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Critique : A Dangerous Method

Michael Fassbender est partout. Il sera début décembre à l’affiche de Shame et quelques semaines plus tard à celle du nouveau film de David Cronenberg : A Dangerous Method.

Face à lui, Keira Knightley et deux habitués du réalisateur de La Mouche : Viggo Mortensen (A History of Violence) et Vincent Cassell (Les Promesses de l’Ombre). Elle est une patiente souffrant d’histérie. Eux sont respectivement Carl Jung et Sigmund Freud.

Critique psychologique.

 

 

A Dangerous Method
Réalisation de David Cronenberg.
Scénario de Christopher Hampton.
Avec Michael Fassbender, Keira Knightley, Viggo Mortensen.
Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d’hystérie, est soignée par le psychanalyste Carl Jung. Elle devient bientôt sa maîtresse en même temps que sa patiente. Leur relation est révélée lorsque Sabina rentre en contact avec Sigmund Freud…

 

Lorsque pour son tout premier film à coloration historique, David Cronenberg (Frissons, Le Festin Nu, Crash, Les Promesses de l’Ombre, entre autres) croise Christopher Hampton, dramaturge, scénariste, metteur en scène émérite (notamment pour Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos), il est inévitable que les attentes soient grandes… Pourtant le défi n’est pas mince, comme pour chaque reconstitution, surtout lorsqu’il s’agit ici d’évoquer la relation de deux des plus grands génies- de la philosophie et de la psychanalyse- en les personnes de Carl Jung et Sigmund Freud. Le contrat est, dans les grandes lignes, largement rempli.

A l’aube du XXème siècle s’ouvre un moment de la pensée particulièrement polémique. Autour de Sigmund Freud, campé dans le film par un connu chez Cronenberg, Viggo Mortensen, se développe un cercle viennois de pensée, au point de départ de la psychanalyse, pointé du doigt par la médecine de l’époque comme étant une vaste fumisterie. Entre Freud, le père de la discipline, et Jung (Michael Fassbender), l’héritier désigné, une relation surtout épistolaire, passionnée, s’établit, sur la théorie comme sur la pratique. C’est précisément sur ce dernier point qu’intervient Sabina Spielrein, patiente hystérique admise à la clinique de Jung, que celui-ci analyse selon les préceptes de Freud. Une fois guérie, une liaison s’établit entre la patiente et le docteur, qui jette le trouble sur les principes de Jung.

Le film tire sa force de deux grandes qualités indéniables. En premier lieu, le jeu des acteurs est impeccable. Viggo Mortensen, soigneux comme toujours dans la préparation de ses rôles, incarne jusqu’au moindre cigare la personnalité de Freud, certes brillant, certes au firmament de sa discipline et du monde intellectuel de l’époque, mais également enfermé dans un certain rigorisme ou rigidité, duquel il ne sortira jamais. Michael Fassbender, un acteur décidemment à suivre, rentre dans la peau de Jung, un personnage qui contrairement à celui de Freud connait une évolution étonnante : du docteur rempli d’admiration et de déontologie du début du film, il ne reste plus grand-chose à la fin, si ce n’est un homme en proie au doute, qui n’a pas hésité à « tuer le père », en quête de nouveaux horizons de pensée. Quant à Keira Knightley, qui est loin d’être un faire-valoir ici, elle affiche un éventail de jeu d’actrice éblouissant de sensibilité, de justesse. Elle tient le rôle pivot du film, celui qui fait basculer la relation entre deux monstres de la pensée du début du XXème siècle. En outre, ces acteurs ont la chance d’évoluer dans des dialogues particulièrement denses et subtils, qui invitent le spectateur, dans une sorte de mise en abime, à rentrer eux-aussi dans le jeu de la psychanalyse : les pensées des intellectuels sont disséquées à l’écran.

De tout ceci émane un film impeccable, comme en témoignent une réalisation discrète, sans effet de manches inutiles, sans fioritures ; une photographie à couper le souffle, presque picturale, et des couleurs qui évoquent sans trop de peine l’ambiance de ce début de XXème siècle. Cronenberg et Hampton réussissent donc le pari de mettre à l’écran une œuvre de cinéma qui a le mérite de ne pas galvauder les thèmes, pourtant difficiles, qu’elle se devait de traiter, et qui offre la rare opportunité de découvrir sous un autre angle les génies de l’humanité, souvent élevés si haut qu’on en oublierait presque qu’ils sont – avant tout- des hommes.

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2 commentaire

  • par PJ2
    Posté mardi 20 décembre 2011 15 h 44 min 0Likes

    Bien mais… Cronenberg fait un gros écueil: le film est expédié en 1h40 là où il aurait pu allègrement dépasser les 2h car c’est une vraie fresque qu’il dépeint. Il est passionnant dans son intelligence, dans les mécanismes de la pensée de deux grands hommes; en cela « A Dangerous Method » se suit sans déplaisir. Mais les nombreux raccourcis -de nombreuses années qui passent en quelques minutes, la narration par voix off interposées lors de phases de lecture- laissent pantois. On a vraiment l’impression d’effleurer son sujet sans réellement l’atteindre, car le film est centré sur l’histoire de cette patiente prise d’hystérie; Keira Knightley dans ce rôle difficile est très juste. Fassbender est impeccable, et Mortensen excellent dans son incarnation de Freud. Il a une telle présence et un tel charisme qu’on y croit tout de suite. Vincent Cassel doit avoir à peu près 5min de présence à l’écran, son personnage est assez anecdotique. Au final on a l’impression d’un film avorté, qui aurait pu être monumental mais qui ne fait qu’effleurer son sujet à force de coupes. Dommage…

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