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Critique : J’ai Rencontré le Diable

Le film est en salles depuis quelques jours et nous sommes donc un peu en retard quand à la publication de cette critique.

Mais J’ai Rencontré le Diable n’a droit qu’à 11 salles dans toute la France. 11 quand une comédie comme Case Départ en a droit à 400. Et si je vous en parle aujourd’hui, c’est bien parce qu’il mérite qu’on aille remplir les dite onze salles.

Critique.

 

 

J’ai Rencontré le Diable – Sortie le 6 juillet 2011
Réalisé par Kim Jee-woon
Avec Lee Byung-Hun, Choi Min-sik, Oh San-ha
Un agent secret recherche le serial killer qui a tué sa fiancée…

 

Le cinéma coréen ne s’est jamais aussi bien porté. The Chaser, Old Boy, Thirst ou encore Bedevilled sont là pour le démontrer, le 7ème art chez les asiatiques du nord fait preuve d’une vivacité étonnante, chacun de leurs films parvenant à nos portes finissant par faire beaucoup parler de lui. Cet engouement critique et cinéphile pour ces films vient de leur forte identité et de leur radicalité absolu, les coréens n’ayant aucun problème ou scrupule à montrer quoi que ce soit à l’écran, et s’appuyant sur la situation sociale assez spéciale de leur pays pour nous en mettre plein la gueule, au propre comme au figuré.
Parmi les cinéastes dont on parle, il y a Kim Jee-woon, repéré en 2003 grâce à 2 Sœurs, avant de mettre tout le monde d’accord avec A Bittersweet Life pour ensuite s’offrir une récréation complètement déjantée avec Le Bon, la Brute et le Truand, relecture oriental et sous acide du western spaghetti.
Pour les amateurs du cinéma transgressif et sans compromis, Kim Jee-woon remet le couvert aujourd’hui avec J’ai rencontré le diable. Un titre qui donne le ton…

Le diable en question est un conducteur de minibus scolaire, dont le passe temps favori est de ramener une demoiselle seule et sans défense dans son antre pour lui faire passer un très mauvais sale quart d’heure, fatal qui plus est. Ce vieux de la vieille à qui on ne l’a fait plus mène son bout de vie un rien agitée tranquillement, jusqu’au jour où il s’attaque à la mauvaise personne. En réservant sa formule habituelle à ce qui lui semble être une énième jeune femme destinée à finir en chair à pâté, il va en réalité tuer la fiancé d’un agent secret qui va alors tout mettre en œuvre pour lui rendre la monnaie de sa pièce, et ce de manière exponentielle. Comprenez par là que si le vieillard refait une bêtise, le jeune homme lui tombera dessus pour lui exterminer la tronche et le laisser dans un état pitoyable mais vivant, pour recommencer la fois suivante. Commencera alors une chasse à l’heure enragée qui fera un paquet de dégâts sur son passage.
Concrètement, J’ai rencontré le diable n’a pas inventé l’eau chaude.
Le film déroule un schéma connu des amateurs et emploie une logique et une série d’éléments caractéristiques du cinéma coréen, sans en oublier un seul.
Une sorte d’anthologie des thématiques qui préoccupent ces cinéastes et dans laquelle Kim Jee-woon ne manque pas de faire éclabousser l’œuvre par sa maîtrise.

Une maîtrise technique bien évidemment, avec une mise en scène qui sait jouer de la violence avec intelligence et montre juste ce qu’il faut pour dégouter son spectateur sans non plus racoler à tous les étages. Oui, le film est violent et va tordre les boyaux de plus d’un spectateur mais cette démarche frontale et opérée au travers d’un traitement très graphique recroise le scénario du film pour mieux nous questionner sur notre nature voyeuriste. En nous plaçant du point de vue du héros avant de lui voir opérer des actions toutes aussi monstrueuses que celles du tueur, le réalisateur finit par nous mettre dans une position assez délicate vis à vis de cette violence.
Si l’on ne peut que réclamer justice contre ce vieux monstre magnifiquement interprété par Choi Min-Sik, la souffrance extrême et les épreuves par lesquelles il va passer nous renvoi directement à notre position en nous demandant si l’on a réellement envie de voir ces choses et surtout si l’on en tire du plaisir. Ne nous laissant aucun répit durant une heure trente durant, le long métrage va enchaîner les scènes plus puissantes les unes que les autres, enchaînant les uppercuts à notre égard devant des personnages sans pitié et dans un affrontement destructeur.

Une logique scénaristique et thématique si bien déroulée durant une bonne partie du film qu’elle devait forcément se manger les dents à un moment ou à un autre. Jusqu’au-boutiste, Kim Jee-woon va vouloir mener son histoire dans ses derniers retranchements et va malheureusement perdre une demi heure de film à faire du surplace tant les évènements finiront par faire pâle figure face au superbe crescendo passé et seront bien trop prévisibles et étirés durant le ventre mou du film pour que l’intérêt n’opère pas une chute libre rapide. Heureusement pour lui, le cinéaste finira malgré tout à retomber sur ses pattes dans un final nihiliste et à l’image de son œuvre, ce qui n’empêchera pas le spectateur de repartir avec un arrière gout amer, comme si le chef d’œuvre n’était pas passé loin mais s’était révélé peut être un peu trop gourmand pour ne pas faire dans la redite. Tant pis, on en a quand même déjà eu pour notre argent…

Durant une heure et demi, J’ai rencontré le diable fait l’effet d’un énorme coup de genou on-ne-peut-mieux placé. Schéma narratif d’enfer, mise en scène rentre dans le lard et traitement infernal nous scotche sur le siège pour mieux nous en décoller une. C’est sans compter sur le syndrome du film qui ne sait pas se finir à temps et impose en moins de deux un bon bout de gras dont on se serait bien passé pour tout de même conclure de fort belle manière. Ceci dit, ca n’enlève rien à la première heure et demie, qui requiert à elle seule le déplacement en salle pour quiconque à l’estomac et la conscience bien accrochée.

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