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Critique : A Bout Portant, de Fred Cavayé

Si vous aimez le polar d’action bien prenant, bien haletant, ce n’est pas de l’autre coté de l’atlantique qu’il faut chercher mais bien en France. Le 1er décembre prochain sortira le meilleur film du genre depuis bien longtemps et sans doute l’une des meilleures productions françaises de 2010 : A Bout Portant. Le film est signé Fred Cavayé, qui avait déjà annoncé la couleur en 2008 dans Pour Elle.
Pour fêter ce marathon de 1h25 « CloneWeb Approved » voici non pas un mais deux avis.

 

A Bout Portant – Sortie le 1er décembre 2010
Réalisé par Fred Cavayé
Avec Gilles Lellouche, Roschdy Zem, Gérard Lanvin
Tout va pour le mieux pour Samuel et Nadia : lui est bientôt infirmier et elle, attend son premier enfant. Mais tout bascule lorsque Nadia se fait kidnapper sous l’oeil impuissant de Samuel. A son réveil, son portable retentit : il a trois heures pour sortir de l’hôpital dans lequel il travaille un homme sous surveillance policière. Le destin de Samuel est désormais lié à celui de Sartet, une figure du banditisme activement recherchée par tous les services de police. S’il veut revoir sa femme vivante, Samuel doit faire vite…

 

À Bout Portant mérite bien son titre.

En nous plongeant dès le départ dans l’action pour ne jamais nous en faire sortir par la suite, le second long-métrage de Fred Cavayé nous garde, nous spectateurs, dans un étau terrible. Impossible presque de respirer durant ces 90 minutes au rythme effréné. On souffre en même temps que Samuel (excellent Gilles Lellouche), cet aide soignant qui doit faire s’évader un dangereux truand (Roschdy Zem, glaçant) de l’hôpital où il travaille. Courses poursuites, chutes, bastons, coups de feu, rien n’est épargné au pauvre bougre qui tient encore debout que par la seule force de son amour pour sa femme, prise en otage par les méchants.

À Bout Portant est un film physique, qu’on se le dise ! Mais loin de livrer un simple marathon exténuant, Fred Cavayé distribue également, à l’aide de son impeccable grammaire cinématographique, une série de coups de poings qui viennent à chaque fois redynamiser, redynamiter l’histoire. Impossible d’en dire plus sans spoiler mais certaines scènes se vivent de façon totalement physique, à l’image de ce moment où… hahaha, on vous laisse le soin de découvrir ces trouvailles par vous même ! Une ponctuation diabolique donc, pour un tempo déjà débridé.

Mais Cavayé et son équipe ne confondent pas vitesse et épilepsie. Oubliez les shakycam vomito-mongoloïdes des faiseurs sans inspiration. Tout le travail de préparation en amont se sent à l’écran, Cavayé a minutieusement préparé ses cadres. Et toute la technique est au diapason (il a fait de nouveau appel à ses excellents collaborateurs Alain Duplantier à la photographie, Benjamin Weil au montage et Klaus Badelt à la musique). Des éclairages superbes, une mise en scène précise, jamais tape à l’œil, qui fait de vrais miracles avec les 7 millions de budget. À aucun moment cela ne fait cheap, une gageure compte tenu des conditions de tournage (dont une spectaculaire course poursuite dans le métro parisien).

Il est fréquent d’adopter une plus grande tolérance critique lorsqu’on en vient à parler de films d’action français. Difficultés de monter de tels projets dans notre pays, ridicule des productions TF1, etc…

Pas besoin avec À Bout Portant, Fred Cavayé fait du vélo sans les petites roues (il fait même des roues arrières sans les mains). Son film enterre toute la production française de films d’action à l’heure actuelle, et une immense partie de ses homologues américains. Oubliez Inception et sa demi molle. Ici il est question d’action mais aussi d’enjeu et de tension. Ici on définit les personnages à travers des scènes qui font avancer l’histoire. Ici on ne se repose pas sur des plages interminables de dialogue : on communique par l’image. Un concentré de nervosité en 90 minutes, mais avant tout de cinéma.

Finalement À Bout Portant est à l’image de son titre : pragmatique. Car à une telle distance, impossible de rater sa cible.

– Basile

Le polar d’action est un genre qui a disparu sur grand écran. Aux USA, tout n’est plus qu’adaptation et les seuls films tâchant de se détacher un peu du lot ne sont pas des polars (Expendables, Machete). En France, le seul à oser le genre était jusqu’à il y a peu Olivier Marchal. Mais depuis 2008, il faut aussi compter sur Fred Cavayé, réalisateur de Pour Elle, qui sort en salles son deuxième long : A Bout Portant.

Comme le réalisateur se plait à lui dire lui-même, A Bout Portant a le rythme de la fin de Pour Elle pendant 1h30. Autant dire qu’on n’a pas le temps de se poser et qu’on sort essoufflés de la salle après avoir vu cette formidable course-poursuite.

Cavayé a de nombreuses qualités dont celle de savoir filmer dynamiquement sans tomber dans l’exagération. La scène du commissariat, pourtant filmée en studio dans un décor et avec un nombre de figurants réduits, semble parfaite. A aucun moment, on ne verra le faible budget du film (évalué à 7 millions d’euros). Qui plus est, certaines scènes sont à couper le souffle.

Il a aussi la qualité d’arriver à rendre ses acteurs et leurs personnages sympathiques. Jusqu’à Pour Elle, je n’appréciais Vincent Lindon. Avant A Bout Portant, je n’aimais pas non plus Gilles Lellouche, jamais convaincu par ses prestations. Il tient sans doute dans ce film son plus beau rôle. Quand à Roschy Zem, il est taillé sur mesure pour le personnage qu’il incarne.
De la même manière, il parviendra en quelques minutes à peine à rendre attachante Nadia, jouée par Elena Anaya, dont le sourire est un véritable rayon de soleil.

Enfin, il a la qualité de savoir s’entourer. Avec Guillaume Lemans pour co-écrire, avec Klaus Badelt -l’élève de Hans Zimmer auteur de la bande originale de Pirates des Caraibes- à la musique mais aussi avec d’excellents monteur et directeur de la photo, Cavayé signe un film techniquement soigné.

Si on lui reprochera un scénario très légèrement moins carré que celui de Pour Elle, à cause de quelques rebondissements paraissant d’abord saugrenus pour être ensuite justifiés, Fred Cavayé signe là un film très très réussi, une des meilleures productions françaises de cette année, du moins celle qu’on vous recommande le plus d’aller voir !

– Marc

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