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Critique : Et (beaucoup) plus si affinités
Daniel Radcliffe ne se contente pas cette année de montrer son coté le plus sombre devant la caméra d’Alexandre Aja.
Le comédien s’essaye en effet à la comédie romantique avec What If (Et Si, retitré Et (beaucoup) plus si affinités en France) où il joue aux cotés de Zoe Kazan mais aussi d’Adam Driver, dont chaque performance est scrutée depuis qu’il a été embauché pour tourner dans Star Wars Episode VII.
N’arrivant que fin octobre en France, le film a fait les beaux jours des pays anglo-saxons pendant l’été, notamment en Irlande où Arkaron a pu le voir…
Et (beaucoup) plus si affinités (What If) – sortie le 29 octobre 2014
Réalisé par Michael Dowse
Avec Daniel Radcliffe, Zoe Kazan, Adam Driver
Wallace, un jeune homme vivant dans le grenier de sa sœur, se remet péniblement d’une rupture difficile. Lorsqu’il rencontre Chantry, il se retrouve vite tiraillé entre son désir de n’entretenir qu’une relation amicale, et son attraction pour la jeune femme, elle-même en proie aux mêmes questionnements…
Les hommes et les femmes peuvent-ils entretenir une relation purement amicale, sans ambiguïtés émotionnelles ou sexuelles ? C’est la problématique de What If, nouvelle étape dans la carrière de Daniel Radcliffe, qui se dirige une fois de plus vers le film indépendant, loin des plateaux des blockbusters qui ont propulsé sa carrière.
Si cette question n’est pas spécialement originale, c’est également le cas du film dans son ensemble, qui s’évertue à explorer des lieux communs de la comédie sentimentale, en abordant toutefois le sujet avec un regard légèrement mis au goût du jour, plus au fait des tourments qui hantent les jeunes adultes de notre époque. Pour mieux les comprendre, le scénario n’hésite pas à proposer des situations embarrassantes pour les personnages, ou parfois simplement des dialogues farfelus, qui semblent a priori sans queue ni tête des suites d’un malentendu, comme cela arrive de temps en temps à chacun de nous. Nul doute que ces échanges amusants sont tirés de la pièce de théâtre ici adaptée, mais leur vertu première se situe dans leur capacité à réellement humaniser les personnages, les rendant tangibles, confus, et même un peu bizarres parfois.
C’est cette authenticité revigorante qui rend les passages obligés de la comédie romantique moins stériles, et c’est fort heureux, car la structure narrative ne nous épargne aucune des étapes stéréotypées du genre. La distribution partielle de l’action à plusieurs lieux ne fait d’ailleurs que souligner la présence des poncifs les plus éculés, car ils donnent l’occasion aux personnages d’effectuer des actions spontanées qui forcent quelque peu l’évolution du scénario dans une direction tristement prévisible.
Si la structure d’ensemble est usée donc, la fraicheur apportée par les dialogues est renforcée par les acteurs compétents, dont le duo de tête présente un mélange d’influences hipsters/geek et un peu handicapés sociaux, qui se révèlent assez attachants. On apprécie surtout qu’il ne s’agit pas d’acteurs au visage lisse et parfait à la Gosling ou Witherspoon, mais bien de gens banals, qu’on croiserait sans mal dans notre rue. Radcliffe offre ainsi une performance pertinente, sans surjeu ni minimalisme outrancier, tandis que Zoe Kazan se révèle facilement attachante en jeune adulte un peu paumée.
Le mise en scène est principalement illustrative, ne dégageant pas tellement d’ambition formelle qui dépasserait la simple mise en images, mais elle prouve toutefois son efficacité à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il s’agit de souligner le caractère embarrassant d’une situation, en passant de gros plans à des plans d’ensemble, créant ainsi des transitions amusantes au niveau visuel. En outre, le placement des personnages (les uns par rapport aux autres, ou simplement au sein du champ) accompagne également leur évolution dans l’histoire, ce qui tend à renforcer efficacement notre empathie envers eux.
Le réalisateur Micheal Dowse, qui n’a jamais fait plus que des produits consommables et périssables, signe probablement ici son meilleur film, grâce à des acteurs convaincants et un script apte à se jouer gentiment de certains des clichés du genre, sans toutefois s’en détacher assez pour se définir comme autre chose qu’une rom-com un peu meilleure que la moyenne.
Ce dessin fantasmé qui prend vie éphémèrement au cours du film pour y accrocher un ton poétique résonne finalement très bien avec l’œuvre dont il est issu : un plaisir fugace, qui s’effacera sans nul doute au gré des années et du torrent de comédies romantiques qui nous sont proposées chaque année.