés depuis très longtemps. Elles sont maintenant comme Amazon et livrent des colis. Une jeune fille, l’orpheline Tulip (seule humaine de la compagnie des Cigognes) actionne la machine qui fait des bébés par erreur, suite à une lettre reçue par un petit garçon délaissé par ses parents, bourreaux de travail. Junior, une cigogne devant prendre la tête de l’entreprise, doit donc l’aider à transporter le bébé en cachette. Ils croiseront sur leur route une ribambelle de personnages, notamment des pingouins et des loups.
Ne passons pas par quatre chemins : le postulat de base est ultra-convenu. La fin se devine aisément dès la bande-annonce, et si vous ne l’avez pas vue, dès les premières minutes du long métrage. Parcours initiatique classique, sur son développement, le long métrage ne présente réellement aucune surprise. Néanmoins, ce n’est pas l’histoire qui importe mais plutôt la façon dont elle est racontée. Il respire à travers Cigognes et Compagnie de l’amour totale pour l’animation et particulièrement la période Tex Avery ou encore Looney Toons.
A l’image de Lego, on est ici devant une véritable lettre d’amour à l’animation d’antan, car c’est bien un cartoon que nous avons face à nous. Les gags visuels font mouches, les courses poursuites façon Bip-Bip et Coyote sont à pleurer de rire (les loups !). On sent réellement que les réalisateurs (dont Doug Sweetland, ancien de chez Pixar, excusez de peu) se font plaisir et nous font plaisir.
En plus de ce fourmillement visuel hilarant de superbes scènes (la fin vous arrachera quelques larmes, sinon vous êtes sans-cœur), Cigognes et Compagnie offre aussi une galerie de personnages hauts en couleur : la jeune adulte en quête de sa personnalité, la jeune cigogne voulant devenir chef, le chef un peu taré, un pigeon rêvant de devenir une cigogne, un petit garçon extrêmement touchant nous offrant une belle scène d’infiltration en mode ninja.
Le long métrage, malgré son hommage appuyé à l’âge d’or de l’animation, offre un regard très intéressant et réaliste sur la société actuelle. Au delà de la société de surconsommation ambiante et du télétravail pouvant parfois empiéter sur la vie personnelle, c’est aussi sûrement le seul film d’animation grand public mettant en scène toutes les familles (monoparentales et homosexuelles), même si cela ne dure que quelques secondes. Les bien-pensants risquent de criser dans la séquence finale.
A pleurer de rire, visuellement époustouflant (on est sur du Pixar au niveau des textures), Warner Group Animation se pose en 2 films seulement comme un sacré concurrent à Pixar et Dreamworks. Inventif et touchant, Cigognes et Compagnie est une véritable réussite, mais à voir de préférence en VO : Andy Samberg est sûrement plus drôle que Florent Peyre.
Cigognes et Compagnie, de Nick Stoller et Doug Sweetland – En salles le 12 octobre 2016