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Critique : Albert à l’Ouest

Albert à l’Ouest. Derrière cette traduction peu inspirée se cache A Million Ways to Die in the West, le nouveau film de Seth MacFarlane.

Pour ce western dans lequel il s’offre le rôle principal, le réalisateur de Ted a réuni Charlize Theron, Amanda Seyfried, Liam Neeson, Neil Patrick Harris et
Wes Studi.

Mais celui qui a fait parler vulgairement un ours en peluche est-il capable de tenir une deuxième fois la longueur du film de cinéma et qui plus est au Far West ? Qui est donc cet Albert et pourquoi est-il à l’Ouest ?

 

Seth MacFarlane n’a pas réussi sa transition série/ciné avec Ted, il l’a explosée.
Succès public et critique, à tel point que le bonhomme se retrouva catapulté au poste de présentateur des Oscars pour faire marrer le tout Hollywood pendant que son nounours préféré annonçait une catégorie avec Mark Wahlberg, le bougre remplissait le pari de faire une comédie Rated-R qui rapporte des brouzoufs. Fort de ce carton, il a désormais les mains libres en attendant de préparer son Ted 2, l’occasion pour lui de se faire un petit plaisir avec Albert à l’Ouest, dans lequel il revisite le western américain avec son humour bien perché.

Dès l’introduction du film, on sait déjà une chose : Seth MacFarlane adore les westerns.
Filmé en partie dans la fameuse Monument Valley qui fait office à elle seule de décor principal des grands mythes américains, ce Million Ways to Die in the West semble être l’occasion pour le scénariste/acteur/réalisateur de réaliser un pur fantasme de gosse en revêtant les fringues d’un cow-boy. Comme il ne fait rien comme les autres, le cow-boy se trouve ici être un gros loser, responsable d’une ferme de moutons qu’il n’arrive pas à gérer et par-dessus tout paranoïaque compulsif qui voit la mort partout. Il faut dire que sur le second point, il n’a pas tort : à une époque où l’hygiène n’était pas une priorité et où on réglait nos comptes à coup de duels de revolvers, il était facile de rejoindre Morphée sans prendre de rendez-vous.

L’un des gros pans de l’humour du film, comme l’indique son titre original, vient entièrement de là.
Si vous aimez voir des mecs se faire tuer dans des situations toutes plus absurdes les unes que les autres (livraison d’un bloc de glace, réplique cinglante mal placée dans un saloon ivre…), Seth Mac Farlane va vous chatouiller les zygomatiques durant au moins une bonne moitié de film.
Toujours premier quand il est question de burlesque prononcé, de références en continu et d’humour slapstick avec des mecs qui passent leur temps à en prendre littéralement plein la tronche, l’auteur s’éclate des possibilités offertes par le décor et le contexte ultra violent du far west, qu’il met également en opposition à son humour moderne. Comme si un contemporain trop lucide à la Woody Allen, passant son temps à jurer comme un charretier, se réveillait dans un western avec la mission d’en noter tous les non-sens, y compris dans les relations humaines. Dans ce contexte, le film confronte ce troublion à des parents rustiques pour quelques échanges assez caustiques.

Pas seulement là pour faire le couillon entre deux rednecks, le fameux Albert se retrouve évidemment embarqué dans une histoire classique, où il a menacé un autre en duel malgré son incapacité totale à utiliser une arme à feu. C’est là qu’intervient le personnage de Charlize Theron, qui va l’aider tant bien que mal puisqu’elle amènera indirectement son lot de problèmes au village.
Inversant les rôles, puisque c’est une femme bien dans ses bottes qui va apprendre à un homme comment tirer droit, le film offre là l’occasion à l’actrice de prouver une fois encore son immense talent. Mélange de classe imparable et d’un comique pinçant, la comédienne prouve une fois encore qu’elle a plus d’un tour dans son sac et qu’elle n’a pas peur de salir son image pour explorer des contrées nouvelles. C’est elle qui tire vers le haut le fil conducteur du long-métrage, alors même que celui-ci peine à passionner tant il s’avère convenu. Plus dommageable encore, les personnages (dont celui joué par Neil Patrick Harris, le Barney de la série How I Met Your Mother) amenés par cette intrigues correspondent à des clichés ambulants que l’auteur met à mal avec la finesse d’un gosse de 4 ans. Poussant bien plus loin que dans Ted l’humour scatophile, Seth MacFarlane touche ici les limites de son écriture tant il lui arrive de tomber dans la vulgarité totale. Si vous adorez les blagues pipi-caca, vous serez sûrement au paradis, mais les autres se demanderont par moment ce qui a pris à l’auteur de virer à ce point dans des sketchs aussi faciles que nauséabonds et étirés en longueur face à la fantaisie géniale dont il est capable à côté. Pas que son humour référentiel soit des plus recherchés, certaines blagues du film étant de gigantesques clins d’œil à tous les geeks férus de culture américaine (à ce propos, restez après le générique). Mais ça a le mérite d’être florissant et dynamique face à des gags bien vaseux. Sans doute dépassé par sa folie, le créateur de American Dad en vient à livrer un film en dents de scie tant on passe du coq à l’âne, entre certains passages qui font la part belle à des idées vraiment givrées et surprenantes, et d’autres où il se repose sur ses lauriers, livrant un one man show un peu longuet qui ne bénéficie plus de la surprise du nounours balançant des saloperies pour emporter l’adhésion sur tout.

L’humour, ça se travaille, ça s’affine, c’est une discipline qui demande beaucoup de précision. MacFarlane n’en a que faire et met absolument tout ce qui lui passe par la tête dans son film, pour un résultat forcément un peu balourd, dans lequel il y a à boire et à manger. S’il soigne le décor et prouve sans détour son amour pour le genre qu’il revisite, le papa de Ted a la fâcheuse tendance à se perdre dans ses propres blagues, comme si il faisait le film que pour lui. N’en reste pas moins des passages aussi délirants que prévu et un casting pas toujours à l’aise mais qui a fier allure.

 

Albert à l’Ouest – Sortie le 2 juillet 2014
Réalisé par Seth MacFarlane
Avec Seth MacFarlane, Charlize Theron, Amanda Seyfried
La couardise d’Albert au cours d’une fusillade donne à sa fiancée volage la bonne excuse pour le quitter et partir avec un autre. Une belle et mystérieuse inconnue arrive alors en ville et aide le pauvre Albert à enfin trouver du courage. Des sentiments s’immiscent entre ces deux nouveaux alliés, jusqu’au jour où le mari de la belle, un hors-la-loi célèbre, découvre le pot-aux-roses, et n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Albert aura-t-il le courage nécessaire pour venir à bout du bandit ?

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