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Critique : Café Society

Nous sommes à Cannes ! Ou plutôt Alexis est à Cannes pour enchainer les films et il commence fort, puisqu’à peine arrivé sur la Croisette, il a pu voir le nouveau Woody Allen, montré en ouverture.

Peut-être d’ailleurs étiez-vous vous même ce mercredi dans une salle de cinéma pour voir l’étrange cérémonie d’ouverture suivie du film porté par Kristen Stewart et Blake Lively, entre autres…

LA CRITIQUE

Invité récurrent de l’événement, Woody Allen ouvre cette année le 69e Festival de Cannes avec son dernier Café Society. Le cinéaste octogénaire poursuit sa balade à remonter le temps après Magic in the Moonlight et L’Homme irrationnel (tous deux présentés précédemment à Cannes). Cette fois, il nous emmène dans les années 1930 et le fameux Âge d’or du cinéma hollywoodien, décidemment sujet à la mode en ce moment après l’Avé César des frères Coen ou le biopic Dalton Trumbo. Il s’entoure de certains visages que l’on avait pu oublier dans la dense filmographie. Steve Carell qu’il retrouve depuis Melinda et Melinda, Jesse Eisenberg depuis To Rome with Love ou encore Parker Posey avec L’Homme irrationnel. Il donne néanmoins leur chance de se démarquer enfin devant sa caméra à la splendide Blake Lively et surtout à Kristen Stewart, au cœur d’un épineux triangle amoureux.

Certes, Woody Allen reste dans sa thématique de prédilection, à savoir, la décortication des paradoxes de la bourgeoisie (quelle que soit son époque). Les problèmes que traversaient la Blue Jasmine d’aujourd’hui ressemblent trait pour trait à ceux de cette Café Society, cette caste autoproclamée qui aime briller sous les projecteurs et les flashs des photographes et se réunir dans les rendez-vous mondains et lieux huppés des grandes villes. Rien de bien nouveau chez l’ami Woody, me direz-vous ?

Eh bien, non. Tout du moins, en apparence, comme à son habitude. Allen se projette littéralement à travers le personnage incarné par un Jesse Eisenberg délaissant son cabotinage habituel. Bobby s’insert dans ce petit monde superficiel où tout le monde se connaît et fait mine de s’apprécier la plupart du temps, alors qu’il n’a aucune manière de vie pour s’inclure naturellement dans cet entre soi. Il préfère les choses simples, loin de la vanité et la gloriole dont se gargarisent les gens comme son oncle, agent des stars de cinéma, que tient à merveille Steve Carell. Forcément, il tombera amoureux d’une fille simple comme lui, qui ne fait pas dans l’esbroufe, mais qui se retrouvera piégée entre l’amour de deux hommes bien différents et qui l’aiment tout autant l’un que l’autre.

Après les sublimes photographies de Darius Kondji, Vittorio Storaro offre un travail de la lumière absolument sublime. Les teintes dorées et légèrement sépia évitent l’écueil du film suranné. À côté, la mise en scène reste très très simple et minimaliste dans ses effets. Allen permet à ses comédiens de grandes latitudes dans leur interprétation et cette confiance transparait à l’écran. Contrairement à la plus récente Emma Stone, nous ne tombons pas amoureux de la seule personne de Kristen Stewart. Nous tombons amoureux d’un couple. Celui qu’elle doit, forme, est censée former avec le jeune Bobby, lui qui est transit de cette fille distante, dont l’attitude et l’attention présente portant toujours vers le lointain, un ailleurs, tiraillée entre deux choix de cœur.

Rien ne se passera comme prévu, forcément. La candeur du jeune héros est assez savoureuse avec tout un jeu de non-dits sur les liens amoureux que chacun entretien. Café Society n’est pas l’un des grands films de Woody Allen. On ne peut pas sortir des chefs d’œuvres à chaque fois et après autant de long-métrages accomplis. C’est un monde un peu idéalisé, une époque révolue de l’Amérique vue par un prisme nostalgique que l’on a pu voir chez Martin Scorsese notamment. Certaines séquences nous rappellent son cinéma : celles de gangsters avec le frère louche de Bobby ou d’introduction de nouveaux protagonistes par la voix de Allen lui-même qui fait le narrateur. Il dissémine également pleins de ses personnages que l’on aime chez lui. Ceux, un brin fantasques et clichés, qui ont toujours les échanges les plus drôles du film.

Un bon moment se passe devant Café Society. L’indémodable bande originale nous plonge d’autant mieux dans une atmosphère jazzy suave et agréable et nous aide à passer une baisse de rythme à l’heure de film. Un long-métrage joli donc, vain en apparence comme son sujet, mais qui nous laisse au final, sans que l’on s’y attende et sans non plus nous surprendre, sur cette belle note, fugace et douce-amère, d’un amour manqué.

Café Society, de Woody Allen – Sortie le 11 mai 2016

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