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Critique : Annette

Aaaah, le Festival, toute cette pression. Cannes édition 2021, c’est parti. Comme chaque année du monde d’avant, la fameuse grande famille du cinéma se retrouve sur la Cote d’Azur pour célébrer le 7e Art. Et comme chaque année, plusieurs films sortent dans les salles en même temps que sur la Croisette. C’est le cas d’Annette, le nouveau film de Leos Carax, présenté en Séance d’Ouverture.

LA CRITIQUE

Leos Carax tourne peu. Mais quand il le fait, c’est pour marquer les esprits. Son précédent long, Holy Motors, date de 2012 et Les Amants du Pont Neuf fêtent leur trente ans cette année. Il revient donc enfin avec Annette, et rien de moins qu’Adam Driver et Marion Cotillard, le tout d’après un scénario écrit par les frères Mael du groupe Sparks.

Annette raconte la vie d’un couple, lui fait du stand up dans des petites salles et elle est chanteuse d’opéra. Ils s’aiment, se déchirent, font un enfant… La vie. Ou presque, puisqu’Annette est une comédie (ou plutôt un drame) musical dans lequel tout le monde chante. Tout le temps. C’est le premier aspect déroutant d’un film bancal.

Dans très joyeux In The Heights, pour citer une comédie musicale récente, les protagonistes chantent souvent mais le film de Jon Chu contient également de vraies scènes de dialogues. Dans Annette, les protagonistes poussent la chansonnette à longueur de film. Pour se parler, aux toilettes, en faisant l’amour, et même pour exprimer leurs pensées. Et si ça fonctionne régulièrement très bien (la scène d’intro ou même la conclusion) c’est parfois très déroutant, comme dans une séquence où Marion Cotillard fait pipi en chantant pour exprimer ce qu’elle a dans la tête.

Annette est une histoire de couple mais s’attache en réalité au personnage d’Adam Driver. Le brillant plan séquence d’introduction laisse penser que Leos Carax va traiter ses personnages sur un pied d’égalité mais le vent va vite tourner en faveur du protagoniste masculin, présenté d’abord comme sympathique même si bizarre (ses vannes de stand up ne sont jamais drôles) et qui va se révéler être un fieffé connard, voir une personne dangereuse. Driver est absolument fantastique dans le rôle, sortant largement du personnage de grand timide ténébreux qu’il a beaucoup incarné par le passé.

Comédie musicale avec des scènes parfois très imagées, Annette est aussi l’histoire de la fille du couple, un chapitre complet caché par la promo, qui a à la fois de l’importance pour le portrait du personnage et qui sort aussi d’un chapeau, Carax allant puiser son inspiration dans les contes (et dans Pinocchio en particulier) pour s’éloigner de la réalité qu’il mettait en avant dans ses premières séquences.

Le réalisateur va, très souvent, chercher le plan-séquence. Son acteur principal a répété de très longues scènes, parfois intimistes, parfois tournées en ville la nuit sur une moto. La mise en scène, souvent très belle, est parfois totalement à la ramasse avec d’indignes effets de montage ou d’incrustation. La musique est, elle, parfois très belle et parfois insupportable. La première chanson vous restera longuement en tête quand d’autres séquences vont vous énerver.

Avec ses longs plans filmés à hauteur de spectateur, Carax rappelle Birdman et l’envie qu’ont ces cinéastes de rendre hommage à l’art du spectacle. Une idée noble, surtout en ouverture du Festival de Cannes post-Covid, mais qui bascule dans le morbide, comme si l’idée était de montrer que le cinéma ou la chanson ne conduit qu’à la mort.

Que retenir d’Annette ? Que c’est un film tout le temps bancal, oscillant entre moments superbes et séquences à coté de la plaque, mais ça n’en est pas moins un film intéressant, à voir au moins pour son interprète principal.

Annette, de Leos Carax – Sortie le 6 juillet 2021

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