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Critique : Lumière ! L’aventure commence

Délégué général du Festival de Cannes, patron de l’Institut Lumière et de son festival à Lyon, Thierry Frémaux est actuellement partout le bouquin qu’il sort, intitulé « Sélection officielle » aux éditions Grasset.

Mais il sera aussi cette semaine à l’affiche d’un film qu’il compose et auquel il apporte sa voix : Lumière L’aventure commence, compilation de films restaurés de ceux qui ont tout simplement inventé le cinéma.

 

LA CRITIQUE

Que la lumière soit ! Ainsi pouvait être titré ce programme concocté avec un soin méticuleux par Thierry Frémaux. Entre l’Institut Lumière et le Festival de Cannes, cet agent capital du cinéma contemporain nous emmène en 2017 aux origines du Septième art avec ces 108 vues, sélectionnées parmi les milliers de réalisées par les fondamentaux frères Lumière et leurs opérateurs, compilées dans ce long-métrage tout simplement intitulé Lumière ! L’aventure commence.

À l’instar de son comparse le cinéaste Bertrand Tavernier qui nous avait emmené dans un Voyage à travers le cinéma français l’an dernier, Thierry Frémaux nous propose un retour en arrière sur ce que pouvait offrir l’expérience cinématographe de réalisme, d’humour, d’action, d’exotisme… aux premiers spectateurs de la fin du XIXème siècle et des portes qu’ouvrait cette nouvelle technologie. Car il n’y a pas d’autre art qui est le plus dépendant de l’évolution des techniques de l’image (et depuis du son) que le cinéma.

Aujourd’hui encore, il reste compliqué de rendre aussi immersive qu’au départ la sensation d’une projection du cinématographe. Ces très court-métrages appelés “vues”, muettes et en noir et blanc, étaient également limitées par la longueur de la bobine de pellicule à une cinquantaine de secondes, selon la vitesse à laquelle était tournée la manivelle par l’opérateur. Celles-ci ont été ici restaurées en 4K, essayant de leur redonner leur éclat d’antan, leur stabilité et une régularité à leur vitesse de défilement. Mieux encore, Thierry Frémaux aura taillé dans son cadre 1,85 pour réduire encore la dimension de celui des vues, afin de leur redonner leur taille de projection initiale. Il ne nous manque plus que le son du cinématographe dans la salle pour que l’illusion soit complète, hormis la participation des compositions de Camille Saint-Saëns et la voix du réalisateur.

Eh oui, car en bon guide éclairé, Thierry Frémaux ne nous laisse pas seuls face à ces images d’un autre temps. Il nous propose de les contempler, de les analyser et les décrypter à travers un commentaire pédagogique. Pour tromper l’inévitable redondance de la séance, Frémaux aura classé les vues en différentes thématiques, replaçant les vues dans leur contexte avec quelques anecdotes intéressantes. Plus encore, c’est leur caractère documentaire que le réalisateur met en avant. Ces témoignages en images étaient aussi extraordinaires à découvrir à l’époque qu’elles nous sont précieuses aujourd’hui pour reconstruire ce passé depuis disparu. Ce sont aussi les débuts de la mise en scène et du choix crucial du cadre. Les contraintes techniques du cinématographe avaient établies inconsciemment auprès dans l’œil des opérateurs les notions de cadre, de perspectives, des éléments de composition, de la profondeur de champ à prendre en compte afin de prendre sur le vif ces événements en moins de cinquante secondes.

Lumière ! L’Aventure commence est à coup sûr un objet précieux dans la préservation de ces premiers pas d’une technique photographique qui deviendrait un art à part entière. Mais son côté didactique plus ouvert à un grand public ne vous rendra pas nécessairement l’expérience plus attrayante si jamais vous êtes allergique à l’aspect daté de ces premiers balbutiements au combien fascinants du cinéma.

Lumière ! L’aventure commence, de Thierry Frémaux – Sortie en salles le 25 janvier 2017

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