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Critique : Benedetta

Après Annette, l’autre film présenté au Festival de Cannes et sortant en même temps dans les salles est Benedetta. Ou le retour de Paul Verhoeven.

LA CRITIQUE

Celui qu’on surnomme le Hollandais Violent a commencé sa carrière aux Pays-Bas pour ensuite tenter sa chance aux USA. Et y mettre en scènes des films aussi marquants que Basic Instinct, Robocop, Total Recall ou encore Starship Troopers. De retour en Hollande au début des années 2000, il y tourne l’un de ses meilleurs films (Black Book, avec Carice Van Houten). En 2016, après une période de creux, il débarque en France avec Elle et Isabelle Huppert dans le rôle principal. De quoi lui valoir entre autres un César du Meilleur Film et la possibilité de rebondir, avec Benedetta.

Adapté du bouquin de l’historienne Judith C. Brown « Immodest Acts », lui-même compilant des textes historiques, les archives du procès, le film raconte l’histoire de Benedetta Carlini, une nonne d’un village italien au 17e siècle. La jeune femme dit avoir vu des apparitions de Jésus, au point de s’être retrouvée de façon miraculeuse avec les mêmes stigmates que lui sur la croix. Mais Benedetta fera aussi parler d’elle parce qu’elle a aimé une autre femme…

Les thèmes de ce court pitch résonnent comment étant destinés à être mis en scène par Paul Verhoeven. On peut y voir un croisement entre La Chair et le Sang et Showgirls, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle tant le long métrage multiplie les qualités autant que les faux pas.

Porté par des actrices exceptionnelles, Virginie Efira, Daphné Patakia et l’impériale Charlotte Rampling, Benedetta montre une vision particulière de la religion catholique. Paul Verhoeven est réputé agnostique, il croit en Dieu mais pas aux pratiques de la religion. Or, c’est elles qu’il met en avant dans son histoire entre manipulations politiques et apparitions divines à remettre en doute. On soupçonne le ridicule des scènes de visions d’être volontaire, comme pour montrer que le réalisateur ne croit pas une seule seconde aux apparitions prétendues de Jésus.

Le souci, c’est que Benedetta est plombé par différents problèmes. De reconstitution d’abord, parfois anachronique et souvent fake. Quand on voit les nonnes boire dans de la vaisselle d’époque avec leurs costumes bien trop proprets, on a d’avantage l’impression d’assister à une reconstitution lors d’une fête médiévale qu’à une véritable histoire se déroulant au 17e siècle. Le film sonne également faux dans ses dialogues, avec des expressions bien trop contemporaines pour avoir été prononcées il y a 400 ans. On peut aussi y ajouter un problème de rythme : si le réalisateur prend son temps dans la première partie, il rushe beaucoup trop son dernier acte, rendant certaines réactions des personnages difficilement compréhensibles.

Pourtant, difficile de ne pas tomber sous le charme du personnage de Virginie Efira, qui manipule sans doute le spectateur comme ses protagonistes. Sa relation avec la sœur Bartolomea est aussi belle que flamboyante. N’y voyez pas pour autant un film autour du sexe. Comme à l’époque de Basic Instinct, c’est ce que la critique a tendance à retenir. Mais Benedetta est d’abord un film sur la religion, comme le long métrage avec Sharon Stone était d’abord un solide polar.

Malgré ses défauts, Benedetta est un film intéressant, où chacun peut y trouver des choses différentes selon ses croyances. Etait-elle une grande manipulatrice ou la version féminine du Christ, dont elle revit les différentes épreuves dans le désordre ? Etait-elle folle ou bien au contraire au dessus de la mêlée ? Le cinéma de Paul Verhoeven a toujours fait parler. C’est aussi le cas avec Benedetta.

Benedetta, de Paul Verhoeven – Sortie en salles le 9 juillet 2021

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