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Critique : Into the Inferno

On se souvient avec émotion de son documentaire La Grotte des Rêves Perdus et son incroyable 3D relief.

Aujourd’hui Werner Herzog revient une nouvelle fois au documentaire pour plonger, cette fois, au coeur de trois volcans répartis sur la planète. On aurait aimé le voir sorti en salles mais le réalisateur a manifestement du mal à se faire distribuer. Qu’à cela ne tienne, puisque Into the Inferno est disponible sur Netflix.

LA CRITIQUE

Réalisateur apparu à l’orée des années 1970 avec AGUIRRE, LA COLERE DE DIEU, puis peu à peu rejeté par une intelligentsia critique ne comprenant plus ses choix de carrière après le médiatisé tournage de FITZCARRALDO, Werner Herzog est un des réalisateurs les plus audacieux et éclectiques du cinéma européen ; capable de passer du long-métrage au court-métrage, de la fiction au documentaire (parfois même mélangeant de façon ambiguë les deux) avec une déconcertante aisance, l’homme peut enchaîner un remake du BAD LIEUTENANT d’Abel Ferrara et un documentaire sur la grotte sur la grotte Chauvet dans le sud de la France, ou bien de mettre en boîte des documentaires sur des sujets aussi divers que la peine de mort (le sublime INTO THE ABYSS), les dangers de l’utilisation du téléphone portable pendant la conduite (FROM ONE SECOND TO THE NEXT), ou bien encore sur Timothy Treadwell et ses éxpéditions pour filmer les grizzlis (GRIZZLY MAN) ! Le bougre connaîtra même le bonheur (ou malheur, c’est selon…) de diriger à cinq reprises le sulfureux comédien Klaus Kinski, consacrant même un documentaire sur cette relation entretenue avec le trublion, ENNEMIS INTIMES.

En cette année 2016, après son grand biopic QUEEN OF THE DESERT mettant en scène Nicole Kidman dans le rôle de Gertrude Bell (toujours inédit en France), un documentaire sur les réseaux de l’internet (LO AND BEHOLD), et en attendant la sortie en salles le 7 décembre prochain de son prochain film de fiction SALT AND FIRE, NetFlix nous propose en exclusivité son dernier grand documentaire, INTO THE INFERNO (AU-DELA DE LA FOURNAISE en VF).

Les volcans et leur magma incandescent ne sont pas un sujet nouveau pour Herzog : en effet, ce dernier avait déjà un documentaire en 1976, LA SOUFRIERE, dans lequel la ville de Basse-Terre est évacuée à la suite de phénomènes laissant croire à une possible éruption du volcan La Soufrière ; plus tard, en 2004, le réalisateur alors en tournage de son documentaire ENCOUNTERS AT THE END OF THE WORLD, rencontre et se lie d’amitié avec Clive Oppenheimer, vulcanologue ; ce dernier publie en 2011, un ouvrage, « Eruptions that Shooked the World » qui va servir de base au film de Werner Herzog.

Le long-métrage consiste en une exploration de plusieurs volcans actifs en Indonésie, en Islande, en Ethiopie et en Corée du Nord ; assisté de son équipe et de Oppenheimer qui mène les entrevues avec les différents intervenants, le documentaire nous décrit le rapport qu’entretiennent toutes ces populations vivant à proximité de ces monstres de feu et d’apocalypse qui peuvent entrer en éruption à tout moment.

Une fois de plus, après les grandes réussites que sont VIRUNGA et WINTER ON FIRE (deux autres grands documentaires proposés par le service de streaming américain), NetFlix nous propose une fois en plus, en exclusivité, un superbe film, pétri d’images magnifiques, stupéfiantes ; mais le véritable intérêt du documentaire n’est pas uniquement dans ces superbes séquences de volcans en éruption, mais dans toutes les histoires gravitant autour de ces bombes naturelles. En effet, fasciné comme toujours par les personnages hors du commun, le metteur en scène allemand interviewe un très grand chercheur de fossiles et… un charpentier indonésien ayant entamé la construction d’une église catholique en forme de poulet ; séquences étonnantes, iconoclastes mêmes, qui témoignent une fois de plus de l’originalité du travail documentaire de Werner Herzog.

Comme toujours dans ses nombreux documentaires réalisés depuis les années 1970, Werner Herzog ne cherche pas à noyer le spectateur sous les faits, les chiffres, les statistiques et autres thèses ; juste à montrer avec sa caméra la beauté du monde, à faire ressentir des émotions par les interventions des protagonistes, sans tomber dans le piège du sensationnalisme ou du catastrophisme pour ces populations vivant autour de ces fournaises naturelles ; sa démarche consiste à faire vivre, de part le sujet choisi, une expérience intense, vertigineuse, à prendre aux tripes les spectateurs avec des images tournées, la plupart du temps, dans des conditions difficiles, et illustrées par la narration et la voix si particulière et reconnaissable à la première seconde du réalisateur allemand.

En bref, loin de tomber dans le piège du film sensationnel et préférant proposer une expérience aux confins de la métaphysique, une superbe compilation d’images hypnotiques et de témoignages passionnants, venant d’un réalisateur qui, à l’âge de 74 ans, ne recule devant aucun défi, et continue de construire une incroyable et iconoclaste filmographie dans la galaxie du cinéma mondial.

Into the Inferno, de Werner Herzog – Sortie le 28 octobre 2016 sur Netflix

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