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Critique : Chico & Rita
On vous parle beaucoup d’animation sur CloneWeb parce que l’équipe aime ça. On vous parle surtout de Disney, de Pixar ou de Dreamworks parce que ce sont les principales productions sortant en salles.
Mais quand on a l’occasion de voir autre chose, on ne va pas s’en priver. Ca tombe bien puisque Chico & Rita arrive le 6 juillet prochain dans les salles, film d’animation espagnol ayant remporté quelques prix dont un Goya en 2011 ainsi que le Prix de la Fnac au dernier Festival d’Annecy.
Critique animée.
Chico & Rita – Sortie le 6 juillet 2011
Réalisé par Fernando Trueba, Javier Mariscal
Avec les voix de Bebo Valdés, Idania Valdés, Estrella Morente
Cuba, 1948. Chico, jeune pianiste talentueux, écoute les derniers airs de jazz venus d’Amérique, en rêvant de s’y faire un nom. De son côté, la belle et sauvage Rita essaie de gagner sa vie en chantant dans les clubs et les bals populaires, où sa voix captive toute l’assistance. Des bordels de la Havane à New York, en passant par Hollywood, Paris et Las Vegas, la musique et ses rythmes latinos vont les entraîner dans une histoire d’amour passionnée, à la poursuite de leurs rêves et de leur destinée.
Tout comme dans le cinéma traditionnel, le domaine de l’animation comporte ses grands studios qui rythment les années de leurs longs métrages, avec Pixar & Dreamworks par exemple.
On y trouve aussi les productions françaises et étrangères dans une optique que l’on qualifiera plus d’indépendante, les films sortant dans ses contrées ayant souvent été le produit d’une équipe beaucoup plus restreinte mais tout autant passionnée. Ces films que l’on attend pas forcément sont disponibles sous toutes les formes, allant de l’animation en image de synthèse (The Prodigies) à l’image par image (Mary & Max) en passant par du dessin plus classique, comme ce Chico & Rita espagnol, auréolé du Goya de meilleur film d’animation lors de la dernière cérémonie. L’occasion pour nous de replonger en 1948 à Cuba pour vivre l’âge d’or du jazz…
Un âge d’or que la musique partagera aussi avec le cinéma, les années 40-50 représentant l’apogée du mélodrame Hollywoodien, à l’instar du mythique Casablanca. Un détail tout sauf anodin puisque le destin des personnages que nous suivons dans Chico & Rita semble tout droit tiré d’un mélodrame hollywoodien, les destins croisés sans cesse de ces deux protagonistes donnant des allures de romance à haute teneur en émotion. Un parcours et un déroulement de l’intrigue qui s’avèrent d’ailleurs à l’image de l’époque à laquelle ils font référence, à savoir classique.
Un adjectif qui trouve sa place tant on retrouve les défauts et les qualités qui vont avec ce type d’histoire, le chassé-croisé de ces amoureux étant déjà vu et pour le moins prévisible sans pour autant se révéler pénible puisque le tout possède un certain charme grâce au charisme de ses personnages et à l’atmosphère délicieusement jazzy qui porte véritablement tout le film.
Certes, la rythme est loin d’être parfait et l’heure et demi de film peut se révéler assez longuette par moment, mais le cœur de cette alliance s’avère être la musique, et celle-ci est bien mise en valeur tout du long, pour nos oreilles du moins.

Un sujet comme celui de Chico & Rita ne nécessite pas forcément un traitement en animation au premier coup d’œil et pouvait parfaitement passer en film, malgré un budget certain pour la reconstitution de l’époque. Le vrai bémol, c’est que l’on a vite tendance à questionner la réelle utilité de cette animation, pour quelques raisons bien précises. Certes, le tout possède une patte visuelle bien présente et on n’ira pas remettre en question l’identité certaine de la chose, par ailleurs loin d’être déplaisante. Mais si celle-ci sert une histoire qui serait parfaitement passée en tournage réelle, elle se permet en plus de faire un pas de travers concernant l’animation à proprement parler.
Le Jazz est une musique entraînante ou posée, et notamment appréciée pour la dextérité certaine qu’elle requiert chez les musiciens qui la pratique, tout particulièrement en ce qui concerne les instruments à corde comme la contrebasse. Hors cette agilité du doigté, cette précision du toucher et cette aisance à manier les instruments impose d’elle-même une fluidité dans le mouvement, fluidité que l’on ne retrouve pas ici puisque le côté légèrement saccadé du traitement visuel se retrouve en contraste total avec la réalité. Ce ne serait pas un problème si le film n’avait pas comme thème de fond la musique jazz mais il se trouve que c’est le cas et que les nombreuses scènes montrant des musiciens en pleine démonstration de leur talent ne rendent en aucun cas justice à ces messieurs, tandis que le gouffre s’agrandit au fur et à mesure que l’on perçoit la différence entre le jeu presque brouillon que l’on peut voir à l’écran, et la dynamique des sonorités arrivant à nos tympans. Il en est de même lors des danses de certaines personnages, comme lorsque Rita tourne à l’infini en faisant décoller sa robe dans ce qui doit être un moment de grâce sacrifié sur l’autel d’une rigidité parasite.
Un souci qui va être présent durant chaque séquence de ce type et qui ne parviendra jamais à se faire oublier le reste du temps même si encore une fois l’esthétisme du film fonctionne sur des passages plus simples.

Si Chico & Rita peut vous emballer par son atmosphère musicale et tout ce qu’elle comporte, son emballage ne lui rend jamais hommage et se révèle pesant tandis que l’histoire en elle-même est assez conventionnelle et n’est jamais transcendée par son sujet. Un film ayant un certain charme donc, mais un charme qui s’avère trop vite limité, ce qui est bien dommage quand on sait combien le jazz est une musique divine.