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Critique : Albert Nobbs
Les Oscars auront lieu ce dimanche et Glenn Close est dans la course pour Albert Nobbs après avoir été nommée aux Golden Globes.
Il faut dire que dans le film de Rodrigo Garcia, elle incarne un homme. Et on est loin de la comédie de boulevard. Elle y incarne donc un personnage tout en douceur, en retrait, loin des rôles envolés que l’actrice a pu avoir par le passé.
Mais est-ce suffisant pour faire un bon film ?
Albert Nobbs – Sortie le 22 février 2012
Réalisé par Rodrigo Garcia
Avec Glenn Close, Mia Wasikowska , Aaron Johnson
Au XIXème siècle, dans l’Irlande en proie à de terribles difficultés économiques, une femme se fait passer pour un homme afin de pouvoir travailler. Pendant trente ans, elle trompe son entourage, employée dans un hôtel sous le nom d’Albert Nobbs, en tant que majordome.
Le sujet du travestissement au cinéma est connu et le plus souvent abordé grâce à la comédie. Etonnamment, on trouve d’avantage d’hommes se grimant en femmes quand on y songe. Vous pensez déjà à Dustin Hoffman dans Tootsie à Robin Williams dans Madame Doubtfire, à Tony Curtis et Jack Lemon dans Certains l’Aiment Chaud ou dans une moindre mesure à Martin Lawrence en Big Mama.
Mais on a moins souvent eu droit aux femmes s’habillant en hommes sans doute parce que c’est physiquement moins facile dans ce sens là.
Albert Nobbs fait donc presque figure d’exception, d’autant que le film choisit le registre dramatique plutôt que celui de l’humour. Glen Close, parfaite, y incarne en effet une femme se déguisant en homme et travaillant comme employé. Personne n’y verra jamais rien. « L’homme » est discret, peu causant, faisant son boulot bien comme il faut mais sans jamais se faire remarquer. Alors qui pour s’en inquiéter ?
Mais pourquoi diable se travestir ? Pour des raisons qui nous semblent, au 21e siècle, plus évidentes qu’à l’époque. Nous sommes à Dublin au 19e siècle et le pays traverse une incroyable crise économique. Non seulement les gens n’ont pas d’argent mais la femme n’a pas la même place que l’homme. Pour s’en sortir, seul(e), Albert Nobbs n’a donc pas le choix.

Si Glenn Close livre effectivement une performance suffisamment méritante pour être nominée pour diverses récompenses, le reste du film est sobre et peut-être un peu trop. Souhaitant tourner ses extérieurs dans des décors réels, Rodriguo Garcia est bien trop limité par ce que le Dublin de 2012 lui offre comme décors d’époque, c’est à dire pas grand chose. Et l’ensemble ne peut pas nous empêcher de penser à la série anglaise rencontrant un franc succès outre-Atlantique, Downton Abbey. Même s’il y a 20 ou 30 ans d’écart entre les deux productions, la place de la femme est la même, tout comme le rapport entre riches et pauvres. Et malheureusement pour le long métrage, la série s’en sort beaucoup mieux.
Et si les seconds rôles (Aaron Johnson surtout) sont très bons, le film donne l’impression de se chercher un peu. Entre le secret d’Albert Nobbs, le jeune rival qui le prend pour un homme et son envie de réaliser un rêve simple, on est un peu perdu par la volonté d’un réalisateur de raconter trop de petites choses sans jamais se focaliser sur un axe en particulier.
Il en résulte au final un film sympathique, bien fait mais malheureusement vite oubliable.