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Annecy 2014 : l’animation au bord de l’eau #1
Nous sommes à Annecy. Son lac, ses pédalos, son vieux quartier mignon et son Festival International du Film d’Animation. Le programme s’annonce aussi chargé que passionnant : projections, avant-premières, rencontres…
Avant de revenir plus longuement sur certains films prévus dans les salles et de vous proposer du contenu inédit, retour sur la première journée du festival.
Train, hôtel, incidents techniques retardant une organisation pourtant militrée : Annecy commence comme en 2012 et les habitudes reviennent, les sensations aussi. C’est un peu comme revenir dans un endroit qu’on aime visiter, rouvrir une vieille maison de campagne où on passe une fois l’an. Et c’est surtout l’occasion de voir de nombreux films.
Manieggs – Revenge of the Hard Egg (Hongrie – 2014)
Réalisé par Zoltán MIKLÓSY
Deux individus sont restés quinze jours derrière les barreaux pour un crime qu’ils n’ont pas commis. À leur sortie, ils n’ont qu’une idée en tête : se venger. Ce film dénonce certaines aberrations de notre époque et l’injustice qui nous entoure.
Quelle idée de commencer un festival sur un film aussi étrange. Le pitch parait simple, voir déjà vu, mais il faut imaginer que Manieggs est une histoire où tous les personnages sont des oeufs, habillés, avec des mains et des jambes non raccordées à leur corps (à la manière de Rayman, disons). Animés en 3D mais avec les yeux et la bouche animés en 2D. Le tout dans une ambiance où seulement trois ou quatre couleurs sont utilisées. Le style retenu et la simplicité d’une animation vieillotte retirent tout intérêt visuel à la chose. Reste donc l’histoire à laquelle on tente désespérement de s’accrocher, entre personnages clichés, véritables caricatures (imaginez une version de Danny Trejo en oeuf), et script digne d’un épisode de Max Payne. Malgré des tentatives de faire trash pour relever le niveau, on s’ennuie quand même pas mal. De là à dire au réalisateur d’aller se faire cuire un oeuf, il n’y a qu’un pas.

Saibi (The Fake, Corée du Sud 2013)
Réalisé par Sangho YEON
Ce thriller met en scène une personne réputée de bonne composition, qui ment à propos d’un individu méchant en train de dire la vérité, et les gens qui les entourent.
On vous a laissé le pitch officiel pour que vous fassiez une idée. Il est incompréhensible ? Le film n’est guerre mieux. Sangho Yeon choisit de raconter l’histoire d’une fausse secte mise en lumière par un individu qu’on pourrait qualifier de méchant dans une autre production, mais qui sera de fait le héros malgré son comportement violent et outrancier. Quand un réalisateur choisit de faire un film d’animation plutôt que live, c’est souvent pour une bonne raison. Ici, on se demande ce qui a pris le Coréen d’animer ce truc bizarre en 2D par ordinateur. C’est terne, pas très beau, inintéressant et on ne sait jamais vraiment où on veut en venir. Passez votre chemin.

L’Ile de Giovanni (Japon, 2014)
Réalisé par Mizuho NISHIKUBO
Au lendemain du conflit le plus dévastateur que l’humanité ait jamais connu, l’île minuscule de Chikotan a été rattachée à l’oblast de Sakhaline. Dans ce coin perdu du monde, une amitié se tisse doucement entre des enfants de deux pays différents, s’efforçant de dépasser les barrières du langage et les remous de l’histoire. Basé sur des faits réels.
Il flotte un air du Tombeau des Lucioles sur cette île de Giovanni. Mais imaginez le film de Takahata s’il avait été plus joyeux et si les deux héros avaient été plus entourés. Le film de Nishikubo évoque en effet deux garçons à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dans une île tout au nord du Japon. Leur village se fait « coloniser » par l’armée russe qui s’y installe. Ils vont devoir apprendre à cohabiter, mais seront vite rattrapés par la guerre. Enchanteur grâce à la fraicheur et la spontanéité de ses personnages, le film est bien plus sombre qu’il n’y parait car, même s’il est montré par le regard des enfants, on ne peut s’empêcher de voir des choses moins faciles en arrière plan. N’hésitant pas à citer Leiji Matsumoto à travers un train galactique, le réalisateur livre une oeuvre puissante, forte et émouvante. A voir s’il passe encore près de chez vous.