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Cannes, jour 2 : Notre Petite Soeur, Le Fils de Saul

Mad Max Fury Road a été montré ce jeudi à Cannes et toute l’équipe de CloneWeb a pu voir la machine de guerre lancée en pleine vitesse par George Miller que ça soit sur la Croisette ou à Paris.

Avant de vous en parler aussi largement que possible, retournons donc au Festival se tenant dans le Sud de la France où Alexis choisit avec beaucoup de justesse les long-métrages qu’il choisit de voir.
Au programme de cette deuxième journée un très beau film du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda et Le Fils de Saul, un film très dur traitant des camps de concentration.

 

Cannes 2015, jour 2

6h, lever aux aurores après une première journée de labeur. Que pourrait justifier un tel traitement que de découvrir le Mad Max : Fury Road de George Miller ? Un film nécessaire au Septième Art. Fantastique, incroyable, dingue ! Les adjectifs dithyrambiques ne manquent pas pour qualifier ce long-métrage complètement fou visuellement et hors de la norme. Quelques heures après, nous découvrions loin des déserts post-apocalyptiques le beau film de Hirokazu Kore-eda.

 

Notre petite sœur de Hirokazu Kore-eda
Sortie le 28 octobre 2015

Le dernier long-métrage de Hirokazu Kore-eda est certes plus léger en grand spectacle que celui de George Miller, mais il reste cependant tout aussi impliqué dans la place des femmes dans la société. Le réalisateur japonais derrière Still Walking ou Tel père, tel fils poursuit sa grande thématique sur les relations familiales avec ces trois sœurs qui, à la mort de leur père, invitent leur quatrième mais demi-sœur à vivre avec elles. La petite Suzu n’hésitera pas une seconde à cohabiter avec Sachi, Yoshino et Chika et apprendra à mieux les connaître.

Ce ménage à quatre en sororité permettra également aux trois ainées à découvrir cette benjamine qui leur avait été tenue à l’écart, car fille de la maîtresse de leur père. Chacune à ses problèmes, ses tracas du quotidien, ses problèmes de cœur, mais aucune animosité entre elles. Une véritable harmonie se construira au fil des scènes de partage de repas ou de secrets. Notre petite sœur est une vraie belle parenthèse, car jamais leur relation commune ne sombre dans la colère ou l’hystérie. Hirokazu Kore-eda réussit à peindre équitablement un beau portrait de chacune des quatre sœurs. Cependant, leur lien le plus solide se bâtira sur ce chaque sœur pense d’elle-même.

Toutes se trouvent des défauts que les autres voient comme une force. Bien qu’il présente encore avec délicatesse la culture japonaise, Notre petite sœur transcende les cultures sur l’acceptation de soi. Il n’y a que des profils qui ne se complèteront vraiment qu’avec les autres membres de leur famille unies d’autant plus fort avec l’arrivée de Suzu. C’est un peu cela le cinéma de Hirokazu Kore-eda. Pas de fioritures émotionnelles, juste l’amour, simplement. L’amour filial qui se répand et grandit inlassablement. C’est un vrai beau moment que nous aura fait passer Notre petite sœur qui, à la fin du long-métrage, est devenue un peu la notre également.

Bien évidemment, un prix d’interprétation féminine collectif serait une juste récompense pour l’ensemble de ce casting à la fois beau et touchant.

 

Le Fils de Saul (2015) de László Nemes
Sortie en novembre 2015

Bon… Comment parler avec mesure et justesse des camps d’extermination de la Seconde Guerre mondiale ? Un sujet sensible, oui. Un sujet risqué, très. Un sujet polémique, toujours. Dès l’ouverture, on peut reconnaître au réalisateur hongrois László Nemes son parti-pris de mise en scène clair et sans équivoque, suivant ce sonderkommando (prisonnier juif suivant les ordres des officiers nazis), incarné avec une extrême retenue par Géza Röhrig, qui va prendre le risque d’enterrer le corps d’un jeune garçon qu’il dit être son fils.

Après la définition textuelle de ce qu’est un sonderkommando, le cadre 1,33 et la pellicule 16mm se chargent du reste. Nemes ne lâche jamais Saul. À côté, derrière lui, la caméra ne s’arrête de filmer que pour les ellipses entre les séquences et ne cesse de tourner autour du personnage principal. Le long-métrage cherche à s’approcher de l’archive et d’attester de l’horreur qui s’est jouée pendant cette période. À chaque acte, nous découvrons à l’échelle humaine les multiples rouages de la machine de mort mise en place par les nazis. Le plus obsédant restant le bruit. Les cris, les hurlements, les supplications, la rythmique de la mécanique de l’extermination est assourdissante, mais nous saisi en permanence d’effroi tant le format d’image restreint laisse le hors-champ sonore remplir le reste du tableau.

Que dire de l’entreprise d’un tel projet ? Car bien souvent, dans de tels extrêmes, le manichéisme refait surface et peut laisser supposer une description facile où les bourreaux ne sont plus des êtres humains et ne sont plus que le mal absolu. Aucun officier ne montrera d’empathie ou d’humanité en vers Saul ou qui que ce soit. Aucun d’entre eux ne considérera le sort de leurs victimes, s’amusant d’eux avec un cynisme glaçant ou prêts à confondre leurs sonderkommandos avec les autres innocents débarqués pour les jeter dans la fosse commune. Le Fils de Saul est un film dur, lourd. C’est une expérience relativement traumatisante du fait que son réalisateur n’élève jamais sa caméra. Nous restons au milieu de ces prisonniers dans cet univers où la folie humaine dépasse l’entendement.

Pour sa première réalisation, László Nemes offre une proposition de mise en scène tranchée sur les camps d’extermination. Un film déstabilisant, mais qui pose une nouvelle pierre à l’édifice sur la manière dont la fiction peut aborder ce travail de mémoire.

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