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Belle : Rencontre avec Mamoru Hosoda

Summer Wars, Le Garçon et la Bête, Ame et Yuki, Mirai Ma Petite Soeur. En une poignée de longs métrages, Mamoru Hosoda s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus importants de l’animation japonaise actuelle.

A l’occasion de la sortie de Belle, nous l’avons rencontré dans un bel hôtel parisien pour évoquer son nouveau long-métrage. Et finir par geeker sur Goldorak. Pour les plus japonophones, l’interview est également disponible en bas de page en vidéo.

Pourquoi avoir choisi de revenir aux mondes virtuels dix ans après Summer Wars. Qu’est ce qui a changé ?
En 2000, j’ai réalisé le film Digimon. Le virtuel est l’un de mes sujets depuis vingt ans. On a eu plein d’espoir quand Internet est arrivé, les jeunes y ont cru. Mais les choses ont changé. Il y a beaucoup plus d’utilisateurs, et les défauts des humains y transparaissent : attaques personnelles, harcèlement, fake news, informations subjectives politiquement. Mais ce sont des problèmes liés à l’humanité, Internet n’a fait que les révéler.

L’héroïne du film trouve le courage dans le monde virtuel d’affronter le monde réel. Internet peut-il donc changer le monde positivement ?
Il y a des aspects négatifs. En tant que père, je suis inquiet pour mes enfants qui vont découvrir les réseaux sociaux et je voudrais les protéger. Mais il y a des aspects positifs, des choses possibles uniquement virtuellement. On peut faire des rencontres, partager des émotions avec des inconnus. On peut imaginer des miracles, comme pour l’héroïne de Belle. Oui, je voulais être positif et encourageant.

J’ai eu la chance de rencontrer Tomm Moore, qui a travaillé sur le film et je lui ai demandé s’il avait une question pour vous. Il aurait aimé savoir pourquoi avoir choisi des artistes étrangers et si vous le referiez ?
J’aime beaucoup le travail de Tomm Moore. J’ai adoré Le Chant de la Mer et ma femme aime tous ses films. Il y a beaucoup de points communs entre nos cultures, japonaises et irlandaises. Précisément, je voulais décrire un monde universel donc il me fallait une diversité d’artistes. L’œuvre originale, qui a inspiré Belle, est française. J’ai travaillé avec un « chara designer » américain, Jin Kim, et Tomm Moore a travaillé sur certaines séquences.
Le monde de l’animation avait beaucoup de barrières. Mais la pandémie nous a permis à travailler à distance. Tout cela nous a permis de trouver une esthétique universelle.
Le lendemain de cette interview, je vais d’ailleurs diner avec Tomm Moore. Ce sera la première fois qu’on se rencontrera en vrai, nous n’avions que travailler ensemble à distance.

Le point commun de vos derniers films, c’est la famille. Mais ce sont souvent des familles cassées. Pourquoi ?
Belle montre un monde virtuel dans lequel on peut interagir avec des inconnus. Les relations humaines au sein d’une même famille peuvent-elles se construire plus facilement qu’à travers Internet ? Je pense que la réponse est non.
Dans le monde numérique, Belle réussit très bien sa vie. J’ai donc imaginé qu’il lui fallait des problèmes dans le monde réel, au sein de sa propre famille. Elle essaye quand même de réparer ses relations familiales. Je trouve cela très réaliste.

L’autre point commun de vos films, c’est l’opposition entre un monde fantastique (ou, ici, virtuel) et un monde réaliste.
Je pense qu’il y a un double visage, une opposition, dans chaque chose. Pas seulement dans chaque personne mais dans chaque chose. Je m’intéresse beaucoup à cette dualité. On ne se demande jamais si la droite c’est mieux que la gauche ou si le bleu est meilleur que la couleur rouge. Les deux peuvent co-exister. Le mal et le bien fonctionnent de la même manière.
La beauté et la laideur fonctionnent aussi par paires. On ne comprend la beauté en entier qu’en s’intéressant à la laideur. Ne s’intéresser qu’à l’esthétique, c’est comprendre à moitié.

Il y a des références manifestes à la Belle et la Bête de Disney. Est-ce volontaire ? Connaissiez-vous la version de Jean Cocteau ?
Beaucoup de gens me parlent de la version Disney. S’il y a des scènes qui y font penser, il y a aussi des scènes inspirées du film de Jean Cocteau, que j’ai découvert en premier. Et j’aime les deux. J’aime la Bête chez Cocteau, car il est intéressant, adorable, attirant. Et j’aime quand il pleure. J’espère que les gens vont y retrouver des éléments de son film dans le mien.
J’ai utilisé un château proche de celui de Disney pour rappeler le film, et que les gens le voient comme une mise à jour, une update de l’histoire.
J’invite désormais les gens à trouver eux-même les références.

Vous avez un prochain projet ?
Je voudrais continuer ce que je fais et je compte bien réaliser un nouveau film.

Pour finir, j’ai une question un peu personnelle : j’ai un neveu de quatre ans qui ressemble beaucoup à Kun dans Mirai Ma Petite Soeur. Que lui montrer comme dessin animé japonais pour qu’il commence ?
Il est français ? Goldorak, alors !

Quand j’étais petit, je regardais UFO Robo Grendizer. Mais au Japon, ce n’est pas Goldorak qui est le plus populaire, c’est Mazinger Z. Pouvez vous m’expliquer son succès en France ?

En fait, Goldorak est la seule série à avoir été diffusée ici

J’avais analysé que Great Mazinger et Mazinger Z étaient des séries assez « brutes ». Peut-être que ça ne plaisait pas aux enfants français. Actarus, lui, est un héros élégant qui avait plus de succès. C’est en tout cas ce que j’ai imaginé.

Je pense que c’est surtout une question de diffusion. Mais moi je préfère Actarus, c’est le plus super-héroïque des héros précédents.

Ayant travaillé pour Toei Animation, je suis ravi de voir que ces séries plaisent encore au public étranger.

Est-ce que ce sont ces séries qui vous ont donné envie de faire de l’animation ? Quel a été le point de départ ?
Je regardais des séries à la Goldorak comme tous les enfants. Mais les deux animes qui m’ont donné envie de faire ce métier sont Galaxy Express 999 et Le Chateau de Cagliostro.

Merci à Tomm Moore, à Guillaume Caumel, Youssef Lemouher, et Shoko Takahashi.

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