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Critique : Babysitting

Aaah la comédie française récente. Une longue histoire. Entre Michael Youn qui pille allégrement les Jackass et ces comédies avec Frank Dubosc toutes les mêmes…

Heureusement, de temps en temps sortent du lot quelques films réussis qu’on prend plaisir à revoir. On pense instantanément au travail d’Alain Chabat, dont le Marsupilami récent était particulièrement réjouissant mais aussi à quelques auteurs talentueux comme Toledano et Nakache avec Intouchables.

Reste à voir dans quel catégorie boxe Babysitting, le film de Philippe Lacheau et Nicolas Benamou.

 

Si vous êtes des spectateurs de longue date du Grand Journal, vous vous souvenez peut être de la Bande à Fifi, des humoristes qui venaient amuser la galerie lors des premières années de diffusion de l’émission sur Canal +. Si jamais vous ne dormiez plus à force de ne pas savoir où ils étaient passés, cessez de vous tourmentez puisqu’ils bossaient sur un film que voici : Babysitting ! Déjà auréolée d’un prix au festival de l’Alpe d’Huez, cette première expérience cinéma pour ces humoristes rompus à l’exercice TV s’est-elle faite en bonne et due forme ?

Revendiquant clairement la jeunesse et la fraicheur de leur humour, les potes de la Bande à Fifi se sont tout d’abord bien entourés pour ce film dans lequel on croise Gérard Jugnot, la caution bankable qui a sûrement été bien pratique pour financer la chose. Plus intéressant, on peut y voir aussi Vincent Desagnat, fidèle acolyte de Mickaël Youn, mais aussi Alice David, celle là même qui faisait tourner la tête au héros de la série Bref (Canal + n’est jamais loin), et surtout les deux lurons du Palmashow.
Fifi et ses amis ont su s’entourer pour mettre le paquet, et ils ont sécurisés leur projet au maximum puisque Babysitting n’est pas vraiment original dans son concept.
D’un côté, on a un héros qui, le jour de ses 30 ans, se voit contraint de garder le fils insupportable de son boss jusqu’au moment où ses potes débarquent, bien décidés à transformer la superbe demeure en énorme fiesta pour fêter l’anniversaire comme il se doit.
D’un autre, un patron qui rentre le lendemain en catastrophe chez lui dans une maison ruinée, et qui tombe sur un caméscope grâce auquel lui et la police vont pouvoir regarder le déroulement de la soirée qui a été, comme par hasard, entièrement filmé.
Une soirée qui tourne au vinaigre, une maison devenue rave party, le tout enregistré par les soins des participants, ça ne vous rappelle rien ? Et oui, Babysitting est bien la réponse française à Very Bad Trip & Projet X…

En terme de structure narrative et de récit, on ne peut pas dire que les frenchies se sont foulés tant la filiation est grande, bien que complètement assumée aussi, fort heureusement. Et d’un autre côté, elle pèse trop fort sur l’introduction molle du film qui montre clairement que les acteurs n’ont pas étés formés au cinéma (comprenez que ça joue mal) en plus de mettre en place de manière très mécanique les éléments du scénario qui auront une utilité plus tard. On est en terrain connu et on sait que ça va dégénérer donc comme souvent, on attend gentiment jusqu’à ce que ça dégénère. Et quelque part, la filiation avec les américains va encore durer lorsque les choses sérieuses commencent, pour la simple et bonne raison qu’une production comme Babysitting ne peut rivaliser avec les moyens de ses modèles. C’est l’inconvénient de ne pas être à moitié le produit d’MTV, à savoir qu’on fait la fête plus fort de l’autre côté de l’Atlantique, avec plus de bimbos, de drogue, d’alcool et j’en passe.

A vrai dire, Babysitting est tellement balisé qu’il suit la formule habituelle, mais c’était sans compter sur le gamin à garder qui va s’échapper, permettant à nos héros de sortir de la soirée pour partir à l’Aventure. Et là, soudain, on voit enfin qui se cache derrière les auteurs, qui peuvent vraiment se lâcher dans des délires plus inédits et surprenants. Non pas que la partie hors de la maison soit foncièrement originale, mais elle couve le vrai vent de folie de la joyeuse bande, qui fait enfin son truc à elle sans marcher dans les traces d’un mastodonte américain. Course-poursuite loufoque avec les flics, fête foraine forte en émotions ou kartings utilisés comme dans un célèbre jeu vidéo, le second acte de Babysitting réussit à appliquer son délire entre potes en étant suffisamment con-vivial pour qu’on s’y amuse. Rien de bien nouveau, mais on sent que tout ce beau monde s’est appliqué, d’autant que pour une fois, le found footage est correctement fabriqué, sans trop d’aberrations dans son exécution. Même si la dernière partie du film retombe dans les travers de la comédie française familiale balourde avec sa morale assommante, on salut l’effort pour la Bande à Fifi qui s’est donné les moyens de faire un film français à l’Américaine ou l’inverse, sans qu’on ait l’impression de voir une pub pour YouTube ou MTV. Et mine de rien, c’est déjà ça.

Babysitting n’étonnera personne tant sa formule réapplique à la lettre ce qui cartonne en ce moment chez nos amis ricains. Comme c’est fait avec un vrai sens de la fraternité et du dévouement, on excusera un déroulement ultra prévisible et le sentiment de déjà vu qui occupe 2/3 du métrage, le cœur du récit partant suffisamment en sucette pour que le temps passe vite. De la à dire comme certains que le renouveau de la comédie française est là, faut pas exagérer mais en l’état, le résultat a au moins le mérite de ne pas être honteux.

 

Babysitting – Sortie le 16 avril 2014
Réalisé par Philippe Lacheau, Nicolas Benamou
Avec Philippe Lacheau, Alice David, Vincent Desagnat
Faute de baby-sitter pour le week-end, Marc Schaudel confie son fils Remy à Franck, son employé, « un type sérieux » selon lui. Sauf que Franck a 30 ans ce soir et que Rémy est un sale gosse capricieux. Au petit matin, Marc et sa femme Claire sont réveillés par un appel de la police. Rémy et Franck ont disparu ! Au milieu de leur maison saccagée, la police a retrouvé une caméra. Marc et Claire découvrent hallucinés les images tournées pendant la soirée.

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