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Critique : Locke

Discrètement, le nouveau film de Tom Hardy sortira dans les salles ce mercredi après un passage en festivals.

Après avoir incarné Bane dans The Dark Knight Rises de Christopher Nolan et avoir tourné devant la caméra de John Hillcoat, le comédien s’est manifestement dit qu’il était de temps de retourner à une plus petite production. Le voici donc dans le rôle principal du nouveau film du réalisateur de Crazy Joe, Steven Knight, en compagnie du pléthore de comédiens britanniques : Ruth Wilson (Luther), Andrew Scott (Sherlock) et Olivia Colman (Broadchurch).

En attendant de le voir au volant d’un tout autre genre de bolide.

Avant de le retrouver prochainement dans un carnage d’essence et de tôle froissée au milieu du désert australien, Tom Hardy nous convie à un moment de conduite nocturne sur les autoroutes britanniques avec ce Locke. Découvert lors du Champs Élysées Film Festival, ce long-métrage se place dans une catégorie bien à part dans les oeuvres de fiction. On pourrait très bien le relier au film Buried avec lequel il partage de nombreuses similitudes en nous enfermant avec son personnage principal en un seul et même lieu.

En effet, Locke risque d’être une expérience étrange pour ceux qui n’y sont pas trop coutumiers. Lorsque l’on découvre Ivan Locke quitter son chantier de construction et monter dans sa voiture, il est surprenant de découvrir que nous allons rester coincés dans la berline (avec quelques plans pris depuis l’extérieur du véhicule, bien sûr). Il ne s’agit pas non plus de regarder Tom Hardy derrière son volant pendant 1h30 respecter les limitations de vitesse. Cette nuit d’Ivan Locke s’annonce longue au fur et à mesure que les problèmes s’accumulent.

Instant prévention : CloneWeb n’encourage à aucun moment à travers ces lignes de conduire tout en téléphonant (ou l’inverse) !

… Alors que c’est exactement ce que le comédien est obligé de faire, évitant aussi que l’on se retrouve dans une interminable publicité pour une marque de voiture allemande. L’intrigue se construit avec les différents interlocuteurs qui se succèdent dans le haut-parleur du kit main libre : son amante qui attend va pour accoucher de son enfant, sa femme qui découvre qu’elle a été trompée, ses fils devant un match de foot qui ne comprennent pas ce qui se déroule en coulisses, son supérieur et un collègue inexpérimenté qui doit le remplacer à la dernière minute et agir à sa place. Comparé au danger de mort qu’affronte Ryan Reynolds dans Buried, on est loin d’enjeux à conséquence directe pour le héros (hormis l’accident de voiture à ne jamais raccrocher).

Locke est le second long-métrage de son réalisateur. Plutôt habitué à l’écriture (cinéma comme télévision), Steven Knight avait déjà signé en 2013 Crazy Joe avec Jason Statham en tête d’affiche. Loin du genre action, Locke est plus une expérience risquée mais pas forcément originale. Le huis-clos avec un seul personnage a déjà été tenté à plusieurs reprises et Steven Knight n’a pas grand chose d’intéressant à dire de plus en apportant sa pierre à l’édifice. Ce type de récit blinde le film de contraintes techniques et visuelles que la mise en scène se doit de contourner. Or, Steven Knight est plus scénariste que réalisateur. Filmé en permanence avec les deux à trois mêmes angles de caméra, rien ne nous surprend jamais. Le manque cruel d’inventivité pour rendre ce voyage digne d’intérêt donne plus l’impression d’un caprice de scénariste que d’une véritable réflexion de metteur en scène.

Le film n’a pas l’air d’avoir coûté trop cher On n’en saura que plus indulgent vis-à-vis de Steven Knight. Difficile de gratter plus loin que la surface qu’on nous propose, car il serait prématuré d’imaginer derrière une quelconque réflexion sur des relations humaines rendues virtuelles par la technologie moderne ou tout autre baratin de ce genre. Locke est un film bien tenu par son acteur vedette mais souffre d’un vide immense. Le voir parler au téléphone d’affaires sentimentales foireuses ou du tonnage de béton pour le chantier du lendemain n’est guère palpitant. Ce ne sera pas les apparitions gratuites et maladroites du fantôme de son père pour le juger depuis la banquette arrière qui relèveront le niveau. Et cette fin qui nous laisse toutes les pistes développées encore irrésolues nous laisse sur un terrible sentiment d’inachevé.

 

Locke – Sortie le 23 juillet 2014
Réalisé par Steven Knight
Avec Tom Hardy, Ruth Wilson, Olivia Colman
Ivan Locke a tout pour être heureux : une famille unie, un job de rêve… Mais la veille de ce qui devrait être le couronnement de sa carrière, un coup de téléphone fait tout basculer…

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