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PIFFF #1 : The Duke of Burgundy, Shrew’s Nest…

Le Paris International Fantastic Film Festival édition 2014, c’est parti !

Du 18 au 23 novembre, le Gaumont Opéra accueille les fans de cinéma d’horreur et fantastique pour cinq jours et nous sommes dans la salles. Nous avions déjà eu l’occasion de voir quelques titres dont le film de Takashi Miike montré en ouverture à Neuchatel mais aussi Housebound, Alleluia de Fabrice du Welz, Starry Eyes ou encore Night Call qui arrive bientôt dans les salles.

Pour ses premières heures en salles, Jean-Victor s’est donc tourné vers le nouveau film de Peter Strickland, un premier film produit par Alex de la Iglesia ainsi que l’indispensable délire coréen R100.

 

The Duke of Burgundy (2014)
de Peter Strickland

Avec un précédent film aussi curieux et original que Berberian Sound Studio, Peter Strickland ne pouvait pas passer à travers les projecteurs concernant la suite de sa carrière, raison pour laquelle ce Duke of Burgundy était forcément attendu.
L’histoire d’une belle aristocrate qui vit une relation fétichiste avec sa femme de ménage, ou du moins ce qui semble l’être au premier abord, tant ici on joue sur les apparences dans l’exposition pour mieux faire tomber les masques après avoir découvert toutes les étapes du jeu de rôle auxquels les deux amantes s’adonnent. Analysant le cycle du jeu qu’elles refont inlassablement et les variations progressives qui s’y incrusteront au fur et à mesure, Strickland s’intéresse ici au fonctionnement d’une relation pas comme les autres, où les rôles ne cessent de s’inverser, celle ayant le dessus sur l’autre n’étant pas forcément celle que l’on croit. Si il délaisse le côté sulfureux et charnel pour mieux se centrer sur ses personnages et leur psychologie à fleur de peau, le réalisateur n’en livre moins un objet en apparence un peu trop hermétique, presque autiste dirons certains, tant les modifications à chaque cycle peuvent paraitre dérisoires, surtout sur des personnages dont l’évolution globale est finalement assez restreinte. Cela fait partie du projet narratif du film et de ses thèmes bien sûr, mais on devine bien vite où l’on va et pour peu que vous n’accrochiez pas émotionnellement à l’univers ou à ses métaphores entomologiques un peu balourdes, l’ennui peut vite pointer le bout de son nez. Cela est dû à une mise en scène emphatique, certes en accord avec son sujet, dans un résultat bien moins ludique que son précédent film, et peut être encore plus difficile d’accès.

 

Shrew’s Nest (2014)
de Juanfer Andrès & Esteban Roel

Faire un premier film avec l’aide de Alex de la Iglesia, c’est passablement la classe !
C’est en tout cas ce qui est arriver à Juanfer Andrès & Esteban Roel qui sautent le pas du long métrage après quelques courts pour suivre deux sœurs vivant ensemble dans les années 40, avec un petit soucis concernant la plus âgée : elle est agoraphobe au point de ne pouvoir sortir de son appartement. L’arrivée soudaine d’un homme blessé à sa porte va évidemment chambouler un peu son quotidien… La première partie un peu curieuse se concentre suffisamment sur la maladie de cette femme incarnée par Macarena Gomèz pour qu’on ait envie d’en savoir plus, d’autant que la relation entre les deux sœurs est des plus curieuses. Seulement voilà, lorsqu’il faut développer réellement les enjeux et faire avancer le récit, on retombe dans les travers du thriller horrifique couillon comme pas deux. Vous savez, ces films qui mettent des œillères à leurs personnages pour mener à bien leur plan, même si un tas de décisions débiles, d’absences de réactions et de faits et gestes tarabiscotés passent par là pour que ça passe (ou pas) ? Et bien on en a là un fier représentant, qui tombe dans la gaudriole gore à deux sous pour mieux finir sur un twist à l’inutilité narrative totale, qui n’est là que pour l’effet. Et ce n’est pas le casting de têtes connues, dont le charismatique Luis Tosar, qui y change quoi que ce soit.

 

R100 (2013)
de Hiroshi Matsumoto

Bien que Marc vous en ait déjà parlé précédemment sur CloneWeb, je ne peux m’empêcher d’en remettre une couche sur le foufou R100 de Matsumoto, un artiste japonais dont le précédent Zaya Samurai avait fait un peu de bruit en France. Je ne peux pas m’en empêcher parce que j’ai été absolument soufflé par la liberté délirante d’un tel film, qui s’autorise tout avec une audace folle qui ne cache pas moins qu’une grande humilité. Un paradoxe à l’image de cette œuvre, qui démarre sur un monsieur tout le monde japonais qui s’est abonné au service d’un club très spécial pour épicer son quotidien morose. Le principe : se faire tomber dessus par des mannequins tout de cuir vêtues qui lui en collent plein la poire pour repartir de plus belle, ni vues ni connues.
La première demi-heure de film renferme en elle une tristesse monstrueuse qui en dit long sur la solitude d’un peuple usé et fier, avec ce père de famille qui élève seul son gosse, et qui ne trouve rien d’autre pour pimenter sa vie que de se faire frapper. On rit un peu au début de R100, mais on rit jaune, tant il se dégage une grande détresse de ce train-train morbide.
Et soudain, alors que le générique d’intro arrive après 30 minutes (rien ne les retiens ces japonais !), le réalisateur embarque son personnage dans une bataille pas possible face à cette multinationale du bondage ( ?!), avec des agents secrets de passage ou des femmes spécialisés dans des pratiques peu ragoûtantes. Le n’importe quoi soudain contre balance totalement avec l’intro, et si on doute de pouvoir rire sincèrement d’un tel spectacle après s’être fait autant plomber le moral, le miracle se produit tant le film fonce tête baissée dans cette fantaisie de mille feux, qui s’autorise en ultime lieu une mise en abîme génial avec un comité de censure effaré par le spectacle que l’on est en train de voir. Non seulement Matsumoto ne renie aucun des aspects très divers de son film mais il les embrasse tous et les assume pleinement, revendiquant un éclectisme total, pour une œuvre décoiffante.

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