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Critique : Astérix & Obélix, l’Empire du Milieu

C’est une bonne situation, ça, réalisateur d’un film Astérix ? Moi je crois qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise situation. La saga Astérix au cinéma, c’est avant tout des rencontres.
Vingt quatre ans après Claude Zidi, Depardieu et Clavier, Astérix revient au cinéma en live grâce à la rencontre de Guillaume Canet, du producteur Alain Attal et les scénaristes Julien Hervé et Philippe Mechelen (les Tuches).

Le célèbre petit village d’Armorique, toujours cerné par les camps romains et résistant encore à l’envahisseur, voit cette fois débouler une princesse chinoise dont la mère impératrice a été capturée par le dirigeant d’un royaume voisin. Astérix, qui a décidé de diminuer sa consommation de sanglier, et Obélix, qui flashe pour la garde du corps de la princesse, se mettent donc naturellement en route pour aller l’aider au Pays du Soleil Levant, accompagnés par Graindemaïs (Jonathan Cohen) neveu du célèbre Epidemaïs.

Le film s’ouvre sur une couverture de BD (signée du génial Fabrice Tarrin) et nous fait plonger dans la vie du village gaulois. Le casting est impeccable : Pierre Richard est taillé pour être Panoramix, le vendeur de poissons et le forgeron sont prêts à se battre et Astérix et Obélix reviennent de la chasse non sans avoir défoncé une patrouille romaine. Certes, Jérôme Commandeur en chef du village est un miscast complet, mais il est heureusement compensé par d’autres choix judicieux comme Audrey Lamy en Bonemine ou l’éblouissante Angèle en Falbala. Même Mathieu Chedid, et son thème principal sifflé façon Vladimir Cosma, fait plaisir à attendre.

Puis Jonathan Cohen débarque avec la princesse chinoise et le film s’effondre, pour ne jamais se relever. L’Empire du Milieu a en effet plusieurs problèmes.

La première erreur vient de l’écriture des personnages. En confiant Graindemaïs à Cohen, Guillaume Canet cherche à renouveler l’exploit d’Alain Chabat avec Jamel. Mais le réalisateur de Mission Cléopatre était plus malin : en étoffant le rôle écrit par Goscinny par l’humoriste, il permet de réduire la présence d’Astérix (alors mal joué par Christian Clavier) tout en bénéficiant du style de Jamel. Canet, lui, fait de Cohen un antagoniste relou qui vient emmerder le héros et qui n’apporte à l’histoire que de la lourdeur. C’est pénible, jamais drôle, et ça casse les vaines tentatives de relever un laborieux récit.

L’écriture par les scénaristes des Tuches est d’ailleurs très étrange. Après avoir vu le film dans son ensemble, on se rend compte que la présence des Gaulois en Chine ne sert strictement à rien. La princesse chinoise n’est pas la peureuse fuyante que l’on découvre au début mais bien une combattante aguerrie qui finit par résoudre toute seule la situation. Du coté de la BD, Goscinny trouvait toujours une utilité aux héros – mais Canet ne sait manifestement pas quoi en faire.

D’ailleurs, il patauge avec ses Gaulois. Si le réalisateur se débrouille en Astérix, son comparse Gilles Lellouche est efficace en Obélix. Mais on ne comprend pas pourquoi on leur a fourgué à chacun le même arc narratif (ils sont tous les deux amoureux). Non seulement ça raconte la même chose, mais quand Canet veut diverger sur Astérix (et ses allusions au veganismes) il le fait en l’oubliant. L’histoire évoquée au début est rarement remise sur la table et la conclusion semble alors sortir d’un chapeau.
Même l’arc de César (Cassel est impeccable) est imparfait. Pourquoi s’embourber dans une scène faussement gay et ultra gênante ?

Jamais drôle, le film s’enlise dans des caméos ratés et des vannes datées. Mission Cléopâtre avait pour lui d’être un film à l’humour intemporel (à l’exception de la vanne sur Itinéris) quand celui-ci fait des références directes à ses personnages (Philippe Katherine et Angèle citent leurs propres chansons…) qui seront oubliée quand le film passera à la télévision. Les caméos et caricatures de la BD avaient pour elles d’utiliser les traits d’une célébrité pour en faire un vrai personnage, de faire le lien entre le physique et la personnalité. L’alignement d’humoristes, sportifs et autres Youtubeurs n’apporte ici que dalle.

L’écriture impeccable de Goscinny est-elle si difficile à cerner ? Le dynamisme des cases d’Uderzo est-il si difficile à reproduire ? Mission Cléopâtre, au delà d’être le seul film réussi de la saga, était un film malin : Chabat, qui avait compris les albums, y faisait infuser son style. Canet n’en ayant pas, il tente d’y ajouter l’humour à la ramasse des scénaristes des Tuches. Au final, le film fait penser aux albums récents signés Conrad et Ferri : tout ce qui ne vient pas des auteurs d’origine est raté. Guillaume Canet, malgré toute la bonne volonté qu’on lui reconnait, n’a pas les épaules assez solides pour une production d’une telle ampleur. Il aurait sans doute du se contenter d’un album se déroulant intégralement au village.

« Quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois, on ne trouve pas l’interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. » Et effectivement, Canet ne l’a pas trouvé. Le film, lui, trouvera nécessairement son public, parce que la licence draine les foules. Mais vous, vous savez désormais à quoi vous attendre. Par Toutatis !

Astérix & Obélix l’Empire du Milieu, de Guillaume Canet – Sortie en salles le 1er février 2023

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2 Comments

  • par Pouet
    Posté lundi 30 janvier 2023 13 h 50 min 0Likes

    Je n’en attendais rien, et on peut pas dire que je sois déçu.

  • par broack dincht
    Posté lundi 30 janvier 2023 19 h 11 min 0Likes

    j’ai trouvé la bande annonce très gênante. Vraiment pas envie d’aller le voir

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