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Critique : Batman contre le Fantôme Masqué

Sorti le jour de Noël 1993, Batman contre le Fantôme Masqué est évidemment un long métrage dérivée de la série animée Batman, développée par Bruce Timm et Eric Randomski, celle qui a fait les beaux jours de Fr3 et sera précurseur en matière d’adaptation de super héros sur le petit écran.
Prévue à la base pour prolonger le succès du film de Tim Burton, la série a vite acquis ses lettres de noblesses grâce à la qualité de ses histoires, à la force de ses personnages et à son ambiance si réussie. Faire un long métrage était donc dans la logique des choses.

Doté d’un budget de six millions de dollars, le film devait être un DTV comme les autres. Mais Warner choisit finalement de le sortir en salles un jour de Noël, précipitant d’ailleurs les réalisateurs qui se sont retrouvés avec un timing très serré. Le film ne sera pas remboursé par son exploitation cinéma (à cause d’une mauvaise promotion et d’un mauvais timing) mais aura un énorme succès en vidéo.

Très librement inspiré du Reaper de Batman Year Two, le Fantôme Masqué se présente dès la séquence d’ouverture comme le pendant ultra-violent de Batman. Le film s’ouvre sur une bande de mafieux en train de magouiller et l’intervention d’un Batman qui se fera prendre de vitesse par celui qui va se révéler être un ennemi pour une bonne raison : s’il se débarrasse effectivement de membres de la pègre, il le fait en tuant, ce qui est contraire aux valeurs du Chevalier Noir. En parallèle de l’arrivée à Gotham de ce nouveau méchant armé d’une lame et d’un gant capable de produire de la fumée pour l’aider à disparaitre, Bruce Wayne va retrouver une ex, la délicieuse Andrea Beaumont et se replonger dans son passé. Pour le spectateur, ce sera l’occasion de découvrir les origines de la chauve-souris telles qu’elles ont été imaginées par Timm et Randomski.

Andrea Beaumont a de nombreux points communs avec Bruce Wayne. Leur rencontre se fait en flashback dans des conditions importantes pour le milliardaire : dans un cimetière alors qu’ils viennent l’un et l’autre sur la tombe familiale. A cette époque, Bruce a fait le serment de protéger Gotham à ses parents et il cherche une manière de le tenir. L’arrivée de la jeune femme va remettre en cause ses convictions. Comment tenir une promesse faite dans la douleur alors qu’on peut finalement vivre heureux ?
La richesse thématique du film est forte : on assiste à la fois à la création de Batman, à sa rencontre avec une femme qui a bien failli tout remettre en cause tout en les retrouvant dans le présent et en les voyant se projeter dans l’avenir.

Le Fantôme Masqué, c’est aussi l’occasion pour Timm et ses équipes de livrer une histoire sombre avec au centre des éléments rares dans une production américaine : l’histoire d’amour de Bruce Wayne est au coeur d’un dessin animé visant les petits garçons. Certaines sont violentes (rappelons que le Fantôme tue) et d’autres plus osées à l’image d’un bref passage sur un balcon au petit matin laissant penser que les protagonistes ont passé la nuit ensemble.
Et au milieu de tout cela, se dessine le Batman que l’on connait. Et on ne peut que se rendre compte de l’amour que porte les réalisateurs et scénaristes au personnage tant il est soigneusement écrit et respectueux de tout ce qui a été fait avant la série. Le meilleur exemple en est la scène où Bruce met son costume de chauve-souris pour la première fois, complètement dans l’ombre pour devenir le héros iconique aux yeux blancs que l’on connait.

Propulsé par le sublime travail de Shirley Walker à la musique, qui n’a jamais aussi bien décliné le thème de Danny Elfman, le film n’est pas qu’une histoire de personnages. Pas question de se focaliser uniquement sur l’humain quand nous sommes face à Batman. Les scènes d’actions sont nombreuses et haletantes, que ça soit celle du premier meurtre du Fantôme Masqué, la toute première intervention de Batman bien avant son costume (et inspirée de Year One, excusez du peu) ou du final face au Joker où deux monstres géants s’affrontent dans une ville miniature.

N’oublions pas de mentionner la très bonne VF. Richard Darbois, Jacques Ciron et Pierre Hatet font des merveilles. Cerise sur le gâteau, ils sont rejoint pour quelques scènes par Claude Giraud, bien connu pour avoir notamment doublé Ulysse 31.

En 1h15, Bruce Timm et Eric Randomski livrent un chef d’œuvre, tout simplement. L’histoire, pierre d’achoppement de la série d’animation, est tout bonnement passionnante et la meilleur « origin story » du Chevalier Noir à l’écran à ce jour. Et ce ne sera, pour Batman à la télévision, que le commencement.

Batman Contre le Fantôme Masqué – Sortie le 25 décembre 1993 – Disponible en blu-ray 4K le 20 septembre 2023
Réalisé par Bruce Timm et Eric Randomski
Avec les voix françaises de Richard Darbois, Pierre Hatet, Jacques Ciron

Critique initialement publiée en 2013 pour les dix ans du film, réactualisée pour la sortie blu-ray 4K de 2023

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