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Critique : Don’t Breathe, La Maison des Ténèbres

Nous étions tous curieux de savoir ce qu’allait faire Fede Alvarez après le très bon remake d’Evil Dead. Le voici donc de retour avec Don’t Breathe sous-titré chez nous La Maison des Ténèbres, de peur d’une confusion avec Lights Out sorti fin août et encore exploité.

Au casting, Dylan Minnette le héros de Chair de Poule mais aussi le trop rare Stephen Lang (Avatar) dans le rôle du méchant aveugle…

LA CRITIQUE

Avec son remake d’Evil Dead, Fede Alvarez a surpris son monde en accomplissant ce qui était pourtant considéré comme impossible. Bien sûr, Sam Raimi était à la production et supervisait le film, mais le réalisateur uruguayen prenait ses distances avec l’aspect comique de la licence et son personnage emblématique pour mieux livrer un film d’horreur frontal et jusqu’au boutiste qui se démarquait par sa générosité. Forcément, on espérait vite en voir plus venant du bonhomme pour confirmer les espoirs placés en lui, surtout quand Hollywood le courtise puisque Marvel Studios lui aurait proposé la réalisation de Docteur Strange qu’il a gentiment refusé !
A la place, il a choisi de faire Don’t Breathe, un film d’horreur original ayant explosé le box-office US pour remporter plus de 10 fois sa mise de départ ! Alors, succès mérité ?

L’avantage avec le pitch de Don’t Breathe, c’est la simplicité dont il fait preuve.
3 jeunes adultes vivent de cambriolages dans la région désolée de Detroit aux USA, et décident de s’attaquer à la maison d’un ancien vétéran de guerre vivant seul dans un quartier vide, en plus d’être aveugle. Manque de bol pour les malfrats, en arrivant dans la maison ils vont se rendre vite compte que le bougre n’est pas là pour se laisser faire, pour le plus grand plaisir des spectateurs venus se faire peur. Labellisé d’emblée comme un gros film d’horreur, Don’t Breathe souffre peut-être d’une étiquette assez réductrice et faussée, tant il s’agit d’un home invasion se rapprochant par bien des aspects d’un Panic Room. Et la comparaison avec David Fincher n’est pas fortuite puisque Fede Alvarez va profiter d’un pitch simple et du huit clos pour mieux libérer sa caméra et l’affranchir de ses limites physiques. Lorsque les héros rentrent dans la maison, on a le droit à un plan séquence virtuose qui nous montre l’agencement de la demeure et de ses différentes pièces, tout en indiquant çà et là des objets et éléments qui auront ou pourraient avoir une utilité dans le récit. Une manière claire de délimiter le terrain de jeu et de mettre le spectateur au même niveau que les protagonistes, pour maximiser l’immersion.

Et cette exposition limpide, qui donne aussi un peu de chair aux héros afin de justifier tout ça correctement en évoquant la crise économique, ne sera pas de trop tant le film part vite et fort. La simplicité dont on parlait au-dessus caractérise bien le déroulement de l’intrigue, ce qui est une très bonne chose tant elle est ici synonyme d’efficacité. Le film ne prétend à aucun moment réinventer quoi que ce soit, mais mets un point d’orgue à être au cordeau le plus longtemps possible, ce qu’il fait avec des situations malines et un déroulement logique, où le comportement des personnages face à un problème aussi extrême s’avère plausible. On comprend quand ils sont pétrifiés par la peur, tout comme ils agissent quand il est temps d’agir. Fede Alvarez aime le genre, cela ne fait aucun doute, et il est sûrement conscient des limites qu’on y trouve fréquemment, du moins essai-t-il par une écriture sincère de les détourner. Sans en avoir l’air, il renverse à vrai dire le carcan classique du Home Invasion, qui voit une famille assaillie dans sa maison, en faisant ici des attaquants les victimes de cette histoire, le film tournant rapidement au survival. Cela permet aussi de jouer sur l’attachement et les points de vue, car au début du film, il ne fait aucun doute que le martyr est le vieillard aveugle joué par Stephen Lang, qui n’a rien demandé à personne. La situation va évoluer, et le spectateur pourra éventuellement se perdre à choisir qui est le plus à plaindre dans l’affaire.

Sur sa durée relativement faible (1h28), il est regrettable de voir que le scénario s’éparpille parfois un peu pour meubler. Certains péripéties finissent par devenir prévisibles, et la volonté de préserver le suspense de bout en bout finit par se voir tant le film tire un peu trop sur la corde par instant, tombant dans les pièges qu’il cherche tant à éviter. Cela étant, ça ne l’affecte pas outre mesure tant la réalisation de Fede Alvarez, l’inventivité de ses cadres et la perversité de certains passages où il joue habilement avec nos nerfs finissent par remporter l’adhésion. Don’t Breathe est de la première à la dernière image l’œuvre d’un passionné humble qui ne cherche qu’à bien faire son boulot, à savoir vous coller dans votre siège. Certains n’y verront qu’un exercice de style, toujours est-il que le résultat est réellement incarné par ses personnages, ce qui est suffisamment rare dans le genre pour être noté. Et comme on est face à un cinéaste s’amusant comme un fou à ce petit jeu du chat et de la souris, il est difficile de résister.

Don’t Breath La Maison des Ténèbres, de Fede Alvarez – Sortie le 5 octobre 2016

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