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Cannes : Valley of Love, Les Cowboys, Macbeth

Le palmarès de cette 68ème édition est tombé depuis une semaine et c’est en région parisienne que ces lignes sur le Festival de Cannes sont écrites.

Le Dheepan de Jacques Audiard a reçu la Palme d’or et aura son papier rien qu’à lui sur CloneWeb pour revenir sur un film qui aura, lui aussi, créé la polémique. C’est loin du soleil, de la Méditerranée et du rythme effréné de l’événement cinématographique que nous revenons sur deux films en compétition et une belle découverte à la Quinzaine des réalisateurs.

 

Valley of Love de Guillaume Nicloux
Sortie le 17 juin 2015

Pour son dixième long-métrage, le réalisateur Guillaume Nicloux nous aura emmené très loin. Accompagnant Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, nous visitons différents coins de la vallée de la mort aux États-Unis. Les deux attendent une apparition surnaturelle de leur fils qui s’est suicidé quelques semaines auparavant et leur a donné des instructions précises à suivre pour le retrouver une dernière fois. En partant de ce pitch surprenant que Nicloux nous embarque dans une ballade morbide entre deux mondes qui se révèlera progressivement lumineuse. Comme notre Gégé, l’ambiance étouffante de Valley of Love nous pèse au départ. Tantôts glacials tantôts véhéments, les échanges entre les deux parents divorcés de longue date cèdent lentement à la nostalgie douce-amère du couple qu’ils formaient avant.

Bien que sa mise en scène est aussi épurée que méticuleusement millimétrée, il ne fait aucun doute que le long-métrage tient surtout grâce à son duo de stars. Isabelle Huppert est tout en sobriété et Nicloux nous rappelle que Gérard Depardieu est un très très grand acteur. Sa présence à l’écran dans ce rôle nous donnera une étrange sensation par rapport à la disparition de son propre fils Guillaume. Le film est plutôt arythmique, errant entre au milieu de ces vastes paysages désertiques ou les étroits corridors d’un motel local. Valley of Love en désarçonnera plus d’un, c’est une évidence, notamment avec sa fin très abrupte qui, si l’on n’a pas su percer le propos du long-métrage, donnera l’impression d’une œuvre sans conclusion.

Avec deux excellentes têtes d’affiches, Guillaume Nicloux sait ménager sa frontière avec le fantastique et nous livre un touchant film sur le deuil, tout en pudeur.

 

Les Cowboys de Thomas Bidegain
Sortie le 25 novembre 2015

Avec un titre aussi anodin qu’obscur, Thomas Bidegain nous a réservé une belle surprise. D’abord scénariste, plus récemment sur les trois derniers long-métrages de Jacques Audiard, Bidegain se lance en 2015 dans la mise en scène avec Les Cowboys. S’ouvrant avec François Damiens qui emmène sa petite famille provinciale à une fête locale célébrant la culture texane et la musique country. La bonne ambiance tourne court quand sa fille aînée disparaît, sans laisser de trace. À l’idée de la fugue se succède celle du kidnapping, puis une autre plus terrible encore et le père se transformera en enquêteur, lancé à sa recherche. Une quête qui s’étendra sur plusieurs années et impliquera, à son tour, le frère de la disparue.

Pour son premier film, Thomas Bidegain se prend pour John Ford. Et il a bien raison ! Dans cette France rurale des années 90, l’ancien scénariste nous fait sa Prisonnière du désert rien que ça) et accomplit un beau drame fort et intimiste avec un casting étonnant. C’est certain que l’on attendait par de découvrir François Damiens dans un rôle aussi poignant, aidé par le jeune Finnegan Oldfield également extraordinaire. Le seul regret aura été ce beau ventre mou aux deux tiers, moment où le film pouvait y déployer à son aise tous les codes du western. Sublimé par une très belle photographie d’Arnaud Potier, Les Cowboys est une mécanique de précision scénaristique qui ne sombre jamais dans le pathos superflu.

Thomas Bidegain est bien une exception qui confirme les règles qu’un scénariste ne fait pas forcément un bon réalisateur et, qu’en France, on ne sait plus faire des films qui proposent du cinéma.

 

Macbeth de Justin Kurzel
Sortie le 4 novembre 2015

Que se passe-t-il quand le réalisateur des Crimes de Snowtown touche à Shakespeare ? Pour adapter à son tour l’une des pièces les plus célèbres du plus grand dramaturge britannique, l’australien Justin Kurzel n’aura pas fait dans la subtilité. Plus souvent par peur de l’inconnu et d’être taxé de révisionnisme vis-à-vis d’une œuvre culte, la plupart des réalisateurs transposant Shakespeare à l’écran préfèrent ne pas toucher au texte original. Ce choix est à double tranchant et il faut avoir la connaissance d’un Kenneth Branagh pour éviter de se fourvoyer complètement. En reprenant le texte théâtral à l’image, sans proposer de délester cette charge par des propositions visuelles audacieuses, empêche son casting de briller.

Ainsi, malgré tout leur talent et leur bonne volonté, Michael Fassbender, Marion Cotillard ou David Thewlis ne parviennent jamais à faire s’envoler un film indigeste. Justin Kurzel ne fait rien pour les aider. Les choix contradictoires de mise en scène empêche au huis-clos paranoïaque qu’est la pièce de fonctionner. L’ouverture sur une bataille, alternant des hurlements et une charge en slow motion, inscrit clairement l’imagerie développée dans la filmographie de Nicolas Winding Refn. On repense à Valhalla Rising face aux effets poussifs et aux filtres grossiers. Or, le film de Refn était parvenu à un étrange équilibre avec un minimalisme rigoriste. Kurzel ne trouve pas ses limites. N’étant guère inventif pour cacher à l’image ses faibles moyens, il rendra logiquement une dernière séquence complètement illisible.

Avec son insipide Macbeth, Kurzel se sera cassé les dents à son tour sur Shakespeare. Savoir qu’un réalisateur aussi peu imaginatif s’occupera de l’adaptation du jeu-vidéo Assassin’s Creed n’est pas du tout rassurant.

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