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Critique : Astérix Le Secret de la Potion Magique
Ce sera sans aucun doute l’un des grands films de cette très riche fin d’année. Après une série d’avant-premières dans toute la France ce dimanche, Astérix revient sur grand écran pour tous dans une aventure inédite : Le Secret de la Potion Magique.
LA CRITIQUE
En 2014, Astérix revenait en version animée et en 3D avec Louis Clichy et Alexandre Astier aux manettes. Huit ans après Les Vikings, le duo trouvait le ton juste : un album de qualité adapté avec talent et poussé vers le haut grâce à des thèmes intemporels et un final aussi savoureux que dingue. Il était tout naturel qu’une suite voit le jour, une histoire cette fois originale qui n’a rien à envier aux meilleurs album de la série de Goscinny et Uderzo.
L’histoire commence dans les arbres. Panoramix coupe du gui tel un ninja avec sa sa serpe d’or. Mais, voulant sauver un oisillon, il fait une mauvaise chute. Un druide ne pouvant tomber d’un arbre, il se dit alors qu’il serait peut-être temps pour lui de trouver un successeur pour confectionner de la potion magique. Accompagné des deux plus célèbres Gaulois et d’une passagère clandestine, il se rend alors dans la forêt des Carnutes pour rencontrer le Conseil des Druides, avant de prendre la route pour un tour de Gaule qui lui permettra de trouver quelqu’un à qui confier la recette, « de bouche de druide à oreille de druide ».
La première chose qui frappe en voyant cette nouvelle aventure, c’est la beauté des images. Louis Clichy, ex-Pixar, et les équipes de Mikros ont fait un boulot remarquable sur le rendu. La lumière est sublime. Et un juste équilibre, entre rendu cartoon reproduisant les traits du dessinateur d’origine et possibilités réalistes, est trouvé. Le film est dynamique, rythmé, et parfaitement mis en scène. On retiendra en outre une très chouette scène en flashback, faite en animation traditionnelle comme si quelqu’un avait confié à Uderzo de storyboarder la scène puis l’avait animé sous acide.
Quant à Alexandre Astier, il confirme qu’il a tout compris au travail de Goscinny. C’est bien simple : Le Secret de la Potion Magique aurait bien pu être un album du maitre tant le créateur de Kaamelott marche dans les pas du créateur. On retrouve dans l’histoire tout ce qui fait le sel d’une bonne bande dessinée, sans pour autant verser dans la facilité comme le font les publications de papier actuelles. Les personnages cultes sont présents, l’humour aussi (et pas qu’un peu – la salle pleine d’enfants était hilare) et Astier pioche avec intelligence dans les albums existants sans pour autant faire du cameo à outrance. Le scénariste trouve en plus son bonheur dans une galerie de personnages cassés et maladroits comme il les aime. On pense au Conseil des Druides, qui rappelle doucement les boulets qui entourent le Roi Arthur autour de la Table Ronde, et même au méchant de l’histoire qui fait penser au Méléagant de Kaamelott.
Reste qu’en écrivant une histoire dans la droite lignée de Goscinny, Astier oublie de sortir des rails. Le Domaine des Dieux avait une couche supplémentaire, à travers quelques ajouts au récit et une certaine folie, qui est d’avantage sacrifiée ici pour quelque chose de plus classique – mais qui regretterait du Goscinny en 2018 ? Il y a quand même le personnage de la jeune Pectine qui tire son épingle du jeu, une belle idée d’installer une jeune héroïne dans cet univers peuplé (littéralement) de vieux mâles blancs barbus.
Il faut également évoquer le doublage. Que ceux qui craignaient le remplacement de Roger Carel, désormais heureux retraité, par Christian Clavier soient rassurés tant le comédien fait le boulot. Astier et Clichy ont veillé, comme Alain Chabat au temps de Mission Cléopâtre, à le canaliser. Son rôle est réduit à l’avantage de Panoramix, le héros bénéficie de longues scènes muettes, et le comédien a été correctement dirigé. Guillaume Briat, en Obélix, est quant à lui beaucoup plus à l’aise qu’il y a quatre ans. Enfin, parmi la longue liste de voix, il faut citer le légendaire Gérard Hernandez dans le rôle d’un des druides de la Forêt des Carnutes, qu’il est toujours agréable d’entendre. Bien avant Scène de Ménage, le comédien avait surtout incarné le Grand Schtroumpf (d’où la filiation avec le druide) mais aussi des personnages cultes comme Skeletor ou Myster Mask.
Peut-être un peu plus sage (quoique le final soit une nouvelle fois là pour me contredire) que Le Domaine des Dieux, Le Secret de la Potion Magique est un très solide divertissement qui confirme non seulement le talent de metteur en scène de Louis Clichy mais aussi celui celui de scénariste de long métrage d’Alexandre Astier. A l’aube d’un film Kaamelott, ça tombe à pic.
Astérix Le Secret de la Potion Magique, d’Alexandre Astier et Louis Clichy – Sortie le 05 décembre 2018
1 commentaire
par Lio Duch
Super article, mais à corriger = QuanT à…