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Critique : 21 Jump Street

Créée en 1987 par Stephen J. Cannell (L’Agence Tous Risques, Rick Hunter), 21 Jump Street est une série policière américaine qui a révélé Johnny Depp au grand public et a eu droit à cinq saisons et un spin off, Booker.

La série mettait en scène un groupe de jeunes flics infiltrés dans un lycée pour y résoudre des affaires. Se voulant sérieuse, touchant des problèmes de société réalistes, elle semble à mille lieux de la comédie qui sort en salles ce mercredi et qui est réalisé par Phil Lord et Chris Miller.

Mais, si ça fonctionne, pourquoi pas ? Arkaron, qui n’a pas vu la série originale, c’est laissé séduire.

21 Jump Street – sortie le 6 juin 2012
Réalisé par Phil Lord et Christopher Miller
Avec Channing Tatum, Jonnah Hill
Deux policiers fraichement sortis de l’école ont pour mission de se faire passer pour des lycéens afin de démanteler le trafic d’une nouvelle drogue aux effets destructeurs. Très vites emportés par leur nouvelle tâche, les deux étudiants supposés perdent de vue leur objectif et commettent des erreurs qui pourraient compromettre aussi bien leur couverture que leur amitié…

 

Après leur Tempête de boulettes géantes, le duo Lord et Miller revient à la barre d’un projet intrigant de refonte, au format cinéma, de la série télévisée 21 Jump Street. En toute honnêteté, je n’ai jamais vu cette série ; je n’ai donc aucun idée du registre qu’elle adoptait, ni de sa qualité.

Ceci étant dit, cette nouvelle version se présente comme une comédie avec un soupçon d’action et un intérêt certain pour le buddy movie. Ce dernier élément, si absent de l’exposition, se retrouve propulsé au centre des enjeux dès lors que la mission de nos deux héros est lancée. Un court dialogue, initié par l’un d’eux, permet ainsi d’énoncer la problématique explorée par le scénario : dans quelles mesures une amitié présentée comme infaillible peut-elle atteindre son point de rupture et renaître ensuite de ses cendres ?

Rien de très original là dedans, mais le script a le mérite de proposer une évolution logique et prenante de ses protagonistes. Certes, l’ensemble manque globalement de profondeur, et certains raccourcis peuvent parfois se faire sentir malgré une narration aux petits oignons, mais le traitement est assez cohérent pour maintenir l’attention du spectateur (ce qui est, hélas, trop demander de beaucoup d’autres films du genre).

Les différents stades émotionnels pas lesquels passent les personnages sont peu surprenants mais toujours pertinents : quand l’un va devoir apprendre l’humilité, l’autre va découvrir la suffisance, inversant ainsi les pôles d’interaction pour conduire à une redécouverte de leur relation. Si tout ceci est traité de manière sincère, le film ne manque cependant pas de prendre du recul sur son propos, lançant de temps à autre des allusions humoristiques dont la fonction se révèle plus méta-textuelle que simplement comique.

Ainsi, l’écriture propose quelques réparties ou situations savoureuses se moquant gentiment des codes du film de potes, ponctuant par la même occasion le métrage de sautes comiques parfois hilarantes. Attention, cependant, car l’humour utilisé par le scénariste Michael Bacall (également derrière l’adaptation de Scott Pilgrim) embrasse par moments l’absurdité la plus totale lorsque pris au premier degré, mais gagne en légitimité une fois la relecture du genre acceptée.

En outre, l’écriture ne se fait pas seul vecteur de ce second degré omniprésent, comme le prouve la mise en scène de Lord et Miller, qui jouent habilement sur les codes narratifs qui leurs sont proposés pour créer des ruptures de registre (les enchaînements épique/banal, notamment). On pourrait alors craindre que le spectateur se retrouve abruptement évacué du récit ; heureusement, les personnages sont assez bien dépeints et assez bien interprétés pour permettre le maintien de la suspension d’incrédulité.

Toutefois, tout ne fonctionne pas parfaitement dans ce remake, et certaines scènes se perdent en extrapolations inutiles qui font baisser un rythme par ailleurs soutenu. Par conséquent, on regrette que le script n’ait pas su être plus dense (ce qui aurait évité d’avoir recours à des résolutions expéditives) et offrir des personnages plus approfondis. Ces quelques lacunes dans le développement de l’intrigue ont pour effet de faire ressentir la transition du petit au grand écran, donnant à penser que le traitement des protagonistes aurait été bien meilleur sur une plus longue durée.

Dans l’ensemble, ce 21 Jump Street est une réussite inattendue, et donne l’occasion au duo de cinéastes de faire preuve, encore une fois, d’ingéniosité dans la mise en scène. On se demandera cependant ce qu’une suite (déjà prévue) pourrait bien apporter de plus à nos deux flics un peu immatures en effet, tout semble avoir été dit, et continuer l’aventure exigerait d’avoir un scénario irréprochable…

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