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Critique : 3 Billboards, Les Panneaux de la Vengeance

Près de six ans après le vraiment pas terrible Sept Psychopathes, Martin McDonagh revient au cinéma avec un nouveau long métrage pour lequel il a tout simplement remporté le Golden Globes du Meilleur Film lors de la cérémonie qui s’est tenue le 7 janvier dernier. Rien que ça.

Ce nouveau long-métrage qui, comme le dit bien son titre français, raconte une histoire de vengeance s’offre quelques comédiens fétiches du réalisateur : Sam Rockwell (également récompensé), Woody Harrelson, Abbie Cornish ainsi que l’incroyable et aussi lauréate Frances McDormand.

 

LA CRITIQUE

Le titre anglais était plus énigmatique que sa semi traduction française. Three Billboards Outside Ebbing Missouri évoque d’abord ces grands panneaux publicitaires qu’on trouvait à l’entrée des villes américaines après des heures de route en rase campagne. Un enchainement de trois grandes planches de bois qui permettaient de vanter les mérites de l’endroit traversé, vite remplacés par de la publicité plus classique sur les bords des autoroutes.

Ces panneaux servent de vengeance, donc, au personnage de Frances McDormand qui veut attirer l’attention sur le fait que la police locale n’a rien fait pour retrouver le coupable du viol et du meurtre de sa fille. Elle réussit naturellement son coup, puisque les médias sont attirés et qu’on se remet à parler de l’affaire en ville. Face à elle, surtout, deux flics dont l’un est bien raciste (Sam Rockwell) et l’autre en fin de vie, gravement malade (Harrelson, toujours épatant).

C’est évidemment un portrait de la campagne américaine que Martin McDonagh réalise à travers son film, une envie de montrer des personnages jamais manichéens au coeur d’une petite ville du Missouri. Même si l’on aime y partager des bières sous des porches en regardant le coucher du soleil, c’est dans ce genre de bourgade que tout le monde observe tout le monde et qu’au fond on se déteste quand même pas mal. Même si certains seconds rôles sont trop en retrait (on aurait aimé en savoir plus sur le personnage de Peter Dinklage ou celui de John Hawkes), l’écriture fine et sensible de McDonagh, à la fois réalisateur et scénariste, permet des personnalités toutes plus intéressantes les unes que les autres, entre l’héroïne qui en a marre de se laisser dicter son quotidien par quelques hommes et les forces de l’ordre à la ramasse. Le rapport avec la police, souvent une relation d’amour-haine selon les circonstances, est d’ailleurs au coeur de l’intrigue et l’horrible flic incarné par Sam Rockwell ne fait rien pour arranger les choses.

Avec Frances McDormand dans le rôle principal, Three Billboards rappelle le cinéma des frères Coen. C’est à la fois une qualité et un défaut puisqu’on a l’impression que McDonagh a un peu trop singé certains aspects de leur cinéma. On pense d’autant plus à Fargo que l’actrice y a tourné. Mais McDonagh finit par livrer sa propre vision, mise en image par de superbes cadres et quelques jolies trouvailles visuelles à l’instar d’un plan-séquence qui a dû être bien complexe à tourner.

Lauréat de plusieurs prix et en route pour les Oscars, Three Billboards manque néanmoins d’un petit quelque chose (d’émotion ?) pour mériter d’être nommé partout. Les acteurs sont tous incroyables. Frances McDormand livre un portrait d’une femme forte face à l’adversité qui résonne forcément avec l’actualité. Et la réalisation est jolie mais la concurrence en face est rude (Del Toro !). Vous vous ferez votre propre appréciation quand aux classements et autres remises de prix. Ca n’enlève rien aux qualités du film.

Three Billboards, de Martin McDonagh – Sortie le 17 janvier 2018

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