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Un Dimanche, Une Critique : Ghosts of Mars

Après vous avoir parlé de Big Trouble in China et de l’Antre de la Folie, Arkaron a choisi de vous parler aujourd’hui d’un 3e film de John Carpenter, le seul sorti dans les années 2000 et en attendant de pouvoir évoquer The Ward, la réalisation de Carpenter prévue pour fin 2010 et pour laquelle nous n’avons eu aucune image jusque là.
Un Dimanche, Une Critique est donc consacré à Ghosts of Mars

Ghosts of Mars – Sorti le 24 août 2001
Réalisé par John Carpenter
Avec Natasha Henstridge, Ice Cube, Jason Statham, Pam Grier
Mars, 2176. Melanie Ballard, une jeune officier qui faisait partie d’une équipe chargée d’escorter un dangereux criminel, est retrouvée inconsciente dans un train fantôme. Afin d’éclaircir la situation, une audience est organisée en sa présence. Elle conte alors l’aventure qui l’a conduite jusqu’ici…

« Le cinéma? Une fable
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. »

Le bruit et la fureur. Et l’ironie, aussi.

Unique rejeton cinéma de Big John à avoir vu le jour dans les années 2000, Ghosts of Mars est souvent considéré comme un échec. Étrange sort pour un film qui n’a pourtant rien à envier à ses prédécesseurs, et qui se révèle même intéressant sur plusieurs points. Ainsi, décomposer la narration de Ghosts of Mars, c’est un peu comme entreprendre une expédition de spéléologie dans les bas-fonds de la série B. Des tunnels, imbriqués les uns aux autres, qui amènent à un point, puis font demi-tour, et qui recèlent nombre de petits trésors pour qui sait les apprécier. Et à force d’amasser des pépites, on obtient un lingot.

À son sens du récit toujours plus efficace, Carpenter ajoute donc cette narration non-chronologique qui, à chaque nouveau mouvement, créé un nouveau narrateur pour une durée plus ou moins limitée. De cette multiplication des points du vue, il est possible de retenir une volonté d’accentuation, voire d’exagération des caractéristiques de la diégèse, à savoir un chaos brutal tant visuel que sonore. Cependant, le chaos en question n’est pas introduit avant une première partie qui emprunte sans hésitation quelques codes au western, qu’il s’agissent des plans américains ou des situations (la ville déserte, le dangereux criminel emprisonné). Si les westerns ont souvent une tendance à iconiser leurs protagonistes, John Carpenter a toujours eu une certaine habileté pour iconiser ses personnages maléfiques. Je ne vous parle bien sûr pas de John « Désolation » Williams, interprété par un Ice Cube totalement à la ramasse, mais du grand méchant, sobrement nommé Big Daddy Mars, amalgame vestimentaire et graphique de quelques influentes figures de la scène Métal. Son introduction tardive (ainsi doublement efficace) correspond d’ailleurs au basculement du film vers un récit purement SF de série B assumée, avec des influences récurrentes du jeu vidéo.

Série B assumée oui, d’abord grâce à cette bande-son couillue et dépouillée tout simplement insupportable à quiconque n’apprécie pas le Heavy Metal, ensuite par le simple choix des personnages. Plus qu’un hommage, l’utilisation des bimbos -blondes de préférence- aux gros… flingues, qui dégomment du méchant, devient un revival plein de second degré quand les scénaristes font de Mars une colonie matriarcale dans laquelle les femmes sont reines et les hommes suivent les ordres à la lettre, quoiqu’il y ait toujours des exceptions. Je ne vous parle bien sûr pas de Jericho Butler, beauf de base qui se prend pour un dur, incarné par un Statham pre-Transporteur, mais encore une fois du grand méchant, toujours nommé Big Daddy Mars, qui aime par dessus tout l’ouvrir pour faire comprendre que les colonisateurs doivent dégager, et vite. Ironie, encore, que de créer un triangle symbolique de personnages qui se disputent la vedette: c’est ainsi que la blondinette, double représentation canonique malgré elle, à la fois du fantasme geek et de l’émancipation féministe, va devoir allier ses forces au dangereux rappeur style « gangsta », porte-parole des minorités de la société occidentale, afin de défaire le grand méchant pas beau sataniste aux airs de rockeur, petit-fils d’un mouvement d’idéologie contestataire.

Tour de force, comme souvent, du grand John Carpenter, qui réussit à créer un système tout à fait contemporain dans un film qui crie pourtant le passé des années 70-80 (les riffs de guitare, Pam Grier et son aura, les références aux anciens films du genre, le traitement esthétique, etc.). Alors oui bien sûr, les détracteurs pourront trouver tous les défauts du monde au dernier bébé du charpentier, à la fois noyau synthétique de toute une branche du cinéma, huit-clos en plein air dans une ville entière, et démentiel Deathmatch d’Unreal Tournament à la sauce western, et au rare pouvoir expiatoire de pulsions frag-istes ; mais vous savez ce qu’on leur dit, n’est-ce pas? Tant pis pour eux.

« -Let’s just kick some ass.
-It’s what we do best. »

-Arkaron

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5 Comments

  • par The_Geek59
    Posté dimanche 26 septembre 2010 9 h 59 min 0Likes

    Vraiment bourrin ce film, je ne l’ai pas revu depuis sa sortie au cinéma, il faudrait que je jette un coup d’œil…

  • par Olivier
    Posté dimanche 26 septembre 2010 11 h 02 min 0Likes

    Pour moi les deux meilleurs films de Carpenter sont « Christine » et « Invasion Los Angeles ».

  • par Snapdragon
    Posté dimanche 26 septembre 2010 19 h 01 min 0Likes

    Je l’ai en DVD, et pourtant jamais regardé… je jèterai un coup d’oeil bientôt ! ^^

  • par RED ROCKS
    Posté mardi 28 septembre 2010 10 h 22 min 0Likes

    Tout est résumé dans le dernier pargraphe… Un des plus mauvais Carpenter. Tout comme Argento, Landis, Romero, Dante, etc. ces réals qui nous ont fait vibrer jadis sont en perte de vitesse maintenant (depuis plus de dix ans quand même), ou alors c’est nous qui avons mal vieilli…

  • par cloneweb
    Posté mardi 28 septembre 2010 11 h 03 min 0Likes

    Un peu des deux, non ?
    Un mec comme Joe Dante semble faire le même cinéma depuis toujours, et donc son « The Hole 3D » a du mal à sortir en 2010.

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