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Les Gens de la Culture Geek #1 : Rafik

Nouvelle rubrique sur CloneWeb : Les Gens de la Culture Geek. Le concept est simple (et inspiré par différents sites dont l’excellent Humans of New York) : mettre en lumière des gens, anonymes ou moins anonymes, qui ont été influencé par le cinéma (et la culture geek plus généralement) au point d’avoir fait des choix de carrière ou de vie grâce à ce qu’ils ont lu ou vu, le tout à travers une interview-portrait.

Quel livre, quel film, quelle saga ont marqué le rédacteur en chef d’une émission, un programmateur de festival ou encore une prof en charge d’une association de fans au point d’être là où ils sont aujourd’hui ?

Le premier invité à essuyer les plâtres n’est pas totalement inconnu puisque nous l’avons déjà croisé à différentes reprises et que vous l’entendez chaque semaine dans l’émission BiTS

Passé par Mad Movies, biographe de George Lucas, rédacteur sur Capture Mag et auteur du meilleur blog consacré à Matrix, Rafik Djoumi est rédacteur en chef de l’émission décryptant la culture geek diffusée sur le site web d’Arte, BiTs donc. Il est donc le candidat idéal pour entamer cette nouvelle rubrique qui se veut hors des sentiers de l’actualité et de la promo habituelle et pour nous expliquer quelles sont les oeuvres qui l’ont marquées au point d’être là où il est aujourd’hui.

 

CloneWeb : En matière de culture geek, quel a été ton tout premier choc ?
Rafik : Star Wars. C’est le tout premier film que j’ai vu à mon arrivée en France, à l’hiver 1977 alors que le film avait déjà fait sa vie en salles et aussi mon premier vrai souvenir de salle. Il m’a tout de suite parlé.
J’ai développé avec les films dans les années qui ont suivi un rapport très privilégié. On va dire que je menais une vie où je ne pouvais pas exprimer mes émotions. Le seul endroit où je pouvais déposer la cuirasse, c’était la salle. Je m’y sentais à l’abri puisque seul le film pouvait m’atteindre. J’acceptais donc d’emblée que les films aient tous les effets sur moi : qu’ils me fassent peur, rire, qu’ils m’émerveillent, qu’ils me surprennent… Tout l’affect qu’on peut vivre vis à vis d’un film était le bienvenu. On pense souvent que le critique analyse le film, prend du recul par rapport au film. Je ne me suis jamais reconnu dans cette image-là, j’ai toujours eu un rapport beaucoup plus intime avec le film parce que je n’ai jamais eu peur de ce qu’il pouvait me procurer.

Est-ce que c’est ce choc qui t’a conduit là où tu es maintenant ?
D’une certaine façon oui, même si je n’en ai pas idée au moment où je le découvre. Star Wars a été le premier trauma. Il a été suivi par deux autres que j’ai vu seul à un âge où on ne va pas seul au cinéma. Le premier, c’était 2001 Odyssée de l’Espace que je suis allé voir à l’époque en pensant que c’était un Star Wars-like. J’ai découvert un film auquel je n’ai rien compris mais qui m’a fait vivre une expérience qu’on peut raisonnablement qualifier de l’ordre du religieux. L’impact métaphysique m’a profondément marqué. L’autre, que j’ai découvert au même moment, était Les Aventuriers de l’Arche Perdue. Je pensais alors que les films « tombaient des arbres » pour citer Guillermo del Toro, celui-là m’a donné envie de savoir qui était les gens qui faisaient les films et comment.

Entre ces chocs qui viennent de l’enfance et maintenant, as-tu été marqué par d’autres films ?
Le premier Die Hard d’abord. J’étais un adolescent cinéphile avec tout le coté snob, singeant mon discours sur la critique officiel, bouffant du Tarkovsky et tout ce qu’on peut imaginer. Il y avait donc d’un coté mon cinéma « geek » et de l’autre des films que je voulais voir pour affiner ma cinéphilie. J’étais sur une pente un peu savonneuse et Piège de Cristal m’a rappelé qui j’étais réellement. Ce n’est un film qu’on théorise en soirée. Il a fallu que je me rende à l’évidence que j’étais un fan d’un cinéma de conteur, d’un cinéma bien fait, très technique même si je me suis fait à cette époque-là une culture classique.
Le premier Matrix n’a pas été un moment si charnière. Je l’ai pris pour ce qu’il était à l’époque : un condensé de choses que je connaissais déjà enfin réunies dans un film hollywoodien. Le cinéma asiatique était alors ignoré à Hollywood mais la communauté geek bouffait du Ghost in the Shell, du Tsui Hark…
L’autre choc récent, c’est le Seigneur des Anneaux. Dès 1997-98, j’ai commencé à être obsédé par le tournage. Il n’y avait alors aucun relai presse sur ce film, je me suis donc retrouvé « l’expert » d’autant qu’Internet n’était pas très utilisé. J’avais lu le bouquin, et je pensais étant gamin qu’un film à la hauteur ne serait jamais faisable.

Quelle est la proportion de culture geek dans ta vie quotidienne ?
Du fait de mon métier, elle est forcément énorme mais pas forcément aussi importante qu’on pourrait l’imaginer. Je pense qu’un vrai geek est un boulimique de culture en général, de bouffer tout ce qui lui tombe sous la main. Le meilleur exemple pour illustrer ça, c’est Alan Moore. C’est un geek pas seulement parce qu’il a fait une BD de super héros mais parce qu’il est capable d’expliquer le sens de la vie avec un bouquin de cuisine créole et un ouvrage de philosophie du 4e siècle et en les mêlant à son histoire de super héros. C’est le fait d’aller chercher à tous les rateliers pour donner du sens à ce qu’on fait qui caractérise pour moi cette culture-là.

Si tu devais retenir une saga emblématique pour toi, laquelle serait-ce ?
Ce serait le Seigneur des Anneaux, parce qu’il fonctionne sur les deux supports, aussi bien en livre qu’en film. Il y a dedans une forme de perfection et c’est sans doute ce qui regroupe le plus de mes amours.

Dans le même esprit de te définir à travers la culture geek, quel livre retiendrais-tu ?
Le bouquin qui m’a le plus marqué n’est pas forcément geek. C’est A l’Est d’Eden de Steinbeck. Je l’ai lu vers 13-14 ans sans connaitre le film d’Elia Kazan. Il a provoqué chez moi un nombre incalculable d’images. Il a fait travaillé mon imaginaire comme jamais, à tel point que j’ai fait la gueule en découvrant le film de Kazan beaucoup moins riche que ce que j’avais visualisé.
Après, coté geek-oriented, j’ai eu des chocs avec Tolkien, Lovecraft, Robert Howard mais rien qui ne se place au dessus des autres.

Et coté bande dessiné, tout pays confondu ?
Je suis obligé de répondre Watchmen que j’ai découvert à la fin des années 80 sans être préparé à ce que j’allais lire. La richesse thématique du livre, le fait qu’Alan Moore ait compris le genre de super héros et le rapport avec la sagesse humaine… Je suis un peu comme le personnage d’Elijah Price dans Incassable, je suis persuadé que cette culture, à travers le comic book ou d’autres aspects, est le dépositaire d’une sagesse très ancienne et je ne serais pas étonné qu’Alan Moore le subodore aussi.

Est-ce qu’il a un objet estampillé « culture geek » que tu possèdes encore et qui t’est très personnel ?
J’ai un Game & Watch de Donkey Kong qui ne marche plus, celui avec les deux écrans. C’est une vraie madeleine de Proust qui me rappelle l’ambiance des cours de récréations.

Pour parler un peu d’actualité, est-ce que tu as une attente dans les prochains mois en matière de jeu, de cinéma ou de bande dessinée ?
Évidemment, Mad Max Fury Road de George Miller. Je suis souvent agacé par la geek-nostalgia qui porte aux nues le passé. Ca m’emmerde qu’un réalisateur que j’affectionne revienne à ses vieux amours comme Spielberg sur Indiana Jones qui a tant à nous raconter sur d’autres sujets. Pour Miller, c’est différent parce que lui-même voulait depuis longtemps refaire un Mad Max, il a donc probablement de bonnes raisons de le faire. Et le peu d’images qu’on a pu voir laisse penser qu’il n’est pas là pour se foutre de nous.

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2 Comments

  • par Olivier
    Posté dimanche 29 mars 2015 16 h 06 min 0Likes

    Ca aurait été chouette, un podcast !

  • par Marc
    Posté mardi 31 mars 2015 9 h 41 min 0Likes

    C’est un peu compliqué à mettre en place mais en fonction du succès des prochains, on fera peut être certaines interviews en vidéos.

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