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Critique : American Pie 4
Vendu comme le 4e volet de la saga commencée il y a 13 ans, American Pie est en réalité le 8e volet d’une saga qui a fini par ne faire que donner son nom à des films sans aucun rapport (si ce n’est Eugène Levy, qui avait manifestement beaucoup de factures à payer).
Jim, Michelle, Stiffler, Chris, Vicky, Heather et les autres sont donc de retour pour une grande réunion de famille cette fois devant la caméra de Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg.
Reste maintenant à savoir si la fameuse tarte est encore chaude…
American Pie 4 (American Reunion) – Sortie le 2 mai 2012
Réalisé par Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg
Avec Jason Biggs, Alyson Hannigan, Chris Klein
Comme le temps passe…Souvenez-vous de cette année 1999 où quatre lycéens d’une petite ville du Michigan décidèrent d’en finir avec… leur virginité. Quête héroïque, burlesque, inoubliable… Une décennie plus tard, Jim (Jason Biggs) et Michelle (Alyson Hannigan) sont mariés, Kevin (Thomas Ian Nicholson) et Vicky (Tara Reid) sont séparés, Oz (Chris Klein) et Heather (Mena Suvari) se sont éloignés à contrecœur, tandis que Finch (Eddie Kaye Thomas) soupire encore après… l’extravagante mère de Stifler (Jennifer Coolidge). Quant à Stifler (Seann William Scott), rien ne le changera jamais. Amis d’hier, amis de toujours, ces jeunes hommes attendaient depuis longtemps de pouvoir se réunir le temps d’un week-end pour se remémorer leurs exploits d’antan et y puiser de nouvelles inspirations. Que la fête commence, l’heure du checkup hormonal a sonné…
Décembre 1999, un vent de folie soufflait dans les couloirs des collèges et des lycées, repris en chœur par tous les adolescents d’alors : American Pie. Signant le retour de la comédie pour ados autrement appelé le « teen movie », le film cartonnait pour la simple raison qu’il semblait libérer les mœurs du genre en parlant ouvertement de sexe et du passage à l’acte tant fantasmé et/ou redouté par beaucoup. Film devenu prétendument culte, et pas si libéré qu’il en avait l’air, American Pie a engrangé une trilogie sur le déclin pour finalement devenir une saga de direct-to-dvd tous plus opportunistes les uns que les autres et promettant juste d’aligner le plus de paires de seins possible.
Une bonne décennie plus tard, voilà le temps de la réunion et des retrouvailles, l’heure de vérité pour savoir qu’est devenu cette bande de copains comme tant d’autres.
Cette boom des anciens du lycée a tout du produit calibré pour jouer sur la fibre nostalgique de ces fans d’antan qui se disaient que peut être, les ados qui leur ressemblaient tant et les faisait rire durant leurs enfances ont grandis et sont restés les mêmes quelque part.
L’opportunisme latent de la chose est très simple à voir quand on regarde la carrière de chaque acteur, tous pour la plupart étant devenus des has been ou ayant déserté nos écrans à l’exception d’une Alysson Hannigan sauvée par les séries TV comme Buffy ou How I Met Your Mother.

Hélas, le résultat reflète bel et bien cette vaste opération marketing par la fainéantise qui la caractérise et son manque total d’inspiration. Abusant du principe « on prend les mêmes et on recommence », ce 4ème épisode n’a rien trouvé d’autres comme thème central de cette réunion que les frustrations sexuelles et sentimentales de ces héros. Entre le couple Jim/Michele dont le rôle de parents a tué tout désir et les vies professionnelles de chacun les ayant envoyé à droite et à gauche en faisant perdre de vue ceux qui comptaient vraiment (leurs amours de jeunesse…), American Pie 4 semblait partir sur une piste classique et ultra balisée mais intéressante pour peu qu’elle soit traitée correctement. Problème : le traitement général n’a pas bougé d’un iota, et nos adolescents queutards débiles sont devenus des adultes queutards débiles.
Jim se retrouve donc à fantasmer sur la petite fille qu’il gardait ado, devenue entre temps une jeune demoiselle aux hormones en folie, tandis que Steiffler traine son obsession compulsive comme un boulet et mène une vie de loser se tapant des coups à droite et à gauche. Le reste du casting n’a pas bougé d’un pouce par rapport à leurs rôles de l’époque, qu’il suffit de reprendre et de faire vieillir de 10 ans en gardant exactement le même comportement pour avoir une idée de leur non-évolution.
Coincé 10 ans en arrière comme ses personnages, American Pie semble vouloir résister à toute transformation que la comédie a pu subir avec le temps, et se retrouve à donner dans les blagues potaches (Steiffler qui chie dans une glacière, Wow !), dans les situations embarrassantes déjà vues auparavant et les anecdotes au dessous de la ceinture désuètes. Que les farces de cette bande étaient drôles durant leur jeunesse, soit, mais aujourd’hui, ils semblent tous êtres devenus plus beaufs et vulgaires les uns que les autres, se prenant en pleine figure tout ce qu’a instauré Apatow en la matière qui avait déjà traité des problèmes identitaires et sexuels dans En Cloque Mode d’Emploi ou 40 ans Toujours Puceaux en ayant une vraie tendresse pour ses personnages et sans niveler constamment par le bas en montrant des demoiselles nues pour remporter une quelconque adhésion. Avec sa réalisation de série TV, sa bande son punk rock has been et ses scènes qu’il a déjà éculées 14 fois (tiens, Heither et Oz se retrouve avec Sway en fond sonore, comme c’est romantique…), American Pie 4 fait preuve d’un révisionnisme ahurissant et s’avère tout simplement à la ramasse de A à Z, à tel point qu’il ferait passer le dernier film des frères Farrelly (Bon à Tirer) pour un sommet de subtilité. C’est dire.

Quand une bande de ringards veut revenir au top sans se remettre en question, la recette sent trop le réchauffé pour aguicher qui que ce soit. Affichant fièrement sa bêtise grasse, sa morale lourdingue et son archaïsme, ce nouvel épisode d’American Pie est une comédie qui a en tout point une décennie de retard, s’enfonçant constamment dans son manque d’idées et de propos.
10 ans après, il fallait bien s’attendre à ce que la tarte soit périmée…
1 commentaire
par Neyrda
Bon ben.. ça c’est fait :-)
C’est bien j’avais pas du tout envie d’aller le voir.. tu dois permettre à beaucoup de gens comme moi de ne pas perdre leur temps :-) .. même si toi t’as perdu 1H30 :o
Quel phrasé :’)
Q.