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Critique : American Pastoral

Pas toujours évident de sortir au cinéma le dernier mercredi de l’année. A-t-on vraiment envie d’aller s’enfermer dans une salle obscure entre les fêtes, et surtout quand il y a tous les films du début du mois à rattraper. Quoiqu’il en soit, certains titres (dont Your Name, dont on reparlera) tentent leur chance.

Le plus courageux d’entre eux est sans aucun doute American Pastoral, puisqu’il s’agit d’un premier film, la première réalisation d’Ewan McGregor.

 

LA CRITIQUE

Pour sa première tentative en tant que réalisateur, Ewan McGregor n’a pas choisi le sujet le plus simple. Le comédien a en effet choisi de porter à l’écran, avec l’aide de John Romano au scénario, Pastorale Américaine le roman de Philip Roth. Le bouquin a valu à son auteur le prix Pulitzer de la fiction en 1998 et il contribua à ce qu’il reçoive des mains du Président Clinton la National Medal of Arts.

Le film s’ouvre à notre époque, sur le personnage de Nathan Zuckerman, sorte d’alter-ego de papier de Roth qui se rend à une réunion d’anciens élèves. Il y apprend que Seymour Levov (Mc Gregor) est décédé et se fait raconter toute l’histoire par son frère, histoire qui commence quand celui qu’on surnomme Swede veut se marier et qu’il va présenter sa future épouse à son père. S’en suit alors ce qui pourrait être qualifié de rêve américain pour celui que tout le monde voit comme un héros : une maison, une famille, la succession familiale… Jusqu’à ce que sa fille, en âge de se rebeller, devienne une militante et fasse exploser un bureau de poste. Le monde de Swede va alors petit à petit s’effondrer.

Il faut reconnaitre à Ewan McGregor un talent pour la mise en scène. La reconstitution des années 60 est minutieuse, les cadres sont beaux et encore plus enjolivés par la photo de Martin Ruhe et la musique d’Alexandre Desplat. Le comédien passe d’ailleurs avec aisance de derrière à devant la caméra pour incarner le personnage créé par Philip Roth, sorte de très gentil garçon qui finit par l’être tellement qu’il a du mal à prendre conscience du monde dans lequel il vit. L’ancien champion de sport Seymour Levov, tout propret et héroïque, va avoir bien du mal à faire face à l’époque dans lequel il vit.

C’est d’autant plus frappant que l’histoire évoque de véritables évènements historiques : les émeutes de Newark en 1967, les protestations contre la Guerre du Vietnam et le début de la révolution sexuelle, montrant que la population américaine voulait sortir des années 60 pour s’offrir plus de liberté. La manière dont sont racontés les dits évènements, la soif de liberté et la montée d’une forme de radicalisme font en plus écho à notre actualité, le sujet choisi par McGregor ne peut donc pas être innocent.

Pourtant le film souffre des défauts habituels des adaptations de gros romans : on veut tout mettre à l’écran, au point de surcharger une intrigue qui n’en avait pas besoin. On se retrouve donc avec un arc narratif maladroitement développé autour du personnage de Jennifer Connely, plus brillante que jamais certes, mais qui aurait pu être coupé au montage tant il est effleuré.
Qui plus est, plus on avance dans l’histoire, plus celle-ci s’enfonce dans le drama familial, se débarrasant assez rapidement de l’aspect historique mis en avant dans la première partie et néanmoins plus intéressant.

American Pastoral n’est pas le grand film qu’il aurait pu l’être, à cause d’un scénario trop dense, qui se perd en route et qui aurait mérité d’être raccourci pour donner du rythme à la narration. Néanmoins, Ewan McGregor fait un boulot de mise en scène intéressant. Alors, à défaut de plonger à corps perdu dans son premier long-métrage, on jettera un oeil curieux à la suite de sa carrière de réalisateur.

American Pastoral, d’Ewan McGregor – Sortie le 28 décembre 2016

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