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Critique : John Wick

Le cinéma d’action semble soudainement avoir le vent en poupe.

Alors que le genre est désormais cantonné au direct-to-DVD ou aux rassemblements de vieilles gloires sur le retour, le film d’action a été remplacé majoritairement par l’adaptation de comics dans les salles obscures, et on est souvent obligés d’aller voir des mecs en cape ou des robots géants quand on a envie d’un peu d’action à la cool à l’écran.

De fait, savoir que Pierce Brosnan et Keanu Reeves sont tous les deux là ce mercredi pour remettre les pendules à l’air fait bien plaisir. En effet, The November Man ne sera pas le seul actioner visible ce 29 octobre. Il faudra aussi compter sur John Wick.

On ne peut pas vraiment dire que Keanu Reeves a réussi son retour sur le devant de la scène. Entre un Man of Tai Chi passé complètement inaperçu (alors qu’il était plutôt sympa) et un 47 Ronin d’ores et déjà haut placé dans le tableau des gros bides hollywoodiens (150 millions de recettes mondiales pour un budget de plus de 200…), l’Elu n’a plus vraiment la côte, malgré une certaine singularité dans les projets qu’il choisit, à l’image de son nouveau film John Wick. Présenté comme un vigilante movie violent, réalisé par deux coordinateurs des cascades chevronnés dont c’est la première réalisation et produit notamment par Eva Longoria (?!), ce projet improbable risque peu d’offrir à son interprète principal un nouveau succès. Mais un bon film, ce serait déjà pas mal non ?

Dans la catégorie des scénarios risibles sur le papier, John Wick se pose là.
Keanu Reeves y joue un homme solitaire, vivant dans une superbe villa, dont la vie n’a plus de sens après la mort de sa femme. Passant ses journées à s’exciter au volant de sa rutilante Mustang, notre héros va retrouver un peu de compagnie lorsqu’on lui livre un chiot s’avérant être le dernier vœu de sa compagne défunte. Un sursis qui va s’avérer de courte durée puisqu’au détour d’une mauvaise rencontre, ce cher John va se faire surprendre chez lui en pleine nuit, et se réveiller avec un sacré mal de crâne, un chiot mort et une voiture portée disparue. Vie de merde.
Bon, il faut préciser que le mec qui lui a mis à l’envers est joué par Alfie Allen, le Theon Greyjoy de Game of Thrones qui s’est visiblement spécialisé dans les rôles de trous du cul. Avec une tête pareille, Keanu aurait pu voir le coup venir mais tout ça est un mal pour un bien.
Car pour notre plus grand bonheur, John est un tueur à gages retraité qui va reprendre du service pour faire comprendre à ses ravisseurs qu’il fallait pas s’en prendre à lui, le tout en collant des balles entre les deux yeux.
On pourra ainsi faire le raccourci « t’as tué mon chien et volé ma caisse alors je te tue », ce qui est tout de même une maigre raison, mais après tout, pourquoi pas ?

On se moque gentiment mais mine de rien, le film prend le temps durant 20 minutes de bien poser la vie de ce type mystérieux et le début de ses emmerdes pour qu’on comprenne un minimum l’avalanche de violence qui va suivre et surtout qu’on ait envie d’y assister.
Sous ses maigres apparences de drame, John Wick ne prétend qu’à une seule chose : renouer avec un certain cinéma d’action disparu de nos grands écrans, dans lequel on règle ses comptes en tirant à tout va avant d’ouvrir la discussion. Pour s’offrir les fusillades et autres joyeusetés dont il rêve, le film à la chouette idée de créer un petit univers dans lequel les tueurs à gages vivent selon certains codes, ce qui nous donnera envie d’en voir plus tant l’ensemble est fait avec un entrain communicatif. A l’image d’un hôtel spécialisé dans ce type de clientèle ou d’une monnaie spéciale sous forme de pièce d’or qui régit l’économie du meurtre, le métrage a l’intelligence de fixer un cadre précis à son intrigue, comme une sorte de microcosme tellement irréel que le reste passe au second plan. Par exemple, on pourrait vite se demander ce que fait la police devant une telle accumulation de cadavres, ce à quoi le film répond sans effort au détour d’une scène très simple et drôle qui plus est.

Car ce que John Wick a bien compris contrairement à d’autres, c’est qu’une bonne série B repose sur un mélange des tons judicieux. Ici, le film se prend suffisamment au sérieux pour qu’on accroche au personnage principal et à sa quête, mais il sait aussi faire preuve d’humour pour faire passer la pilule devant certaines actions over the top et pour rappeler qu’on est là pour s’amuser. Non dépourvu d’une certaine ironie assez jubilatoire tout en évitant le cynisme, le comique assez noir et brutal du film rappelle à sa manière celui d’un Terminator, où l’on jouait sur une violence très froide pour créer des décalages amusants.
Parfois un peu grossier, notamment avec sa musique de boucher composée par Tyler Bates, John Wick ne manque pourtant pas à sa promesse principale consistant à emballer des gunfights nerveux dans lesquels Keanu Reeves défouraille dans tous les sens en visant juste. Amateurs de mises à morts expéditives, de tirs à bout portant et de giclées de sang multiples, vous serez d’autant plus satisfaits que le cadrage des dites scènes s’avère étonnement efficace. La plupart des plans sont assez longs, aérés, et profitent d’une chorégraphie de l’action soignée, où chaque rixe au corps à corps consiste à une suite de prises d’immobilisation pour mieux plomber l’adversaire dès que possible. Inventive, généreuse et parfois bien abrupte, l’action offerte ici remplie haut la main son cahier des charges en se déroulant en plus dans des lieux devenant vite propices à un gros bordel, comme une boite de nuit bondée… Les réalisateurs témoignent d’un talent certain, qu’on verrait bien à la tête du remake américain de The Raid tant ils frôlent l’intensité du film de Gareth Evans par moment.

En clair, ils ont saisi comment faire du cinéma d’exploitation à l’esprit énervé, ce qui se reflète dans un vrai casting de gueules, entre un Keanu Reeves à la silhouette inquiétante et des seconds rôles charismatiques, à l’instar de Willem Dafoe, Ian McShane, Jason Isaacs, Dean Winters ou encore Lance Reddick, bien connu des fans de The Wire. Tout le monde semble ravi de jouer dans un tel film sans prétention, si ce n’est celle d’assurer le divertissement une heure trente durant en mettant un point d’orgue à ce que le spectateur en prenne plein la tronche et se soit bien marré à la sortie. Malgré quelques longueurs dues aux divagations scénaristiques inhérentes à ce genre de film, et donc indispensables, John Wick s’assume pleinement, et a en plus la chance de sortir en salles à l’heure où ce type de production un peu bourrine se voit reléguer à la case DTV. Il n’en faut pas plus pour vous conseiller d’y aller entre amis histoire de vous défouler un bon coup.

 

John Wick – Sortie le 29 octobre 2014
Réalisé par David Leitch, Chad Stahelski
Avec Keanu Reeves, Michael Nyqvist, Alfie Allen
Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire, jusqu’à ce qu’un malfrat sadique nommé Iosef Tarasof remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang, et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Un ancien contact, Aurelio, lui apprend que le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof. La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses.

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1 commentaire

  • par Flo
    Posté dimanche 2 novembre 2014 15 h 38 min 0Likes

    Un très bon film d’action bien nerveux comme je les aime. :)
    La scène dans la discothèque est.. vraiment excellent selon moi. :D

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