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Critique : C’est Qui Cette Fille ?

Avant de plonger la tête la première dans les probables cadeaux que va nous offrir le Comic Con de San Diego, changeons donc radicalement de sujet.

« C’est qui cette fille ? » est une co-production franco-américaine réalisée par Nathan Silver, metteur en scène originaire de Brooklyn et bien ancré dans le circuit indé. Il y est beaucoup question d’amour mais aussi de Paris…

LA CRITIQUE

Film vu avec comme partenaire de salle, ma maman. Côte à côte, sièges adjacents, nous sommes arrivées en retard. Le film démarrait tout juste. Il commence et nous échangeons un premier regard, nous aimons bien l’ambiance. Y règne le même esprit que dans celui des contes, un côté un peu las, un peu enchanté, les couleurs sont blanches, la voix off douce comme celle de ma fameuse voisine lorsqu’elle me racontait des histoires…

Nous faisons connaissance avec Gina (Lindsay Burge), charmante hôtesse de l’air qui essuie, tant bien que mal, le suicide de son fiancé. Il était son grand amour, celui de sa vie, mais ici pas de heureux pour toujours, il se pend dans le salon. Elle enchaîne les heures de vol, mais bien entourée, notre héroïne aux yeux tristes peut compter sur ses deux adjuvantes : lors d’une escale à Paris, les deux copines, elles aussi hôtesses, paient une voyante. Elle devra dire à Gina que bientôt, elle rencontrera un homme et qu’ils vivront une très belle histoire d’amour. Elle reprend espoir et rencontre quelques minutes plus tard, dans un bar à strip-tease, Jérôme (Damien Bonnard). Un barman à moustache et grands mots sous fond de champagne et cocaïne. La classe à la française. Ils passent la nuit ensemble. Nous mettons sur le compte de la « déformation professionnelle » les multiples attentions de Gina à l’égard de Jérôme. Quant à lui, il est parfaitement impassible, un peu gêné, satisfait du caractère éphémère apporté par les coups d’un soir. Seulement, Gina revient un autre soir, puis encore un avant de décider de s’installer à Paris, avec lui. Du moins, près de lui : elle s’installe dans un appartement dont la vue donne sur le sien. Elle peut alors l’observer autant que sa guise le voudra. Déjà que nous trouvions cet emballement, ce déménagement bien rapide, voici que l’hôtesse cesse ses activités, démissionne, pour devenir serveuse dans le bar de notre moustachu, qui, lui, devient, – fait troublant – assez charmant. Elle, par contre, vire carrément flippante. Elle le harcèle, le suit, veut le posséder pour elle, tout entier. Son visage nous paraissait mélancolique, il nous inspire méfiance et folie – voire maladie. Comportement obsessionnel, auquel Jérôme réagit par la non-action, il refuse gentiment les avances, tout concentré qu’il est sur sa relation avec Clémence – pas moi, Esther Garrel (sublime, géniale, grande, elle donne à son personnage une profondeur inattendue dans le conte) – Elle est une chanteuse qui revient d’une longue tournée, elle est sa grande histoire d’amour à lui.

Alors, jusqu’où ira cette histoire terrible, tragique ou bien dramatique ? La mort d’un homme, d’une femme, d’un amour, de l’amour ? La perversion poussée à son maximum, mais toutes en nuances et tendance à l’apitoiement – car c’est vrai qu’elle fait un peu de la peine, Gina, quand bien même elle reste sacrément inquiétante.

Notre premier réflexe, une fois le film terminé fut de nous regarder, un peu désarçonnées et de nous sourire, nous préférons rester un peu dans le film, en sortant de la salle, toujours pas un mot, quelques pas dehors et la sentence est tombée : « ça ne donne pas envie de draguer juste pour un soir » – outre le caractère profondément choquant de ces mots dans les bouches de celle dont je suis la chair et le sang, – que diable, maman, n’y songe pas, reste avec papa, je ne me vois pas fille de divorcés – outre, donc, ces premières pensées, je remarquai, effarée, que j’avais pensé la même chose. Effectivement, ce film nous laisse avec un arrière goût de « ne flirtons plus, on ne sait pas sur qui nous pouvons tomber » et puis « quelle horreur d’être empêtrée dans les filets d’une personne souffrant de troubles si troublants. » Revendiquant la liberté totale de soi, son corps et de que faire de ses nuits, je décidai de cesser ce débat avant qu’il ne dérape et ne tourne au vinaigre conservateur.

Nous gardons un bon souvenir du film, malgré la gêne causée par la vision de scènes dites explicitement sexuelles. Nous sommes toutes deux subjuguées par toutes les jeunes actrices : Lola Bessis, charmante et attachante strip-teaseuse, apparitions marrantes d’Alice de Lencquesaing (marrantes, drôle d’adjectif pour dire : elle arrive et parle de manière très sérieuse de sujets qui à moi, à nous, ne nous semblaient pas si sérieux – vous comprendrez devant le film) et incroyable Esther Garrel.

Un film à ne pas voir avant d’aller dans ces soirées où nous buvons bien plus que la raison nous l’imposerait si justement, elle n’était pas un peu anesthésiée par les affres que l’alcool nous impose. (Comprenons : allons voir ce film en matinée, puis sortons, jouons, amusons-nous, et ce film est très chouette.)

C’est Qui Cette Fille ? de Nathan Silver – Sortie le 25 juillet 2018

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