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Critique : Alita Battle Angel

On aura attendu plus de quinze ans entre l’annonce du projet et la sortie du film en salles. Le report de plusieurs mois (de décembre 2018 à finalement février 2019) n’était de fait pas grand chose.

Mais voilà, c’est donc fait, Alita Battle Angel écrit et produit par James Cameron et réalisé par Robert Rodriguez sort enfin dans les salles.

 

LA CRITIQUE

Le nom d’Alita Battle Angel ne vous disait sans doute rien avant l’annonce -il y a plusieurs années- du projet de James Cameron. En France, et au Japon où le personnage a été créé, Gunnm a marqué les esprits dans le courant des années 90 comme Akira ou Evangelion. L’oeuvre culte de Yukito Kishiro a notamment été reprise (ou pompée, c’est selon) par Neil Blomkamp qui en a repris des éléments dans Elysium pour l’univers mis en place et même dans Chappie pour tout l’aspect consacré à la conscience des cyborgs. Cameron lui-même s’est inspiré du manga pour sa série Dark Angel avec Jessica Alba. Les six tomes du manga ont été une première fois portés à l’écran par Hiroshi Fukutomi à la réalisation et Rintarō à la supervision.

James Cameron a acheté les droits de cette histoire de cyborg il y a plus de quinze ans. Pris par Avatar et ses multiples suites qui peinent à voir le jour, il a finalement confié la réalisation à Robert Rodriguez et a co-écrit le scénario avec Laeta Kalogridis. L’histoire de papier est transposée dans une ville rappelant le Mexique ou Cuba après l’Effondrement, ville au dessus de laquelle flotte une cité destinée aux plus fortunées. Dans une décharge, le Docteur Ido découvre les restes d’Alita et décide de rendre via à ce robot en lui donnant un nouveau corps. N’ayant plus aucun souvenir de qui elle était avant, elle va redécouvrir le monde dans lequel elle vit, notamment grâce à un jeune garçon. Elle va aussi découvrir un monde de chasseurs de prime, de tueurs de robots et de machinations dans lesquelles elle va forcément s’impliquer.

Cameron,  à l’écriture, a pris tout un tas de libertés avec l’œuvre originale. En transposant la cité en Amérique Centrale (« au plus près de l’Équateur » explique le producteur Jon Landau en interview), en lui donnant de la couleur et du soleil, il cherche à s’éloigner du manga pour en éviter la comparaison. L’univers se révèle vite être aussi sympathique que ces personnages principaux, dont Alita mais aussi Christoph Waltz qui troque sa casquette de méchant James Bondien habituel pour une sorte de Gepetto futuriste. On prend un vrai plaisir à découvrir le monde en même temps que la jeune femme incarnée par Rosa Salazar et on s’éclate à la voir combattre quelques méchants humanoïdes au détour d’une rue.

Il faut dire que l’univers graphique est très soigné, que le visuel est bossé et, surtout, que les effets spéciaux sont à tomber par terre. Que ceux qui étaient sceptiques lors de la diffusion des premiers teasers soient rassurés. Les effets spéciaux sont impeccables et le rendu d’Alita, issu de la performance capture, est bluffant. Les gros yeux, en hommage au manga, ne sont pas du tout gênants et on constate que la technologique a fait un joli bond en avant depuis le premier Avatar.

Tout aurait pu être pour le mieux dans le meilleur des mondes du blockbuster si on n’était pas, justement, dans le monde des blockbusters des années 2010. Surtout dans sa seconde partie, Alita Battle Angel ressemble à beaucoup de productions récentes. Trop monté, trop retravaillé, trop ellipsé pour tenir dans pile 120 minutes. Tout un pan de l’histoire aurait mérité plus de développement qu’un rush et un enchainement de scènes avec fondus au noir. Le spectateur est mis sur le coté, précipité dans l’action, secoué pour au final ne pas complètement comprendre ce qui lui arrive. Soit on prenait le temps, soit on coupait toute une fin qui n’est là que pour préparer un second volet – ce qui se voit un peu trop. Ajoutez à cela que James Cameron a écrit, comme il les aime, un triple climax. Soit trois séquences de fin qui s’enchainent, ce qui est sensé faire monter d’un cran la tension pour mieux tout exploser. Et si le réalisateur maitrise sa technique dans un Terminator 2, c’est tout autre chose quand il la confie à quelqu’un d’autre.

C’est alors qu’on s’est rappelé que le dernier bon film de Robert Rodriguez remontait à Sin City. Ici, même s’il est très bien entouré, Rodriguez fait tout ce qu’il peut mais il n’est pas James Cameron. Sa mise en scène est lambda comme pas possible, et il se contente de quelques ralentis dans des scènes d’action qui méritaient mieux. On pense notamment aux scènes de rollerball, un sport de courses où il faut pourchasser un ballon, et on se dit que le bougre n’est ni les sœurs Wachowski (et Speed Racer) ni Steven Spielberg (et la scène de course de Ready Player One).

Alita Battle Angel a la marque des blockbusters actuels trop produits, comme le montre une courte apparition de Jai Courtney dont le rôle a manifestement (ou heureusement) été coupé au montage. On se prend à rêver d’un film réalisé par un vrai metteur en scène apportant sa propre vision, quelqu’un qui aurait eu les coudées franches et pas un producteur lui tapant sur l’épaule pour lui dire de faire plus succint. Ca n’empêche pas le résultat final d’être un divertissement tout à fait honorable, que vous regarderez avec plaisir et que vous reverrez peut-être même par la suite pour certaines chouettes séquences. Une petite bouffée d’air frais dans un mois de février aux sorties cinéma bien sombres.

Alita Battle Angel, de Robert Rodriguez – Sortie le 14 février 2019

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