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Critique : Inherent Vice

Les sorties de ce mercredi 4 mars sont marquées par le nouveau film de Neill Blomkamp, Chappie, que vous irez peut-être voir en pensant à un futur Alien.

L’outsider de la semaine s’appelle Paul Thomas Anderson. Le réalisateur de The Master revient avec un nouveau long-métrage et un casting de très haute tenue : Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson, Katherine Waterston, Reese Witherspoon, Benicio Del Toro, Eric Roberts, Martin Short ou encore Jena Malone ont mis leur plus belles tenues de hippies d’époque pour vous.

Reste à savoir si le film, comme son titre, ne contient pas de vice caché.

 

LA CRITIQUE

Remarqué pour avoir confié des patins à roulettes à Heather Graham dans Boogie Nights en 1997, Paul Thomas Anderson continue à faire ce qu’il aime au cinéma de là à passer plusieurs années sur la production d’un film. Après The Master, remarqué pour être sorti sur pellicule 70 mm, le réalisateur revient cette année avec Inherent Vice d’après le bouquin réputé inadaptable de Thomas Pynchon publié en 2009.

Le film raconte l’histoire de « Doc » incarné par Joaquin Phoenix, détective privé dans le Los Angeles de 1970. Un jour il reçoit la visite d’une ex (Katherine Waterston, magnifique) qui a besoin de ses services. Elle a appris que son nouvel amant, un riche magnat de l’immobilier, va être interné par sa femme dans le but qu’elle récupère de l’argent. Doc va donc se lancer dans sa petite enquête

Sur le papier, le pitch a l’air d’être bien simple. Ajoutez y une bonne grosse dose de drogue, présente absolument partout dans l’histoire, que ça soit dans le nez des protagonistes ou dans les coffres de leurs voitures pour comprendre qu’Inherent Vice n’a rien d’un polar comme les autres. Joaquin Phoenix, absolument démentiel dans le rôle, incarne un privé n’hésitant pas à prendre de la poudre, à moitié hippie avec une barbe à la Wolverine et surtout complétement paumé dans un univers où tout le monde semble avoir sniffé un rail. De fait, le bougre passe son temps à être à coté de la plaque, de là à avoir des actions qui ne mèneront finalement à rien.

Habitué des mises en scène soignées, Paul Thomas Anderson ne déroge pas à ses habitudes. Inherent Vice est un très beau film. Les années 70 y sont reconstituées avec le plus grand soin, dans des décors parfaits et avec une très belle photo. Le metteur en scène enchaine les très longues séquences dont il a le secret, tout en dirigeant d’excellents comédiens dont le bien trop rare Martin Short en slip ! Ajoutez à cela une excellente bande-originale très seventies dont, excusez du peu, deux titres de Neil Young et vous ne bouderez pas votre plaisir.

Tout ça aurait pu être très bon (et on se demande ce qu’aurait donné une histoire pareille -avec son potentiel à la Casino- dans les mains d’un Martin Scorsese) mais Paul Thomas Anderson oublie un peu trop facilement le spectateur sur le bas coté de sa route. Avec son récit à tiroirs porté par une voix off sortir de nulle part, on se prend d’abord au jeu pour s’y perdre totalement. Vouloir raconter une histoire complexe, c’est bien. Laisser suffisamment d’indices et de clefs pour mieux comprendre le récit, c’est encore mieux. C’est une certitude : à un point ou à un autre de l’histoire, vous serez paumé dans la multitude de personnages, les récurrences et l’incompréhension du personnage de Phoenix à tel point que vous pourriez vous demander vous-même si vous n’êtes pas sous l’influence d’un quelconque produit illicite. De là à penser que l’utilisation de chansons pas encore sorties en 1970 (Harvest de Neil Young ne sera enregistrée qu’en 1971 et découverte par le public en 72) n’est là que pour nous embrouiller d’avantage, il n’y a qu’un pas.

Que reste-t-il d’Inherent Vice à la fin ? Un film à ambiance, techniquement parfait, porté par des comédiens inspirés. Mais une histoire bien trop alambiquée pour comprendre finalement où Paul Thomas Anderson voulait en venir. Dommage.

 

Inherent Vice – Sortie le 04 mars 2015
Réalisé par Paul Thomas Anderson
Avec Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson
L’ex-petite amie du détective privé Doc Sportello surgit un beau jour, en lui racontant qu’elle est tombée amoureuse d’un promoteur immobilier milliardaire : elle craint que l’épouse de ce dernier et son amant ne conspirent tous les deux pour faire interner le milliardaire… Mais ce n’est pas si simple…
C’est la toute fin des psychédéliques années 60, et la paranoïa règne en maître. Doc sait bien que, tout comme « trip » ou « démentiel », « amour » est l’un de ces mots galvaudés à force d’être utilisés – sauf que celui-là n’attire que les ennuis.

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