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NIFFF : Haunter, The Dyatlov Pass Incident, Daft Punk…

Aaah Neuchatel, la Suisse, son lac, ses spécialités locales et … son Festival du Film Fantastique. Jean-Victor et Arkaron y ont vu quantité de films ce lundi et vous en parle.

Au menu du jour : Haunter, le nouveau film de Vincenzo Natali avec Abigail Breslin; Tulpa, un giallo inédit réalisé par Frederico Zampaglione; Electroma des Daft Punk ou encore le petit dernier de Renny Harlin (Die Hard 2 et Cliffhanger quand même) intitulé The Dyatlov Pass Incident et pour le moment uniquement sorti en Europe de l’Est, le film étant une co production russe.

Et plein d’autres choses encore…

 

 

Haunter
de Vincenzo Natali (2013)

L’impressionnant canadien enchaine un des meilleurs films de genre de ces dernières années (j’ai nommé Splice) avec une déconvenue totale : un film de maison hantée dont les codes sont, encore une fois, retournés pour n’aboutir à rien d’autre qu’un film consensuel au possible, écrit de bien mauvaise façon et déroulant une mécanique rouillée depuis longtemps. On commence donc avec Lisa, adolescente qui découvre vite que quelque chose cloche dans le quotidien répétitif de sa famille. Les jours passent et sont exactement les mêmes, à ceci près que des présences étranges se manifestent progressivement. D’abord très classique et plutôt engageant, le script propose une prise de position sur l’adolescence, qui laisse entrevoir un potentiel certain, augmenté d’une mise en scène efficace et sous-entendant quelques instants de recul de la part du réalisateur. Hélas, les belles promesses s’envolent lorsque les personnages multiplient les décisions idiotes et illogiques, venant fragiliser un scénario qui se révèle incapable de maintenir une cohérence interne. En effet, les transitions d’un monde à l’autre se font au gré des besoins du script et sans l’ombre d’une explication, tandis que la menace incarnée par l’antagoniste laisse de marbre. Le film devient une déception totale lorsque Natali, qui installait dans ses précédents métrages une atmosphère sordide en l’espace de quelques séquences, résume sa mise en scène à de pathétiques jumpscares qui deviennent vite lassants. Pire, certaines scènes sont des plagiats purs et simple d’Insidious : le premier contact physique entre les deux mondes, l’utilisation de filtres vieillis ou encore l’acte final. Desservi par un script inepte, des acteurs peu impliqués, une direction neutre sinon faible et une musique tout simplement inexistante, Haunter réunit tous les attributs de la commande studio faite à un cinéaste dont le précédent travail n’avait pas marché à sa juste valeur.

 

Simon Killer
d’Antonio Campos (2013)

Un jeune homme qui vient de rompre avec sa copine s’installe provisoirement à Paris pour faire le point sur sa vie. Très vite, il rencontre une femme dont il s’éprend et s’arrange pour rester plus longtemps que prévu… Que dire de cette perte de temps ? Simon Killer est très simplement un film qui n’a strictement rien à raconter. Le spectateur doit donc s’infliger les déambulations d’un être pathétique, paumé et écœurant pendant deux heures, sous l’œil neutre du metteur en scène, qui préfère filmer des scènes érotiques moins érogènes tu meurs plutôt que d’insuffler une vie à cette chronique moribonde et surtout sans le moindre intérêt. Jamais la fabrication du film ne justifie d’investir temps ou argent dans cette vanité psychanalytique à deux balles. A éviter sous peine de perte de foi en l’habilité de l’espèce humaine à créer des films de qualité.

 

Tulpa
de Frederico Zampaglione (2013)

Rien de mieux pour conclure une journée assommante de médiocrité qu’un petit giallo des familles. Amateurs du genre, n’hésitez pas, Tulpa est un exercice de style visant à recréer l’ambiance des gialli italiens ayant peuplé les cinémas des années 1970. Jeux de lumière fluo travaillés, personnages-fonction habituels, scènes d’angoisse de pacotille servant uniquement à justifier des meurtres au traitement graphique stylisé, quotas de lames, jumpscares, seins nus et égorgements respectés, et musique hypnotique : tous les ingrédients ou presque sont rassemblés pour offrir au public un petit digestif cinématographique. Alors oui, les défauts du genre ne sont pas évités. Comme par peur de s’essayer à dépasser les modèles, Tulpa reste dans les sentiers battus et répète toutes les erreurs de fabrication quasiment inhérents aux gialli. Mais bon, on ne lui demandait pas de révolutionner l’horreur au cinéma et Tulpa a le mérite de proposer un récit honnête et premier degré. Parfait en festival ; sans doute sympathique à la maison.

 

The Dyatlov Pass Incident
de Renny Harlin (2013)

Renny Harlin est et restera l’homme de quelques actionners des années 80 tels que Cliffhanger ou Die Hard 2. Depuis, on ne peut pas dire que sa carrière ait fait des étincelles, le finlandais ayant comme derniers faits d’armes Le Pacte du Sang ou encore 12 Rounds. Oui oui, le film avec le catcheur John Cena. Mais oubliez ces erreurs de parcours, car Harlin est de retour…
The Dyatlov Pass Incident s’inspire d’un fait réel dans lequel 9 expéditeurs ont péri au beau milieu des montagnes de l’Oural dans des circonstances étranges. L’occasion parfaite pour prendre 5 étudiants un peu concons et les envoyer faire un documentaire sur place, avant que l’histoire ne se retourne contre eux à leur tour.
Inutile de tergiverser, ce nouveau found footage est une catastrophe intégrale, le film montrant durant 80% de son temps 5 débiles faisant du trekking en montagne en ayant des conversations sans intérêt et pas plus.
Non seulement on ne croit pas une seconde aux images présentées tant le found footage est une fois de plus tordu dans tous les sens, mais surtout, jamais la production n’est à la hauteur de ce qu’elle est censée montrer : soit disant au sommet d’une montagne dangereuse dans des conditions extrêmes à parfois -50 degrés, les ados du film se baladent la plupart du temps à visage découvert sans problème, dorment dans des tentes Quéchua tout ce qu’il a de plus basique, et sont parfois en jogging. L’Oural, c’est plus ce que c’était. Et si vous avez le courage d’attendre au bout d’une heure vingt de film que le récit décolle, vous aurez le droit à des zombies téléporteurs dont le rendu est digne d’une cinématique de playstation première génération. Et vous pouvez croire que je force le trait, mais même pas, les dites bestioles faisant passer les monstres de Je suis une légende pour un sommet de photo-réalisme. Le tout dans une tornade de shakycam, entre deux explications de scénario hasardeuses pour justifier un bordel fantastique sans nom, histoire de finir en jus de boudin.
Ça a l’air désastreux dis comme ça et ça l’est.

 

Ghost Sweepers
de Shin Jeong-Won (2012)

Les Ghost Sweepers du titre, ce sont des exorcistes coréens qui exercent leurs talents respectifs (médium, chasseur d’esprit…) dans tout le pays jusqu’au jour où une grande menace les pousse à unir leurs forces pour dissoudre du fantôme pas gentil.
Tout ça a l’air très sérieux sur le papier mais rassurez-vous, Ghost Sweepers est une comédie d’horreur comme il y en a tant en Asie vu que le genre cartonne là bas. Du coup, c’est beaucoup plus drôle qu’horrifique (faut rameuter les mioches que voulez-vous) et ça se sent beaucoup dans un film qui met un point d’honneur à mettre en scène des personnages un peu couillons et enchaînant les quiproquos et gags potaches dans une tornade humoristique qui fait mouche une fois sur deux. Le film se retrouve du coup handicapé lorsqu’il doit raconter son histoire, problème qui a l’air de lui mettre des bâtons dans les roues, lui qui préfère amuser la galerie. Le dernier tiers en souffre méchamment tant on se moque de ce qui se passe sans vraiment saisir toutes les ramifications du script, mais pour peu que vous ayez les bridés gentiment foufous, Ghost Sweepers devrait vous donner le sourire.

 

Daft Punk’s Electroma
de Thomas Bangalter & Guy-Manuel de Homem-Christo (2006)

Ils ont explosé les charts cette année avec leur dernier album Random Access Memories et vous ne pouvez pas y échapper dans les médias avec leur tube Get Lucky : les Daft Punk sont partout, même au NIFFF! Sélectionné par le producteur de Kavinsky Marc Teissier du Cros dans sa carte blanche pour la catégorie “When Music Scores”, ce film datant de 2006 est écrit, produit et réalisé par les deux frenchies qui mettaient en scène leurs alter-egos robotiques dans un trip au sens propre comme figuré.
Dénué de dialogues et baigné dans une bande son de titres que les Daft ont choisis à droite à gauche sans jamais y mettre l’une de leurs compositions, ce Electroma impressionne par la qualité de certaines de ses images, entre un road trip aux plans parfois vertigineux ou une scène d’opération au contraste noir sur blanc d’une pureté démentielle. Globalement, l’histoire du film peut se résumer au nom du troisième album du groupe, Human After All, et leur univers est cultivé avec une subtilité certaine et une culture pour le moins dense, les influences allant de Kubrick aux films des années 70 type Vanishing Point en passant par Quentin Dupieux. Ceçi dit, et combien même on sait que ce genre de film trip exige un laisser aller total du spectateur, le tout aurait facilement pu être sabré d’au moins 20 bonnes minutes sans en altérer les sensations tant on a par moment la forte impression que les deux frenchies tiraient sur la corde autant que possible afin de rentrer dans la catégorie long-métrage.
Difficile d’accès et parfois trop étalé, Electroma n’en reste pas moins un OFNI étonnant, d’une intégrité intacte et possédant quelques instants de beauté subjuguants.

 

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