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Critique : A la Poursuite du Roi Plumes

« Resan Till Fjäderkungens Rike »

Derrière ce titre difficilement prononçable pour qui n’y connait rien en langue scandinave se cache A La Poursuite du Roi Plumes, film d’animation dano-suédois réalisé par Esben Toft Jacobsen déjà auteur de L’Ours Montagne en 2011.

Le film avait été présenté en juin dernier au festival d’Annecy. Il arrive en salles ce mercredi.

 

 

Gloups ! Je suis un poisson, Pierre et le Loup, Niko le petit renne, Ronal le Barbare, Ploddy la voiture électrique. Vous avez sûrement déjà entendu parler, voire vu un des précédents films cités. Souvent (toujours ?) orienté pour les très jeunes enfants, l’animation nordique n’en est pas moins prolifique et vient régulièrement pointer le bout de son nez un peu plus à l’ouest. Mais pas toujours pour le meilleur.

A la poursuite du Roi Plumes, deuxième long métrage de Esben Toft Jacobsen après L’Ours Montagne, ne déroge pas à la règle. Comment souvent dans ce genre de films d’animation, on y suit des animaux mignons. Une famille de lapin est en train d’emménager mais la mère tombe très malade et fini par être emportée par le Roi Plumes. Le père, pour protéger Johan décide de partir en pleine mer, au milieu de l’océan. Mais quand le premier part sur le continent pour chercher des provisions, le second va aller dans l’autre monde, à la recherche du Roi Plumes et de sa mère disparue.

Le véritable problème d’A la poursuite du Roi Plumes ne réside ni dans son aspect visuel ni dans son scénario mais pour ses choix artistiques. Visiblement pour atténuer le message se voulant fort du film, le réalisateur a un parti pris d’utiliser non pas des humains comme il l’avait fait pour son précédent long métrage mais des lapins, c’est à dire les animaux les plus mignons du monde. Ce choix ferme toute identification possible aux personnages et on ne sera pas une seule fois ému ou touché par l’histoire un tant soit peu triste et par les évènements qui accablent le protagoniste.
Ce dernier n’est pas en reste du manque d’identification : on a devant nous un jeune lapin (8 ans pour les humains à peu près) désobéissant, stupide, irrévérencieux, bref, le parfait portrait du sale gosse. Son père, quant à lui, est un personnage sans aucune personnalité.

Voulant aborder des thèmes très dur (à savoir la mort, accompagné de régime totalitaire et d’anarchie), le long métrage se retrouve constamment le cul entre deux chaises, en effleurant à peine les messages qu’il essaie de faire passer. Dans la première partie du film, on explique aux enfants la mort d’un parent suite à une longue maladie, et comment il n’est pas possible de faire revenir quelqu’un des morts. Malheureusement, ce sujet est tellement traité par dessus la jambe et les métaphores complètement foireuses (le garçon qui rejoint le monde des morts en se noyant), qu’on n’en a que faire.
Pour la deuxième partie, dans le royaume du Roi Plumes (le royaume des morts donc), le premier thème est complètement délaissé pour évoquer ici le régime totalitaire : tout le monde obéit au doigt et à l’œil d’une entité surpuissante, sans jamais se poser de questions. Jusqu’à ce petit lapin qui décide de « et pourquoi on lui obéirait ? » et rallie tout le monde à sa cause. Évidemment, tout finit totalement en foutoir et on revient sur le régime totalitaire du début, avec un semblant de démocratie. Et ? C’est tout. Traité avec légerété, les messages se voulant fort, qui auraient pu l’être, sont au final totalement ratés, en plus d’être clichés. Cliché est bien le mot adéquat pour un scénario cousu de fil blanc et un peu stupide, surtout dans ses personnages et la bêtise accablante de Johan à chacune de ses décisions (et globalement de l’ensemble des personnages), où les différents niveaux de lectures ne fonctionnent pas.

Visuellement, le film est très étrange. Par moment, on a des plans superbes, des textures photoréalistes vraiment très réussies. Et parfois, on a l’impression de voir une cinématique d’un jeu vidéo pour enfant d’il y a 10 ans, façon Adibou. C’est laid, grossier, comme si ça avait été fait très (trop) rapidement pour terminer le film en temps et en heure. Les personnages n’ont aucune âme, aucune personnalité visuelle, ils sont tous les mêmes, simplement différenciés par leurs vêtements.

Passez votre chemin sur ce Roi Plumes, et préférez un voisin Totoro si vous voulez montrer un film à message à votre enfant. Ce n’est même pas assez drôle pour qu’on ne s’y ennuie pas.

 


A La Poursuite du Roi Plumes
– Sortie le 15 octobre 2014
Réalisé par Esben Toft Jacobsen
Avec Edvin Ryding, Tuva Novotny, Gustaf Hammarsten
Johan et son père vivent tous les deux seuls sur l’océan. Johan aime leur bateau : il y a une serre pour faire pousser les carottes, des filets pour pêcher de magnifiques poissons, c’est aussi le lieu idéal pour des parties de cache-cache… Un jour, alors que son père va à terre pour chercher des provisions, il capte un mystérieux message à la radio… et décide alors de partir à la poursuite du Roi Plumes…

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