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Baby Driver : Rencontre avec Edgar Wright

Edgar Wright est passé par Paris et le Forum des Images pour présenter son nouveau film, l’excellent Baby Driver. L’évènement était de taille : tous les billets pour la projection, précédée d’une masterclass du réalisateur de Scott Pilgrim, ont été vendus en moins d’une minute.

Nous étions dans la salle. Voici donc, pour ceux qui se sont battus en vain pour obtenir leur sésame d’entrée, ce qui s’est dit en amont d’un film aussi cool qu’incroyablement rythmé. A noter que la rencontre avait lieu avant le film, les questions du public étant donc celles de gens qui ne l’avait pas encore vu.

Qu’est ce qui vous motive à écrire ?
Ca dépend du film. Pour la Trilogie Cornetto, c’était plus des souvenirs, parfois des métaphores de ce qui s’est passé dans ma vie. Pour celui-ici, c’est différent. Il a été inspiré par une puis plusieurs chansons. Et j’ai imaginé un film à partir de cela.

Vous aimez vous amuser avec les genre : le film de zombies, le buddy movie et maintenant le film de gangster
J’aime le cinéma de genre. Ce que j’aime aussi, c’est détourner le sujet avec un coté subversif. Ici, c’est un braquage mais vu du point de vue du chauffeur et à travers la musique qu’il écoute. Je voulais lui donner un ton unique, en faisant de la musique de moteur du film.

La musique est la force de vos films. Comment choisissez-vous les morceaux que vous utilisez dans vos films ?
La musique a eu un rôle important dans mes précédents films et j’ai pris du plaisir à tourner certaines des scènes, comme celle dans Shaun of the Dead sur la musique de Queen. L’idée était que le juke box choisisse au hasard, et qu’on se retrouve avec une chanson très pop pendant une invasion de zombies. Je me suis tellement amusé à tourner ce genre de scènes chorégraphiées, montées sur de la musique que je me suis demandé si je pouvais faire ça sur un film entier. Avant même d’écrire Baby Driver, j’avais déjà huit chansons en tête. Et même en période d’écriture, je n’écrivais les scènes que quand j’avais les chansons correspondantes. A la fin du premier brouillon, j’avais une liste de vingt cinq chansons. Il y en a trente cinq dans le film terminé. Finalement le choix se fait de différentes meilleurs mais là j’étais conduit par la musique

Vous faites beaucoup de recherches. Sur Hot Fuzz, vous avez rencontré des policiers. C’est important pour vous que les films soient ancrés dans le réel ?
Ca dépend du film. On n’a pas pu interviewer de zombies pour Shaun of the Dead… Pour ce film comme pour Le Dernier Pub, nous nous sommes basés sur notre propre expérience, nos relations. Pour Hot Fuzz, nous avons interviewé des policiers. Ici, j’ai pu rencontrer d’anciens voleurs, d’anciens chauffeurs aussi, ce qui était formidable à faire. Et puis je suis l’Anglais qui vient faire un film de braquage aux USA donc pour moi le seul moyen de rendre le film authentique était de rencontrer d’anciens détenus. L’un d’eux est devenu consultant pour le script, il a lu le scénario, et ajouté des notes, donné des détails très utiles.

Parlons du montage. Les montages de vos films sont très travaillés. Comment travaillez-vous avec vos monteurs ?
Je n’ai travaillé qu’avec trois monteurs dans ma carrière. Celui qui a monté Shaun of the Dead et Hot Fuzz a travaillé avec moi sur Spaced. L’un des monteurs de Scott Pilgrim venait aussi de Spaced. Travailler avec toujours les mêmes personnages permet de faire des raccourcis.
J’ai l’habitude de tourner pour le banc de montage, pour qu’il n’y ait qu’une manière d’assembler le film. Je ne suis pas du genre à tourner une scène sous tous les angles possibles. Je choisis mes angles de manière bien spécifique, surtout sur Scott Pilgrim. On faisait aussi en sorte que tout soit pensé pour qu’aucune scène n’ait de plans identiques, l’angle était chaque fois différent.
Sur Baby Driver, on a travaillé un peu de la même manière, d’autant qu’on avait en plus la musique avant de tourner. En plus, on a pu faire un peu de montage sur le tournage, Paul Machliss était là pour ça. Ca permettait de s’assurer que la musique fonctionne puisque tout est lié à elle. On ne voulait pas se retrouver avec une mauvaise surprise après le tournage au montage. Paul a donc beaucoup travaillé sur le tournage, très vite. Les acteurs étaient impressioné qu’à la fin de la journée on ait quelque chose d’à peu près propre à leur montrer.

Vous avez déclaré avoir beaucoup aimé « Grave ». Y a t il d’autres films français cette année qui vous ont plu ?
Grave est probablement mon film préféré depuis le début de cette année. C’est un très bon film que vous devriez regarder si ce n’est pas déjà fait. Je me suis demandé avant cette rencontre quelles œuvres m’avait touché pour ce film. Je crois que Caro et Jeunet m’ont beaucoup marqué, pas forcément leur style mais ce qu’ils ont fait. Je peux aussi citer Leos Carax et son Holy Motors. Pour une vidéo de présentation de Baby Driver, j’avais repris une de ses scènes de Mauvais Sang, celle qui est montée sur Modern Love de David Bowie. Il y en a surement plein d’autres.

Le projet a commencé il y a plusieurs années. Pourquoi étiez vous tant obsédé par ce script, qui remonterait à 1995 ?
Il existe en tant que script depuis une dizaine d’années. Avant cela, c’était une idée. Il y a vingt deux ans, alors que je ne me considérais pas encore comme un réalisateur, c’était un fantasme. J’avais une idée pour une séquence. Il fallait que je l’écrive pour me la sortir de la tête. Maintenant je dois me pincer parce que le film sort enfin.

Quelles ont été vos influences ? Vous avez relu le script de The Driver de Walter Hill…
Il y en a beaucoup d’autres. Je peux citer The Driver, Bonnie and Clyde, Guet-Apens de Sam Peckinpah. Reservoir Dogs, Heat, Point Break. Le script de Baby Driver était compliqué parce qu’il est difficile d’écrire une course poursuite. Il faut décrire avec des mots ce qui sera excitant à l’écran. C’est délicat à faire et Walter Hill y est parvenu avec brio. Son écriture est fantastique.
Walter Hill fait d’ailleurs un cameo vocal dans les cinq dernières minutes du film.

Les courses poursuites sont très réalistes. Il n’y a pas d’effet numérique ?
5% du film est tourné sur fond vert. Le reste est vrai.
Les cascades sont réelles, on a tourné les scènes de conduite avec les acteurs dans de vrais décors aussi, et pas sur fond vert. C’était beaucoup plus compliqué à faire, surtout sur la première poursuite, mais vous pouvez voir les acteurs à bord des voitures. Et je pense que de voir les acteurs sur la route, à grande vitesse, vaut le coup d’oeil.

Comment gardez-vous le contrôle créatif sur votre film, avec toute la pression des studios ?
Etre à la fois réalisateur et scénariste aide. Vous pouvez contrôler votre propre script. Ca rend les choses plus faciles. Sinon le studio aurait des différences d’opinion sur le déroulement du scénario. Je dois aussi ajouter que je suis une personne ouverte, pas un réalisateur qui garde tout secret. Quelqu’un comme Stanley Kubrick virait tout le monde pour tourner en secret. Moi j’aime que les gens voient tout ce que je fais, qu’ils ne soient pas sur la touche, pour qu’il n’y ait pas de surprise. Moi je travaille mon script et je présente mon plan de travail pour que tout se passe bien, et même s’il doit y avoir des reshots ensuite. J’ai eu de la chance de pouvoir faire des films de cinglé financés par de gros studios.

Est-ce que vous seriez tenté de faire un film d’animation ?
Je pense que oui. Mais en même temps, j’ai des amis qui font de l’animation et je suis pleinement conscient de la difficulté que ça représente. J’adore l’animation. Il faudrait un projet sur lequel je puisse totalement m’impliquer.

Merci à Hélène Toucheron, Sony Pictures France et aux différents intervenants de la rencontre.

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