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Critique : The Walk, Rêver Plus Haut

Après une fin d’été un peu tristoune en matière de sorties cinéma de qualité, l’automne arrive avec ses bras chargés de trésors. Les festivités commenceront avec Crimson Peak le 14 octobre prochain (dont on reparlera vite) pour se prolonger ensuite avec The Walk. On compte aussi beaucoup sur Regression, Seul sur Mars, Spectre ou Le Pont des Espions pour nous en mettre plein la vue et nous donner envie de remplir les salles de cinéma.

Mais d’ici là, grimpons donc au sommet de grattes-ciel…

 

LA CRITIQUE

Attention, l’article contient de très légers spoilers.

Retour vers le Futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit, Forrest Gump, Apparences, Seul au Monde, sa trilogie en performance capture puis son retour au live avec Flight. La carrière de Robert Zemeckis a toujours été de haut vol, le réalisateur jonglant autant avec les genres qu’avec les succès. Après avoir raconté l’histoire d’un pilote alcoolique incarné par Denzel Washington ayant sauvé les passagers d’un avion d’un crash, il reprend de la hauteur avec The Walk, sous-titré Rêver Plus Haut en français, biographie du funambule Philippe Petit.

Philippe Petit a aujourd’hui 66 ans. Vers l’âge de 16 ans, il commence à apprendre tout seul le métier de funambule. Rêveur passionné et amateur de sensations fortes, il ose passer d’un sommet de Notre Dame de Paris à un autre en 1971. C’est alors qu’il s’imagine passer d’une tour du World Trade Center, encore en construction, à une autre. Un défi de cinglé pour lequel il va s’entrainer et pour lequel il aura besoin d’une équipe afin d’installer le câble qui reliera les tours jumelles new-yorkaises.

Bien conscient que la traversée de Philippe Petit a déjà été racontée dans le documentaire oscarisé Le Funambule (Man on Wire), Robert Zemeckis qui co-signe le scénario avec Christopher Browne propose donc quelque chose de différent. Au lieu de raconter les faits à la manière d’un biopic formel, il se laisse aller à la rêverie et au conte. Ainsi, il ouvre son film sur une scène se déroulant à Paris et intégralement tournée en noir & blanc sauf quelques petites touches de couleurs dans lequel Petit -brillamment incarné par Joseph Gordon-Levitt- se livre à des facéties dignes du Mime Marceau ou de Buster Keaton. Non seulement l’introduction est brillante par sa mise en scène mais les bases sont posées : on est face à quelque chose « inspirée … d’une histoire vraie » mais portée par l’imagination de son réalisateur. D’ailleurs, le film enchaine avec le héros de l’histoire confortablement installé au sommet de la Statue de la Liberté d’où il va narrer le reste de son histoire.

Dans le même ordre d’idées, la rencontre avec Charlotte le Bon est tournée dans un décor parisien en carton dans lequel tous les personnages semblent surgis d’une carte postale ou d’une comédie musicale à l’ancienne façon Chantons sous la Pluie.
C’est toute la magie de Robert Zemeckis qui se trouve concentrée dans ce premier acte, on y retrouve même une certaine fantaisie à laquelle le réalisateur nous avait peu habituée (à part peut-être dans Scrooge) et on ne peut s’empêcher de penser aux couleurs d’Amélie Poulain ou à l’univers d’Hugo Cabret de Martin Scorsese.

Aux arbres parisiens, Robert Zemeckis va opposer l’acier de New York. Le deuxième acte, s’il va garder un peu de la folie du chapitre précédent, va se muer en un film de casse, où une équipe doit planifier un coup, comme on l’a vu récemment dans Ant Man ou il y a plus longtemps chez Steven Soderbergh. Changement de registre pour expliquer en détails la minutie du plan de Philippe Petit et sa volonté d’aller au bout de ses rêves. Le World Trade Center devient alors plus qu’un simple bâtiment mais un élément à part entière de l’intrigue, au même titre que l’était le Nakatomi Plaza de Piège de Cristal.

Mais il faudra attendre le dernier acte et la traversée elle-même pour se prendre dans la face la toute puissance de The Walk. Magnifiée par une 3D d’une qualité inédite (n’allez pas voir le film en 2D, il perdra une grande partie de son intérêt), la réalisation de Zemeckis explose quand il s’agit de simplement filmer un homme sur un fil. Le relief permet de ressentir la hauteur et son danger, au point de donner au spectateur de vraies sensations de vertiges. Mains moites, genoux qui tremblent, larmes nerveuses. On vit chaque pas de Philippe Petit comme si on était à ses côtes, le point d’orgue était une scène incroyable sur Lettre à Elise de Bethoveen. Après Alfonso Cuaron ou Alejandro González Iñárritu, Robert Zemeckis rejoint les rangs de ceux qui ont décidé de faire du cinéma l’expérience la plus immersive possible, de ne pas seulement vous conter une histoire que vous pourriez voir sur un petit écran mais de vous la faire vivre.

On savait que le réalisateur de Seul au Monde était un formidable technicien doublé d’un très bon narrateur d’histoires. On l’imaginait moins capable d’une telle poésie. Zemeckis choisit l’angle du conte pour raconter l’aventure de Philippe Petit, et il le fait avec brio, livrant l’un des films les plus vertigineux de 2015.

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