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Ça ferait un bon film : Rocher Rouge

La dernière fois que j’ai écrit une de ces passionnantes chroniques, j’évoquai un genre largement exploité par la bédée et le cinéma : le western.

Eh bien aujourd’hui, rebelote, avec un autre genre trèèèèès largement entretenu par le cinéma mais qui depuis quelques années se taille de belles parts dans les petits miquets, à savoir, le film d’horreur ! Accrochez vos ceintures les amis, aujourd’hui, je vous parle de Rocher rouge.

 

ROCHER ROUGE
d’Eric Borg et Michael Sanlaville

Le pitch

Du très classique, mais c’est dans les vieux pots…

Une bande de potes, (3 garçons, 3 filles) jeunes diplômés et de bonne famille, s’est offert un séjour-aventure sur une petite île paradisiaque. Ce paradis est néanmoins surnommé « Rocher Rouge », sans doute en référence à l’imposant bloc de pierre ocre qui orne l’endroit mais aussi parce qu’on raconte qu’une créature mystérieuse vivrait sur cette île et qu’elle se nourrirait de têtes humaines.

Les six amis prennent ces légendes à la rigolade mais une fois leur bateau-taxi reparti, des tensions vont apparaître au sein du groupe et laisser peu à peu place à la violence… Serait-ce l’influence de Rocher Rouge ?

Pourquoi c’est bien

Écrit pas Éric Borg et dessiné par Mickaël Sanlaville, cet album est avant tout un superbe exercice de style : transposer sur papier des scènes et des ambiances vues des dizaines de fois au cinéma et y apporter de la nouveauté.

Borg avait dès le départ pensé son scénario pour le cinéma, mais tout le travail ensuite du découpage et des dialogue a été fait pour la bande dessinée. Et en ce qui concerne le dessin, il a fallu faire trois essais avant de trouver le bon « metteur en images ». Et cette attente paye car la narration est excellente, jouant à merveille sur la fameuse « case de fin de double page » qui pousse le lecteur à vouloir tourner la page, ne pouvant résister à connaître la suite de l’histoire. Surtout qu’elle n’est pas avare en rebondissements, parfois un peu tirés par les cheveux, reconnaissons-le, mais tellement jouissifs qu’on se laisse porter.

En dehors de ce très bon travail de découpage, Mickaël Sanlaville est aussi un maître dans le choix des prises de vues les plus osées : plongées, contre-plongées, perspectives déformées, corps étirés, tout est au service du récit, que ce soit pour dynamiser une scène d’action ou pour retranscrire une ambiance hallucinée. On est immergé dans le dessin. Une autre gageure dans ce genre de transposition, c’est qu’un album de bande dessinée, c’est silencieux. Le genre horrifique au cinéma tire souvent sa force de l’effet combiné des images et du son (musique ou effets sonores). Ici, nul besoin de son pour ressentir les tensions, l’oppression qui monte peu à peu et les effets de surprise prennent la forme de grandes cases, saturées de couleurs qui remplacent aisément les effets musicaux.

Si j’ai choisi de mettre en avant cet album c’est avant tout pour rendre hommage à ce dessinateur : il est en effet l’une des trois têtes pensantes de Lastman, brillante réussite éditoriale française avec des faux airs de manga et dont une série animée va bientôt être diffusée sur France 4. Les deux autres têtes étant les surdoués Bastien Vivès et Balak, le jeune Sanlaville, discret de nature, intervient peu dans les interviews et autres reportages consacrés à la série, et pourtant, son apport est considérable, car comme son passé de storyboarder et ses projets en solo le démontrent (Rocher Rouge évoqué ici, mais également Hollywood Jan, Le fléau vert ou Memel), l’homme sait raconter une histoire avec fluidité, mettre en scène de façon spectaculaire lorsque c’est nécessaire et surtout surprendre le lecteur.

Bref, les qualités essentielles pour un bon film d’horreur, euh, pardon pour une bonne BD d’horreur que je vous encourage à feuilleter de ce pas.

Taux d’adaptabilité : 100%. À l’aise. Une adaptation avait d’ailleurs été envisagée mais je pense qu’elle en est toujours au stade de projet.

Forme de l’adaptation : long métrage

Réalisateur/Producteur envisagé : Alexandre Aja

Rocher Rouge, de Michael Sanlaville et Eric Borg
2 tomes parus dans la collection KSTR édités par Casterman

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