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Critique : Balada Triste
Sorti en décembre 2010 de l’autre coté des Pyrénnées, Balada Triste de Trompeta (c’est le titre complet espagnol) arrive enfin sur nos écrans.
Après une tentative de tourner en Anglais, Alex de la Iglesia revient au cinéma espagnol pour nous livrer une histoire qu’il a lui-même écrite et qui met en scène un clown triste.
Balada Triste a, depuis, été multi-récompensé : Lions d’Argent à Venise du meilleur réalisateur et du meilleur scénario et 15 nominations aux Goya (les Césars espagnols) dont deux remportés pour les meilleurs effets spéciaux ainsi que pour les meilleurs costumes et maquillage.
Critique avec un nez rouge.
Balada Triste – Sortie le 22 juin 2011
Réalisé par Álex de la Iglesia
Avec Carlos Areces, Antonio de la Torre, Carolina Bang
Espagne, 1937. Pendant que la Guerre Civile espagnole fait rage, un cirque ambulant tente de survivre. Pendant cette période tragique, deux clowns vont s’affronter jusqu’à la mort par amour pour une belle acrobate.
Alex de la Iglesia est un réalisateur sans doute trop peu connu du grand public, qui ne retient de lui que sa tentative anglo-saxonne : Crimes à Oxford, avec Elijah Wood, John Hurt et la jolie comédienne espagnole Leonor Watling. Mais de la Iglesia a réalisé plusieurs films en Espagne, souvent teintés d’humour noir. On retiendra parmi eux, et si vous souhaitez des noms après avoir vu son petit dernier, Le Crime Farpait, 800 Balles ou encore Le Jour de la Bête.
Balada Triste raconte l’histoire d’un clown, sur fond d’histoire espagnole. Mais pas n’importe quel clown : un clown triste dont le père -qui a eu le même métier et participé à la guerre- fut capturé sous Franco et utilisé à la construction d’un bâtiment à la démesure du dictateur : l’Abadía de la Santa Cruz del Valle de Los Caídos (l’Abbaye de la Sainte Croix de la Vallée de ceux qui sont tombés).

A cause de cet évènement, Javier (c’est son nom) ne sera pas un clown comme les autres. Et sa rencontre avec un cirque ne fera rien pour aider les choses puisqu’il tombera sous le charme de Natalia, la jolie acrobate, elle-même déjà en couple avec le clown joyeux de la bande, Sergio. Sur le papier, tout cela semble normal mais Alex de la Iglesia, lui, ne l’est pas. Javier va donc découvrir que Sergio bat sa femme violemment, et qu’elle n’arrive pas à se détacher de lui car elle aime ça.
Va s’en suivre une violente opposition entre les deux hommes, deux brillants acteurs, sur fond de cirque et de fêtes foraines. D’ailleurs aucune scène entre Javier et Natalia ne se déroulera -du moins durant la première partie- en ville mais uniquement dans des décors festifs en accord avec leur état d’esprit et rappelant au passage que la vie elle-même n’est rien d’autre que ce qui se passe sous un chapiteau.
Cette histoire ne pouvait durer, elle va forcément déraper, c’était prévisible. Ainsi Javier est chassé du cirque, et se retrouve rattrapé par son passé. Le 2e acte du film commence, montrant non plus un clown triste vraiment triste mais un artiste rattrapé par la folie et par ceux qui l’ont fait.
Carlos Areces livrait au début du film une bonne performance, profitant notamment de son physique peu avantageux et de son surpoids. Mais une fois qu’il bascule dans la folie, il est absolument impérial, et nul doute qu’il sera multi-récompensé pour son interprétation de Javier, personnage qui devient alors un monstre pourchassant ses bourreaux, devenus des proies.

On peut reprocher quelques longueurs au film, et une volonté forcée de coller à une réalité historique notamment que Javier retrouve un général franquiste impliqué dans la mort de son père, ou quand il se retrouve mêlé à un attentat s’étant réellement passé à Madrid. On peut reprocher un coté brouillon sur la fin, confus, à la fois dans l’histoire mais dans les sentiments et les réactions des personnages (notamment Natalia).
Mais l’histoire de cet homme, toutes les épreuves par lesquelles il est passé, est simplement bouleversante et le spectateur passe d’une émotion forte à une autre en quelques secondes seulement. Alex de la Iglesia livre ici une composition d’anthologie, drôle, triste, émouvante, sanglante, sexy. Tout y passe, transportant le spectateur dans son univers fou. Tout y passe, à tel point qu’on se demande d’ailleurs si le metteur en scène n’a pas chargé son film en surréalisme pour pouvoir passer maintenant à quelque chose. Comme l’adaptation d’une bande dessinée belge se déroulant à Londres par exemple…
Quoiqu’il en soit, on ne sort pas triste de Balada Triste, on en sort bouleversé comme seuls les grands films savent le faire.
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